De : Andrzej Bartkowiak
Avec Dwayne Johnson, Karl Urban, Rosamund Pike, Richard Brake
Année: 2005
Pays: Etats-Unis
Genre: Action, Horreur, Science-Fiction
Résumé :
Une chose terrible est arrivée à la station de recherche scientifique Olduvai, basée sur la planète Mars. Toutes les expériences se sont arrêtées, la communication ne passe plus. Les derniers messages reçus sont pour le moins angoissants. Le niveau 5 de quarantaine est déclaré et les seules personnes auxquelles l’accès est autorisé sont les membres du commando des Rapid Response Tactical Squad (RRTS). Mais sont-ils face à n’importe quel ennemi ?
Les scientifiques de cette station de la planète rouge ont malencontreusement ouvert une porte dans laquelle se sont engouffrées toutes les créatures de l’enfer. Une armée de créatures de cauchemars d’origine inconnue est tapie derrière chaque recoin des innombrables pièces et couloirs de la base, tuant les quelques rares humains encore présents…
Avis :
Les jeux vidéo s’inspirent de plus en plus du cinéma pour fournir des scénarios étoffés et des histoires plus prenantes. Mais depuis des années maintenant, le cinéma tente, en vain, de fournir des adaptations de jeux vidéo de qualité. Malgré tout, échec après échec, certains producteurs essaient encore et toujours de mettre quelques kopeks dans des adaptations avec l’espoir d’attirer des gamers dans les salles obscures. Traînant dans les tuyaux depuis 1995, c’est en 2005 que sort sur nos écrans l’adaptation de Doom par Andrzej Bartkowiak. Un projet casse-gueule tant l’univers du jeu vidéo est sulfureux, gore et avec de bons gros moments craspec. Comment faire dès lors pour construire un film qui reste tout public, ou qui évite soigneusement le Rated-R pour ne pas se faire censurer ? Il suffit de faire appel à Dwayne Johnson.
L’enfer sur Terre
Doom ne pouvait décemment se parer d’un scénario intelligent. Le jeu étant un FPS relativement classique où une brèche s’ouvre sur Mars libérant les créatures de l’enfer, il ne fallait pas faire bien compliqué pour attirer les joueurs. Ainsi donc, on se trouve dès le départ plongé dans une attaque de monstres auprès de scientifiques. Après un générique douteux, on nous présente sommairement une unité d’élite qui se résume à deux leaders, un taré, une jeune recrue et une paire de mercenaires dont on se fout éperdument. Leur but, aller sur cette base martienne et dézinguer les monstres, tout en récupérant des fichiers sensibles. Simple, efficace et assez fidèle au jeu. Les producteurs ont cru bon de rajouter une relation frère/sœur conflictuelle et un bad guy qui se révèle à la fin mais qui ne sert, lui aussi, à rien. Bref, on va vite se rendre compte que le film comporte peu de bons côtés.
Bien évidemment, le premier gros défaut du métrage est son scénario. S’il ne fallait pas s’attendre à quelque chose d’intelligent, on pouvait néanmoins espérer être diverti avec beaucoup d’action. Et le film est avare en séquences d’action. Hormis quelques passages dans des couloirs où l’attente d’une apparition se fait désirer, on n’aura pas grand-chose à se mettre sous la dent. Et c’est bien là tout le problème. Les gunfights sont insipides, les passages un peu nerveux sont vite expédiés et le film ne tient absolument pas ses promesses. Pour preuve, on n’aura même pas quelques combats à mains nues. Et il manque aussi une intensité au métrage. On ne craint jamais vraiment pour les personnages et on va vite deviner qui va vivre et qui va mourir. La faute à des caractérisations trop, ou pas assez, marquées.
