Titre Original : Öndög
De : Quanan Wang
Avec Dulamjav Enkhtaivan, Aorigeletu, Norovsambuu Batmunkh, B. Anujin
Année : 2020
Pays : Mongolie
Genre : Comédie, Policier
Résumé :
Le corps d’une femme est retrouvé au milieu de la steppe mongole. Un policier novice est désigné pour monter la garde sur les lieux du crime. Dans cette région sauvage, une jeune bergère, malicieuse et indépendante, vient l’aider à se protéger du froid et des loups. Le lendemain matin, l’enquête suit son cours, la bergère retourne à sa vie libre mais quelque chose aura changé.
Avis :
Réalisateur chinois que je découvre, Quanan Wang a un joli parcours derrière lui. Il débute sa carrière à la fin des années 90 et rencontre le succès en 2007 avec « Le mariage de Tuya« , film pour lequel il remporte l’Ours d’Or au festival de Berlin. Depuis, Quanan Wang s’est fait une jolie réputation et le réalisateur a vite enchaîné les films, jusque « Bai Lu Yuan » en 2011. Depuis, le réalisateur s’est mis en pause. Une pause qui prend fin cette année, après neuf ans d’absence, avec cette « … femme des steppes, le flic et l’œuf« .
Vendu comme un thriller, notamment avec son affiche et son synopsis, et pourtant, il ne va rien en être. Avec l’envie de découvrir le cinéma mongol, avec l’envie de plonger dans la culture mongole, tout en découvrant peut-être une enquête intense et sombre, prenant comme décor les steppes, le nouveau film de Quanan Wang va être une terrible déception, car il va être à mille lieux de tout ceci. Et s’il faut lui laisser un dépaysement assez fou, notamment grâce à ses images somptueuses, « La femme des Steppes, le flic et l’œuf » est un film dont on cherche encore le scénario. Se transformant en une immense frustration, on restera devant un film où il ne se passe absolument rien et au-delà de ça, on reste coincé devant un film dont on essaie péniblement de comprendre ce que le réalisateur a voulu nous raconter et ça, c’est dommage, mais vraiment dommage !
Quelque part dans les Steppes, le corps nu d’une femme est retrouvé. Loin de tout, un jeune policier est alors désigné pour garder le corps le temps que ses collègues aillent chercher des renforts. Pour lui tenir compagnie, ses supérieurs demandent à une bergère du coin de le protéger d’éventuels dangers venant des Steppes, car dans cette région sauvage, le danger vient des prédateurs et notamment des loups, qui cherchent de quoi se nourrir.
Ce jour-là, j’avais envie de partir à la découverte d’autres cultures, d’un autre pays et d’autres paysages, alors je me suis arrêté sur le film de Quanan Wang qui me vendait ceci, en plus de me vendre un thriller, avec meurtre et enquête.
Dans un sens, je dois bien avouer que j’ai eu une partie de ce que je suis venu chercher, c’est-à-dire la découverte et l’évasion dans un autre pays. Ici, la Mongolie est filmée de manière sublime. Quanan Wang magnifie les Steppes à chaque instant de ce film, filmant ces paysages interminables avec le plus grand-angle possible, filmant ces couchers de soleil ou le vide de son désert avec talent. Mais malheureusement, c’est bien tout ce que peut avoir cette « … femme des Steppes, le flic et l’œuf« , car pour le reste, il faudra repasser.
Si le rythme est lent et le film donne dans le contemplatif, s’il est vrai que les personnages ont trois lignes de dialogue, et en plus de ça, ils sont très loin d’être attachants, le principal souci du film de Quanan Wang, c’est son scénario ou du moins l’absence de ce dernier. « La femme des Steppes, le flic et l’œuf » est un film qu’on ne comprend pas vraiment. On ne sait pas de quoi veut nous parler le réalisateur, car si le film peut prétendre à commencer comme un thriller avec bel et bien le corps retrouvé d’une femme, très vite, il oublie carrément son enquête. Et oublier est bien le terme, car le film part sur autre chose, un flic qui dit au revoir à une collègue, une bergère qui essaie de tenir ses troupeaux et qui ne veut pas d’homme dans sa vie. Et ce qui est plus frustrant encore que le fait de ne pas vraiment comprendre de quoi Quanan Wang veut parler, c’est le fait qu’il va faire comme il a fait avec son enquête, c’est-à-dire qu’il commence à aborder un sujet, il entre dans une voie, mais il ne va jamais au bout des choses, et pire encore, le réalisateur laisse traîner son film avec des plans fixes, sans vraiment de dialogues, qu’il étire et étire, et étire, au point d’en déclencher des rires nerveux, tellement que le générique finit par se faire désirer.
« La femme des Steppes, le flic et l’œuf » fut donc un très, très long moment de cinéma. Un moment de cinéma terriblement frustrant, car n’importe lequel des sujets que Quanan Wang effleure aurait pu donner quelque chose de très intéressant. Que ce soit cette possible enquête au cœur des Steppes bercées entre le jaune et le bleu de l’horizon, ou le portrait de cette femme, cette bergère qui essaie de s’en sortir comme elle peut, franchement, il y avait de quoi faire, mais Quanan Wang a choisi autre chose, et comme je le disais plus haut, il a choisi d’effleurer ces sujets et finalement, on se retrouve piégé devant un film qui ne raconte pas grand-chose et qui étire au possible ce pas-grand-chose.
Note : 06/20
Par Cinéted