mars 29, 2024

Qiu Ju – Une Femme Chinoise

Titre Original : The Story of Qiu Ju

De : Zhang Yimou

Avec Gong Li, Lei Lao Sheng, Ge Zhijun, Liu Pei Qi

Année : 1992

Pays : Chine

Genre : Drame

Résumé :

Qinglai, le mari de Qiu Ju, a été humiliée publiquement par Wang Tang, le chef du village. Ce dernier est prêt à les dédommager mais Qiu Ju refuse l’argent et veut obtenir des excuses. Pour y parvenir elle va se battre contre tous parce qu’à ses yeux l’honneur n’a pas de prix.

Avis :

Réalisateur chinois, Zhang Yimou s’est bâti une très solide filmographie et il s’est imposé comme l’un des réalisateurs asiatiques les plus influents de ces trente dernières années. Mais avant d’être ce réalisateur reconnu et admiré, Zhang Yimou a, comme tous, été un petit réalisateur qui débutait. Commençant à la fin des années 80, Zhang Yimou vient de trouver un premier succès à l’international avec le superbe « Épouses et concubines« , qui a bien fonctionné et surtout qui est reparti du Festival de Venise avec un Lion d’Argent.

Loin des gros films qu’il fait aujourd’hui, le début de carrière de Zhang Yimou était plus intime et le réalisateur fixait son regard sur la Chine et son fonctionnement. Moins d’un an après « Épouses et concubines« , Zhang Yimou était de retour sur les écrans avec « Qiu Ju, une une femme chinoise« , un film engagé et critique, qui regarde son pays et ses institutions avec un œil sévère. Intéressant dans son propos, intéressant de par ce qu’il dit de la Chine du XXe siècle, lorgnant presque du côté du documentaire, tant le ton est réaliste, « Qiu Ju, une femme chinoise » se posera toutefois comme une déception, car si sur le papier, l’idée de Yimou est intéressante, à l’écran, le film peine à nous captiver et ça, c’est vraiment dommage.

Campagne chinoise, Quinglai et Qiu Ju habitent un petit village. Un jour, sur un quiproquo, le chef du village prend très mal des paroles de Quinglai. Pour se faire entendre et respecter, le chef du village frappe et humilie Quinglai. Considérant que son mari n’était pas fautif et comme ce dernier a dû être hospitalisé après l’altercation, la jeune femme décide de tout faire pour que le chef du village s’excuse. Or, ce dernier n’a clairement pas l’intention de le faire. Qiu Ju va alors chercher dans les instances et les magistrats du pays pour que justice soit rendue à son mari.

Le début de carrière de Zhang Yimou est bien différent de celui que le metteur en scène chinois a aujourd’hui. Si aujourd’hui, il fait dans la démesure, à ses débuts, Zhang Yimou était plus dans l’intime, et il avait l’envie de parler de la Chine, de ses traditions (« The Road Home« ), de son fonctionnement (« Pas un de moins« ), ou encore de son évolution, son histoire et sa révolution (« Vivre !« ). « Qiu Ju, une femme chinoise » s’ancre parfaitement dans cette optique. Zhang Yimou plante ici sa caméra au fin fond de la campagne chinoise pour filmer un petit condensé de tout ce qui pouvait intéresser le cinéaste. « Qiu Ju … » est un film très riche et son scénario est là pour l’attester. « Qiu Ju … », c’est aussi bien le combat d’une femme qui réclame justice, que le portrait du fonctionnement de la Chine, ses institutions, sa justice ou encore le fossé qui sépare les villes, modernes et surpeuplées, et les villages de campagne, quasi moyen-âgeux et gérés avec des bouts de ficelles.

Le regard que pose Zhang Yimou sur cette Chine qui évolue d’un côté et reste bloquée de l’autre et franchement intéressant. Puis ce regard est aussi parcouru par son personnage principal qui passe d’un côté et de l’autre mené par une quête de justice, qui avait tout pour être passionnante. Avec ce film, Zhang Yimou nous balade d’un département à l’autre, d’un espoir à l’autre et ce combat qui « aurait dû être simple », se révèle être un véritable parcours du combattant. Presque un chemin de croix, dont le final, même s’il nous laisse sur notre faim, conclura avec sévérité le film de Yimou. En Chine, ce sera tout l’un ou tout l’autre.

Mais voilà, si dans ses thèmes et ses sujets, le film de Zhang Yimou est intéressant, à l’image, « Qiu Ju, une femme chinoise » a du mal à nous embarquer dans sa quête de justice. Très long, parcouru de scènes sans dialogues, assez répétitif dans un sens (ce qui est justifié par l’intrigue, il faut toutefois le dire), tenant un aspect quasi-documentaire, Zhang Yimou s’embourbe dans un film qui n’a pas de rythme et surtout qui traîne en longueur, pour finalement pas « grand-chose ». Voulant un aspect des plus réalistes, voulant suivre son personnage au plus près, « Qiu Ju … » est peuplé de bonnes scènes et de bonnes idées, mais sur son ensemble, on s’ennuie et cette visite de la Chine et de son système devient vite interminable, ce qui est très étrange venant de Zhang Yimou qui vient de signer coup sur coup deux films puissants et admirables, « Ju Dou » et « Épouses et concubines« .

Ce qui manque aussi à ce film, c’est de l’émotion et un attachement à ses personnages, qui sont finalement très plats. Même la fidèle Gong Li a du mal à nous passionner avec ce personnage, qui pourtant a tout pour être diablement intéressant. Or, Zhang Yimou a eu cette idée, étrange, de parcourir son film de personnages mutiques, car au-delà de celui incarné par Gong Li, tous sont dans cette même optique.

Placé entre deux grands films, « Épouses et concubines » et « Vivre !« , « Qiu Ju, une femme chinoise » est donc une déception. Si, sur le papier, le film de Zhang Yimou a tout pour être passionnant, sur l’écran, malgré le fait qu’il soit intéressant dans son film, il n’arrive jamais à nous emporter et l’on s’y ennuie plus qu’autre chose. Ne trouvant pas de rythme, il reste alors ce regard, ennui ou pas, que pose le réalisateur sur la Chine et si son film est une déception, s’il trouve sa place dans les films mineurs du cinéaste, je ne regrette pas de m’y être arrêté, car même un petit Zhang Yimou de cette époque-là vaut son petit coup d’œil.

Note : 07/20

Par Cinéted

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