avril 19, 2024

Moonspell – Hermitage

Avis :

Fondé en 1989 sous le doux sobriquet de Morbid God, c’est réellement au début des années 90 que Moonspell trouve sa forme définitive sous l’impulsion du chanteur Fernando Ribeiro. Le groupe va alors connaître un succès très rapide, dès le premier album, Wolfheart, sorti en 1995 chez Century Media. Dès lors, difficile de stopper la formation, et ce malgré quelques changements de line-up et une alternance entre un chant en portugais et un chant en anglais. Nous avions laissé le groupe en 2017 avec 1755. Album concept qui racontait le terrible séisme qui a secoué Lisbonne cette année-là, Moonspell faisait étalage de tout son talent et de sa propension pour livrer des mélodies violentes et percutantes. Quatre ans plus tard, les voici de retour avec Hermitage. Album plus doux, moins impactant dans le chant, Moonspell montre sa deuxième facette, cette d’un Gothic Métal plus vénéneux.

L’album commence avec The Greater Good. Dès le début, on sent le changement de ton par rapport au précédent album. L’ambiance prend une place très importante au sein du morceau. Fernando Ribeiro chantonne au démarrage et laisse planer l’espoir d’une explosion à un moment ou à un autre. Cela mettra un peu de temps à arriver, après le joli travail à la batterie de Hugo Ribeiro, nouvelle recrue du groupe. Si on peut trouver le temps long, il reste que la production est impeccable et que The Greater Good est une montée en puissance. Malgré les riffs lancinants, le titre monte petit à petit et le chanteur de se libérer de ses chaînes pour growler bien comme il faut. Alors oui, la différence est bien visible par rapport à 1755, mais cette autre facette n’est pas inintéressante pour autant, au contraire. Grâce à cela, on va découvrir presque un nouveau groupe.

Avec Common Prayers, le groupe propose un titre plus court, plus concis, mais différent du titre précédent. Ici, les riffs sont plus percutants, la mélodie se veut plus moderne avec un arrangement au clavier qui donne un résultat surprenant. Cependant, on ressent comme une dissonance entre le chant et les riffs en entente durant les couplets. On a l’impression que le rythme vocal ne suit pas celui voulu par les grattes et cela crée un drôle d’effet. Mais le refrain reste intéressant et le morceau fait le taf. Presque contrairement au morceau suivant, All or Nothing. Il s’agit ici du titre le plus long, et peut-être celui qui suscite le plus d’ennui. Non pas que ce soit mauvais, mais le morceau est très long à démarrer, l’aspect gothique reste un peu trop en deçà des effets voulus et on se retrouve face à une mélodie qui ne marche pas vraiment.

Reste un refrain efficace qui rendre bien en tête et une volonté de construire quelque chose d’un peu plus complexe qu’à l’accoutumée. Mais cela ne sauve pas vraiment le morceau d’un ennui poli. Comme on peut ressentir cela avec Entitlement, un autre morceau assez doux, qui suinte le gothique par tous les pores, mais qui manque cruellement de percussion, d’impact, d’énergie. Une énergie qui, fort heureusement, on retrouve dans d’autres morceaux de l’album. A titre d’exemple on peut citer Apophthegmata, peut-être le meilleur titre de l’album. S’il démarre de façon assez lente, comme le veut le crédo de cet album, on reste sur une montée en puissance qui démontre tout le talent du groupe. Ici, Moonspell nous tient à la gorge et aux tripes avec un morceau à la fois puissant et sombre, qui mélange très bien les deux facettes de la formation.

On pourrait citer aussi, dans les très bons morceaux, l’instru Solitarian, qui est solide, ou encore Without Rule, qui contient de très bons moments en son sein. En fait, le problème que l’on peut avoir avec cet album, c’est qu’il fait suite à 1755 qui était un très gros morceau. Un album violent, percutant et qui montrait la facette Death/Doom du groupe. Or, avec Hermitage, on a la facette Gothic, la plus calme, la plus sombre, mais aussi la moins virulente au niveau des riffs et du chant. De ce fait, les fans de cette facette seront comblés, mais qui attendaient une galette un peu plus violente seront déçus. Mais difficile de faire la fine bouche sur la production de mastodonte et une cohérence entre l’artwork, le thème de l’album et les compositions.

Au final, Hermitage, le dernier album de Moonspell, est un bon album, on ne peut pas le renier. Relativement sombre, lent et insidieux, cet effort des portugais démontre leur volonté de bousculer les codes et de ne jamais refaire la même sauce. Il en ressort alors un album à double tranchant, qui peut plaire comme il peut gentiment ennuyer. Mais quoi qu’il en soit, on reste sur une production costaude et un album de grande qualité. Nos attentes étaient peut-être juste trop élevées…

  • The Greater Good
  • Common Prayers
  • All or Nothing
  • Hermitage
  • Entitlement
  • Solitarian
  • The Hermit Saints
  • Apophthegmata
  • Without Rule
  • City Quitter (Outro)

Note : 15/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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