décembre 10, 2024

Le Monde de Marty

De : Denis Bardiau

Avec Michel Serrault, Jonathan Demurger, Camille Japy, Annick Alane

Année : 1999

Pays : France

Genre : Drame, Comédie

Résumé :

Un matin, Martin Sauvier, dix ans, dit Marty, entrouvre la porte de la chambre d’Antoine Berrant, résident permanent du service de gériatrie. Ce septuagénaire paralysé et muet passe le plus clair de son temps à rechercher un passé qu’Alzheimer s’est définitivement approprié. Conservant toute sa lucidité, il nous fait partager ses émotions et ses pensées à travers une voix que nous sommes seuls à entendre. De cette rencontre naitra une amitié peu commune.

Avis :

Réalisateur et dramaturge français, Denis Bardiau a commencé sa carrière dans les années 90. Il se fait remarquer en 1995 grâce à « Peinard« , un court-métrage qu’il coréalise avec Pascal Chaumeil, le futur réalisateur de « L’arnacoeur« . C’est en 2000 qu’il réalise son premier et seul film à ce jour. Depuis, pour retrouver le nom de Denis Bardiau, il faut regarder du côté du théâtre, il est notamment l’auteur de la pièce « Le coach« , dont Olivier Doran fera une adaptation avec Jean-Paul Rouve et Richard Berry.

« Le monde de Marty« , c’est le genre de film sur lequel je suis tombé dessus un peu par hasard. Motivé à grâce à son affiche qui m’intriguait et la présence de Michel Serrault en tête d’affiche ou encore (mais il faut le chercher un peu plus loin) la présence de la talentueuse Anaïs Demoustier alors dans son premier rôle, le film de Denis Bardiau avait bien des arguments pour m’intéresser. Son intrigue avait l’air touchante, l’idée même du film laissait imaginer un joli moment d’émotion. Puis cette intrigue pouvait laisser place à un grand numéro de comédien. Mais de tout cela, il n’en sera rien et l’on va se retrouver littéralement piégé devant un film lourd, tellement, tellement lourd. Un film épuisant, à sens unique, dont on ne va pas comprendre certains des choix faits par son réalisateur. La séance fut donc longue et le générique est arrivé comme une délivrance… C’est dire !

Antoine Berrant est un septuagénaire paralysé et muet, qui se trouve être à l’hôpital pour un début d’Alzheimer. Piégé dans son corps, Antoine s’évade en se parlant à lui-même et commentant tout ce qu’il peut voir. Un jour, Antoine voit arriver dans sa chambre Martin dit Marty, un jeune garçon d’une dizaine d’années qui est malade et qui a bien du mal à occuper ses longues journées, seul à l’hôpital…

Le cinéma français, comme tout cinéma d’ailleurs, est bourré d’œuvres oubliées, que certains cinéphiles s’amusent à sortir de l’ombre, histoire de voir ce que cela peut donner, en fouillant, dans l’espoir de tomber sur un chef-d’œuvre oublié, ou simplement une séance de cinéma qui n’aurait pas la même saveur que les autres. « Le monde de Marty » est un film oublié, et après visionnage, on peut très aisément comprendre pourquoi, tant cette séance de cinéma fut éprouvante et malaisante au possible.

Pourtant, quand on survole « Le monde de Marty« , le film de Denis Bardiau avait des arguments pour convaincre. Son metteur en scène avait choisi un sujet casse-gueule, mais qui bien mené, peut être un sacré moment d’émotion. On y retrouvait Michel Serrault dans un rôle qui s’annonçait très complexe. Puis, et ça c’est plus personnel, c’était un premier film, et j’affectionne tout particulièrement de découvrir des premiers films. Bref, donc ça plus ça, plus ça, « Le monde de Marty » présentait des arguments et après visionnage, il s’est surtout avéré que le film de Denis Bardiau est un véritable calvaire. Un film lourd, qui nous met à l’épreuve. Si l’idée est belle et bonne, c’est bien tout ce qu’elle pourra avoir, car passé sous l’œil de Denis Bardiau, cette dernière est très étrangement employée.

La première chose qui frappe, la première chose qu’on ne comprend pas et qui finit par s’imposer finalement comme le problème du film, c’est l’idée d’avoir rendu le personnage incarné par Michel Serrault muet. Pourquoi ce choix, car ça enlève tout ce qui aurait pu rendre le film intéressant, c’est-à-dire instaurer un dialogue entre le vieil homme et le jeune garçon. Avec cette idée, on se retrouve donc devant un film qui ne va que dans un sens et qui passe à côté de tous ses sujets. Ainsi, on se retrouve avec un garçon qui parle tout seul et s’imagine les réponses à ses questions. Puis, on se retrouve aussi avec un Michel Serrault qui, pour communiquer avec lui-même, ne cesse de communiquer en voix-off et croyez-moi, il parle le personnage d’Antoine, il ne fait que ça ! Ça ne s’arrête pas une minute et surtout, à force, ça nous épuise, au point qu’on finit par fantasmer une minute de silence. Avec cette idée, on se retrouve donc avec deux personnages qui ne communiquent pas et plus le film avance et plus il en devient très ennuyeux, car on attend d’être pris par cette histoire ou ces personnages et jamais, ô grand jamais, cela n’arrive.

Denis Bardiau, avec cette idée, a complétement sabordé son film et l’on ne comprend pas ce qui lui a pris, ni même comment cela a pu passer jusqu’à sa sortie en salle. De plus, ce manque de communication nous entraîne dans un film terriblement malaisant, car à plus d’un instant, la détresse du personnage muet s’entend en voix off et face à lui, tout se veut « cool » et pas grave. Mieux encore, Bardiau essaie tant bien que mal de choisir entre le drame et la comédie et il finit par conjuguer le tout, pensant peut-être que l’ensemble serait chouette, mais ça ne fonctionne pas. Et pire encore, c’est que plus l’intrigue se dévoile et plus l’on est mal à l’aise et l’on a envie de voir arriver le générique au plus vite (et évidemment, dans ces cas-là, les minutes ont tendance à se rallonger…).

S’ajoute à cela une déception du côté des performances d’acteurs, car d’un côté, on trouve un Michel Serrault en détresse qui ne communique rien, et de l’autre, un tout jeune Jonathan Demurger qui tient un personnage assez agaçant à la longue. Un personnage que Bardiau a transformé en caricature de djeun’s quand il parle. Malheureusement, on ne se rattrapera pas sur le duo, puisque celui-ci ne fonctionne pas et l’on ne se raccrochera pas au reste des personnages qui sont insignifiants.

« Le monde de Marty » est donc un beau raté. Longuet, agaçant et surtout très malaisant, Denis Bardiau avait une belle idée de départ et malheureusement pour nous, comme pour lui et ses acteurs, il a coché toutes les cases de ce qu’il ne fallait pas faire. « Le monde de Marty » fut l’unique film de son réalisateur, qui depuis est reparti dans l’écriture, et avec la découverte de cet oublié du cinéma français, on se dit que c’est sûrement mieux ainsi.

Note : 03/20

Par Cinéted

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