Avis :
On le dit à chaque fois que l’on chronique un album de Métalcore, mais les puristes n’aiment pas ce genre de musique métal. Certains hurleront au scandale lors du chant clair, d’autres trouveront au contraire que c’est trop gentil malgré des riffs bien lourdingues, bref, allez savoir pourquoi, c’est un genre qui a ses fans, mais qui divise la communauté métal. Pour preuve, l’encyclopédie du métal sur internet, à savoir Encyclopaedia Metallum, ne référence pas les groupes de ce genre, ou très peu, et notamment parce qu’ils ont fait d’autres choses à côté. Habituellement d’origine américaine, le Métalcore est un genre assez jeune et qui fait du gringe à de nombreux jeunes voulant se lancer dans le métal. Il n’est donc pas rare de trouver de jeunes formations derrière ce style, et Far’n’Hate fait partie de ceux-là. Sauf que le groupe n’est pas du tout américain (même s’il à tous les atours d’une formation ricaine) mais espagnol. Originaire de Barcelone, Far’n’Hate se forme à la fin des années 2000 et sort un premier album en 2011. Le succès n’est pas franchement au rendez-vous, le groupe se questionne, sort un EP en 2013 et prend quatre ans pour sortir un second effort qui portera le doux nom de Eternal. Changement de cap, prise de risque, autant dire que le groupe joue un peu son va-tout sur son avenir et même si on a aujourd’hui très peu de nouvelles, cet album était plutôt prometteur.
La prise de risque se ressent dès le départ, car le groupe va prendre à revers toutes les autres formations Métalcore avec un titre uniquement instrumental. The Devil in Me dure peu de temps, mais fait l’effort de mettre en avant le talent des musiciens, tout en gardant une forte identité au genre. Sans jamais se démonter, Far’n’Hate fait une tentative d’introduction et ne se perd jamais, permettant de bien lâcher la machine. Survient alors Always Overcome et le chant puissant qui se permet de lancer les hostilités. Puissant, bruyant, éprouvant même, le morceau fait étalage des capacités du groupe à lâcher la bride et à faire parler la poudre. Les riffs proches du Djent déroulent sans problème et on aura même de la place pour quelques mélodies aériennes en arrière-plan, permettant d’attaquer des refrains plus fédérateurs et qui fonctionnent à merveille. Avec Deceivers qui arrive par la suite, le groupe renoue avec une certaine tradition du Métalcore, c’est-à-dire de gros riffs bien sales, un chant crié surpuissant, un refrain en chant clair et surtout une durée assez courte, à peine trois minutes. Cependant, l’ensemble marche à merveille et force est de constater que c’est de très grande qualité. Il en va de même pour Born in Sin, qui recycle un peu la recette, reste dans un carcan confortable, mais ronronne tranquillement et propose un refrain tout mignon mais qui carbure à plein régime. Relentless va aller plus loin, se permettant même par moment un chant « rapé » et des cris qui ne sont pas sans rappeler Motionless in White avant de se calmer dans un joli petit refrain.
Pour marquer la moitié de l’album et l’entrée dans la seconde moitié, les espagnols reprennent un nouveau risque avec Struggle. Encore une fois, le titre est entièrement instrumental et peut se voir comme une sorte d’interlude. Cependant, rarement un titre n’aura était aussi proche du ressenti. Tout calme mais assez angoissant, pressentant une petite bombe à retardement, on se sent pris à la gorge par ce passage qui fonctionne à plein gaz et démontre encore une fois, si besoin l’en est, que dans le Métalcore, il y a aussi de vrais musicos. Losing Sight va démarrer tout doucement avec des riffs lourds, puissants, mais au service d’un rythme plutôt posé. Cela va augmenter lors des couplets qui frappent fort et se re-calmer avec les refrains en chant clair, qui se veulent touchants et qui carburent bien au sein de la violence inhérente au genre. Horizons sera certainement le titre le plus emblématique du groupe, utilisant tous les ressorts du genre à la gratte et mélangeant au départ les deux types de chants. C’est puissant, dense, et même si on ressentira une faiblesse vocale dans le refrain, cela reste tout de même un gros travail parfaitement exécuté et surtout, bénéficiant d’une production impressionnante pour la taille du groupe. Deep Down sera un titre calibré dans le style, marquant dans son refrain, mais oubliant un peu de finesse dans les couplets, délaissant la mélodie pour partir dans de gros riffs et un chant crié un peu trop omniprésent. Enfin, pour clôturer tout ça, le groupe balance Legacy, un titre synthétique de l’ensemble de l’album, à la puissant et mélodieux.
Au final, Eternal, le dernier album de Far’n’Hate, est une excellente surprise. Les rageux diront encore que le Métalcore est pour les fragiles, mais ici, les espagnols se surpassent et proposent une vraie galette pleine de bonnes surprises. Puissant, gueulard, tapageur mais aussi maîtrisé à la perfection, pour un second album, c’est assez impressionnant et on aimerait avoir plus de nouvelles du groupe…
- The Devil in Me
- Always Overcome
- Deceivers
- Born in Sin
- Relentless
- Struggle
- Losing Sight
- Horizons
- Deep Down
- Legacy
Note : 16/20
Par AqME