D’Après une Idée de : Erik Skjoldbjaerg, Jo Nesbo et Karianne Lundi
Avec Veslemoy Morkrid, Ingeborga Dapkunaite, Ragnhild Gudbrandsen, Vegar Hoel
Pays : Norvège, Suède, France
Nombre d’Episodes : 8
Genre : Thriller
Résumé :
Six mois ont passé depuis les derniers événements qui ont marqué le destin de la Norvège.L’occupation russe perdure dans le but de l’obliger à changer sa politique en matière de gestion pétrolière. Dans le pays, les troubles augmentent.
Avis :
Parmi les deux showrunners qui s’occupent de « Occupied« , il y a Erik Skjoldbjaerg qui est un réalisateur qui est notamment connu pour son « Insomnia« , qui est le film original duquel un certain Christopher Nolan en tirera un remake du même titre. Ou encore « Pionner« , un thriller politique qui, s’il nous avait déçu à l’époque, notamment avec toute sa campagne assez mensongère, demeure sur son fond intéressant, tenant même certains côtés qui indéniablement rappelle les thématiques de « Occupied« .
Diffusée en 2015, la première saison de « Occupied » fut une petite merveille d’une intelligence redoutable. À travers un conflit entre la Norvège et la Russie, Erik Skjoldbjaerg et Karianne Lund nous offraient dix épisodes sous pression. Dix épisodes où politique, écologie et possibilité d’une guerre nous tenaient devant notre écran avec suspens et émotion. La série norvégienne avait alors magistralement conclut sa première saison, nous laissant avec l’envie de dévorer sa suite et nous y voilà (un peu tard, c’est vrai). Rabotée de deux épisodes, cette deuxième saison s’avère alors tout aussi intéressante et prenante que sa précédente. Développant ses sujets, assombrissant sans cesse son conflit, tout en élargissant leur terrain de jeu à l’Europe, Erik Skjoldbjaerg et Karianne Lund arrivent aussi à resserrer l’intrigue, avec toujours ce mot d’ordre, offrir une vision à hauteur d’homme d’un conflit qui est bien plus grand.
Six mois ont passé depuis l’appel à la mobilisation lancé par le réseau La Norvège Libre et l’escalade guerrière qui a suivi. Les attentats pleuvent sur Oslo, ce qui maintient une tension permanente. Hans Martin est désormais patron du PST (la sécurité intérieure), et sa mission consiste à retrouver Wenche Arnesen, son ancienne supérieure passée à la clandestinité. Exilé volontaire à Stockholm, Jesper Berg, l’ancien Premier ministre, y retrouve sur l’oreiller son ancienne collaboratrice Anita Rygg, devenue directrice de cabinet de son successeur à la tête du gouvernement. Ce que Rygg ne sait pas, c’est que Jesper, de la capitale suédoise, dirige la résistance et il compte bien mettre les Russes dehors.
Au rayon des séries qui mériteraient bien plus de lumière, aujourd’hui, on s’arrête en Norvège pour aborder leur super série « Occupied« , qui deux ans après une première saison terrible, est de retour sur les petits écrans (Arte, Netflix et sortie DVD et Blu-ray).
Le final de la première saison évoquait clairement une guerre entre la Norvège et la Russie, et cette saison reprend après six mois de conflit ouvert. Beaucoup d’éléments ont changé et les deux showrunners vont s’éloigner de ce qui faisait l’un des centres d’intérêt de la première saison, l’écologie, pour partir sur d’autres terrains, ceux de la politique interne d’un coté et évidemment la résistance de l’autre.
Toujours aussi intelligente et passionnante dans son propos, « Occupied » continue en permanence d’éveiller notre intérêt. Étalée sur huit épisodes, cette nouvelle saison s’aventure sur bien des terrains, continuant sur la lancée de la précédente saison, tout en élargissant énormément ses sujets avec notamment une belle part faite aux réseaux sociaux, avec des actions d’un autre genre, qui peuvent avoir de l’impact. La série développera aussi les renseignements, prenant des allures de thriller sombre avec la traque de terroristes ou du moins ceux considérés comme tel par un gouvernement, mais peut-être pas, par un autre. Les médias sont toujours convoqués, tout comme le regard sur l’occupation par les civils.
Comme c’était le cas avec la première saison, cette saison deux offre une vision plus grande du regard européen sur ce conflit. « Occupied » va poser sa caméra en Suède, en Pologne, en Belgique et en France. Les deux showrunners multiplient les regards comme les tactiques, et autres jeux politiques et oublie tout manichéisme, ce qui rend leur show encore plus fort. D’ailleurs, la politique est passionnante dans la série, car « Occupied » nous offre plusieurs visions d’un même conflit et chaque personnage n’est ni vraiment bon, ni vraiment mauvais, car tout est une question de point de vue. Complexe et sombre, imprévisible, et en même temps assez « convenu », dans le sens où la série s’aventure là où l’on l’imaginait pour certains personnages, Erik Skjoldbjaerg et Karianne Lund tiennent une ligne directrice qui fait que chaque épisode impose son lot de pression, de découvertes, de retournements de situations et de trahisons. D’ailleurs, c’est assez fou et très bien fait, puisqu’on finit par ne faire confiance à personne, tant toutes les possibilités peuvent être mises sur la table.
On appréciera le fait que plusieurs personnages prennent beaucoup d’ampleur, notamment celui d’Anita Rygg, tenue par la merveilleuse Janne Heltberg. Ce personnage offre un regard aussi passionnant qu’agaçant sur les événements. Du côté de son casting, on retrouve avec plaisir et intrigue tous les comédiens qui faisaient l’une des grandes qualités de la série et tous voient leur personnage approfondi. On notera par chauvinisme la présence de Hippolyte Girardot (déjà présent dans la première saison) et de Mehdi Nebbou dans des rôles intéressants, de part leur conflit d’intérêt pour l’un et le retentissement médiatique pour l’autre.
Conflit, politique, regards, nuances, cette saison deux de « Occupied » s’avère être tout aussi excellente. Plus grande en termes de terrain de jeu, sortant bien plus de la Norvège pour montrer la vision du conflit et l’impact que ce dernier a sur l’Union européenne, Erik Skjoldbjaerg et Karianne Lund livrent une excellente série qui fait froid dans le dos, car derrière ces conflits, ces politiques, ces enquêtes, et tous les regards que la série peut avoir, l’idée de conflit à échelle humaine et surtout la crédibilité des intrigues, des propos et des réactions, font de « Occupied » une série troublante de réalisme.
Note : 17/20
Par Cinéted