avril 20, 2024

Suspicions

Titre Original : Exposed

De : Declan Dale

Avec Ana De Armas, Keanu Reeves, Mira Sorvino, Christopher McDonald

Année : 2016

Pays : Etats-Unis

Genre : Thriller

Résumé :

Alors qu’un détective privé enquête sur la mort de son partenaire, une jeune femme latino est témoin d’étranges phénomènes.

Avis :

Quand on fait quelques recherches sur le film Suspicions, on va trouver deux réalisateurs différents. Si on se fie à ce qui est marqué à la fin du film, c’est Declan Dale qui est derrière la caméra. Mais cela est un pseudonyme utilisé par Gee Malik Linton. Et si ce dernier a fait cela, ce n’est pas anodin. En effet, dès le départ, le film a connu des divergences entre son réalisateur, qui voulait un drame social autour des actes de cruauté faits aux femmes et aux enfants, et le studio de production qui voulait un thriller autour de Keanu Reeves. Il faut bien capitaliser sur le succès post John Wick. De ce fait, Suspicions est un film malade. Un film hybride qui se cherche constamment et qui a fait les frais d’un montage chaotique. A un tel point que son auteur lui-même renie son bébé, changeant son nom de cinéaste pour ne pas être affilié à cet objet difforme. Et on peut le comprendre.

Visions et Espagnol

 L’histoire du film est divisée en deux parties qui se déroulent en parallèle pour se retrouver sur la fin. Enfin… si on veut. D’un côté, on va suivre l’enquête d’un flic pour retrouver l’assassin de son coéquipier. En remontant les pistes, il va découvrir que son collègue était un ripou et tous ceux qui ont approché de près ou de loin cette affaire sont inexorablement tués. De l’autre côté, on va suivre une jeune mexicaine qui vit à New York dans une grande famille et qui va avoir des visions angéliques, on ne sait pas trop pourquoi. Elle gravite autour de la communauté mexicaine et semble savoir qui a tué le flic en question. Le problème pour celui qui mène l’enquête, c’est que s’il s’approche d’elle, elle risque de se faire tuer et il ne veut pas mettre en danger une innocente. Bref, c’est un beau bordel que voilà, surtout que l’on va vite se rendre compte que les deux histoires ne se croiseront quasiment jamais.

Dès l’écriture du scénario, on sent qu’il y a un problème, que quelque chose cloche. Rien ne va vraiment et on a la sensation de suivre deux films en un seul, qui n’ont rien à voir. Afin de correspondre aux exigences des studios, le réalisateur se lance alors dans un thriller qui piétine méchamment. L’aspect enquête n’avance jamais et sa résolution, à la fin, démontre que cette partie policière/thriller n’aura servi qu’à du remplissage intempestif. Le côté dramatique, avec cette petite mexicaine qui vit dans un ghetto dans une famille aimante, est un peu plus travaillé. On va y voir des problèmes sociaux, des gangs qui ne veulent pas laisser les jeunes se réinsérer et on peut y déceler de nombreuses menaces. Le problème, c’est que cela ne va jamais plus loin que les quelques gros mots et des séquences de vie familiale qui ne servent à rien.

Vide

Comme on a pu le voir précédemment, le film brasse beaucoup de vide et manque de vie. C’est bien simple, on a rien à quoi se raccrocher pour aimer un tant soit peu ce film. L’enquête n’avance jamais, on a l’impression que tout a été fait pour ralentir au maximum le rythme du film afin qu’il tienne dans un format respectable. Mais le pire dans tout ça, outre le fait que les deux histoires n’ont finalement pas grand-chose à voir entre elles, c’est cette sensation étrange de voir un film  mort-né. Il s’agit clairement d’un film qui n’a rien à dire, rien à raconter et qui n’arrive jamais à se placer correctement. De ce fait, c’est un sentiment qui va au-delà de l’ennui que l’on ressent et c’est bien triste. Il y a quelques brèves tentatives de parler des quartiers sensibles, de la volonté de s’en sortir et de ne jamais y parvenir à cause d’un environnement toxique, mais tout cela est noyé dans un marasme palpable.

A un tel point que même les acteurs semblent inertes, voire morts. Keanu Reeves, pourtant si attachant d’habitude, est incroyablement vide et triste dans ce film. Il est amorphe. Son enquête n’avance pas, à l’image de son personnage qui végète entre son bureau, le lit de la femme de son collègue décédé et un New York réduit à deux ruelles. Ana de Armas quant à elle, fait ce qu’elle peut et demeure assez touchante dans ce rôle de femme qui a des visions et ne comprend pas trop ce qui l’entoure. Cependant, son personnage est si insipide qu’elle n’a pas grand-chose à faire à part montrer son joli minois. Pour les personnages secondaires, on gravite dans le mauvais goût, avec cette femme adultère jouée par une Mira Sorvino au bord de la dépression, et un chef de la police qui veut étouffer l’affaire. Bref, c’est naze.

Et au milieu de tout ça, on a droit à des apparitions angéliques et fantomatiques, qui surgissent face à cette pauvre Ana de Armas qui ne comprend rien. Cet ajout fantastique aurait pu être un élément intéressant, glissant le métrage vers une dimension fantastico-horrifique pas déplaisante. Mais non. Le réalisateur n’en fait absolument rien et leur existence même ne trouve que peu d’explications. Le délire autour des faciès ou des costumes de ces personnages est intéressant, mais tout cela ne suffit pas à plonger le spectateur dans un déluge de questions sur les raisons de ces présences. C’est mal foutu, ça n’a que peu d’intérêt et au final, ça ne sert à rien, comme toute l’histoire du film. C’est avec des moments comme celui-ci que l’on voit que le film ne sait pas où il va et tâtonne sur tout ce qu’il entreprend.

Au final, Suspicions est un film malade. C’est un film hybride victime d’un désaccord entre les producteurs et le réalisateur. Oscillant constamment entre thriller, fantastique et drame social, le film ne trouve jamais le bon équilibre et passe plus son temps à attendre que le temps passe qu’à raconter quelque chose. Long, pénible et sans aucun intérêt, même dans son twist final tout pété, Suspicions est une purge immonde dans laquelle on se demande encore ce que sont allés faire Ana de Armas et Keanu Reeves, si ce n’est de se retrouver avec un Knock Knock moyennement sympathique.

Note : 03/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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