Lâchez les veaux
Le deuxième gros problème du film provient de ses personnages. En effet, on va se concentrer sur trois personnages principaux, puis un petit peu sur deux personnages secondaires et les autres ne seront que de la pâture pour les monstres. De ce fait, on va vite découvrir les tenants et les aboutissants de chacun. Si Dwayne Johnson campe un type qui va devenir méchant à cause de son nihilisme, Karl Urban sera le gentil mercenaire qui vient sauver sa sœur et qui cache un lourd secret avec elle. Et comme par hasard, cette frangine est jouée par Rosamund Pike. Un trio d’acteurs gagnant qui démontre bien qui est important dans le film. Mais on va vite se rendre compte que les rivalités entre les trois protagonistes (concours de bites pour Johnson et Urban, et mésentente sur le passé de leurs parents entre Urban et Pike) sont complètement superflues. A aucun moment cela n’a un réel impact sur l’histoire en elle-même. On comble du vide en espérant faire pare-feu face au vidé scénaristique.
Un vide qui concerne aussi les personnages secondaires. Si Richard Brake est toujours aussi effrayant dans la peau d’un mercenaire fou et dangereux, il n’a que peu d’incidence dans le schéma narratif. On peut même dire qu’il ne sert à rien, si ce n’est à faire des blagues vaseuses ou à foutre son pied dans des trous. On aura aussi une jeune recrue qui sera apeurée par ce qui se passe. Mais il reste bien inutile dans toute l’histoire. Pour les autres, on fera face à de la chair à canon remplissant quelques stéréotypes, comme le sérieux ou le black rigolo un peu dragueur sur les bords. Sans oublier l’asiatique ninja qui se fera vite dézinguer. Bref, tout cela respire le mauvais travail et manque cruellement de profondeur. On ne s’attachera jamais à personne, la faute à un manque d’empathie flagrant, même avec le lead cast.
Manque d’inspiration
Outre le scénario aux fraises et les personnages fonctions, Doom oublie aussi d’afficher une mise en scène percutante et des scènes d’action qui tiennent bien la route. La plupart du temps, le film fait référence à Predator ou Alien, avec de longs couloirs, des éclairages bleutés et une tension qui se veut palpable avec des monstres que l’on voit à peine. Malheureusement, cela ne marche pas vraiment, la faute à une mise en scène paresseuse et à une bande originale « métal » qui ne marche absolument pas. Dès que le film s’emballe, on ne comprend plus rien à ce qui se passe à l’écran et les affrontements sont fainéants, sans aucune originalité. Le seul fait d’arme notable est ce fameux passage en vue subjective, la seule bonne idée du film, mais qui, globalement, n’est là que pour faire plaisir aux gamers, histoire de retrouver un peu l’essence du jeu.
Enfin, Doom se veut être, aussi, un film d’horreur. C’est-à-dire un film avec des monstres et des zombies qui se doivent d’être effrayants. Mais ça ne marche jamais. Le coup du mal qui s’insinue en nous et qui touche seulement les personnes malveillantes est à peine esquissé. Tout cela pour donner de la viande fraîche à démonter à coup de mitraillette ou de fusil d’assaut futuriste. Le film n’arrive pas à gérer sa tension, la faute à des personnages dont on se fout éperdument, mais aussi à cause d’une ambiance peu travaillée et d’une gestion calamiteuse des séquences qui se veulent effrayantes. Crapahuter dans des caniveaux sombres et humides ne suffit pas à rendre tout cela angoissant. Bref, on ne pourra que se réjouir de quelques designs intéressants au niveau des monstres, notamment celui coincé dans le mur, mais c’est vraiment peu de chose…
Au final, Doom est bel et bien un bon gros navet. De l’aveu même de Dwayne Johnson, c’est un mauvais film qui ne fait que des mauvais choix. Personnages au rabais, scénario vide, peur absente et bande originale mal exploitée, on nage vraiment en plein film maladroit fait pour les mauvaises raisons. Près de quinze ans plus tard, Doom n’est même pas un plaisir coupable d’actionner bourrin, mais juste un film détestable où un casting bankable s’est complètement perdu. Encore une adaptation vidéoludique ratée…
Note : 05/20
Par AqME