avril 25, 2024

365 DNI

De : Barbara Bialowas et Tomasz Mandes

Avec Anna-Maria Sieklucka, Michele Morrone, Magdalena Lamparska, Grazyna Szapolowska

Année : 2020

Pays : Pologne

Genre : Erotique

Résumé :

Massimo est membre de la mafia sicilienne et Laura est directrice des ventes. Cette dernière ne se doute pas de ce qui l’attend lors d’un voyage en Sicile destiné à sauver son couple : Massimo la kidnappe et lui donne 365 jours pour qu’elle tombe amoureuse de lui.

Avis :

La littérature, comme le cinéma, est un genre qui évolue constamment et l’on voit arriver de nouveaux sous-genres de façon régulière. Et si la littérature érotique n’est pas une chose nouvelle (coucou les éditions Harlequin), elle s’est complètement démocratisée, voire même dévergondée, avec l’arrivée de la trilogie 50 Nuances de Grey. Torchon imbuvable écrit sur le web avant d’être plébiscité pour une sortie chez un éditeur qui a senti la poule aux œufs d’or, cela a donné lieu à une palanquée de romans dans le même style, mais dans des univers différents. After, Calendar Girls et consorts en sont autant d’exemples. Mais cette nouvelle littérature va apporter dans son sillon un degré supplémentaire dans le mauvais goût, la Dark Romance. Qu’est-ce que la Dark Romance ? C’est un genre qui est né aux States où en règle générale, une femme se fait kidnapper par un type et cette dernière, après avoir subi divers vices, va tomber amoureuse de son bourreau. En gros, un syndrome de Stockholm avec du cul, et une bonne part de fantasme malsain. Le succès des livres étant tel qu’il a fallu que des producteurs, polonais, fassent le premier pas pour en faire une adaptation, et c’est Netflix qui ouvre le bal avec 365 DNI.

Libre adaptation du premier roman d’une trilogie écrite par Blanka Lipinska (rien à voir avec Street Fighter) et encore non traduite chez nous, 365 DNI raconte l’histoire de Massimo, un chef mafieux sicilien qui va tomber éperdument amoureux de Laura, une polonaise en vacances en Sicile. Il décide alors de la kidnapper et lui laisse 365 jours pour tomber amoureuse de lui. Au bout de ce délai, si elle n’est pas amoureuse, il la laissera partir. Déjà, on peut se rendre compte dès le départ du pitch, qu’il y a un gros souci. A partir de quel moment forcer quelqu’un à aimer avec un kidnapping et des gestes violents (mais on y reviendra) est une bonne idée ? A partir de quel moment est-ce un fantasme pour quelqu’un ? Si ce n’est une paire d’hommes aux comportements malsains ? Pour faire clair, le point de départ du film est profondément mauvais, pas seulement dans sa mise en scène ou le jeu des acteurs (on y reviendra aussi), mais surtout dans son postulat de base.

Un kidnapping, un syndrome de Stockholm, à la rigueur, pourquoi pas. Le problème, c’est que les personnages sont de gros connards, surtout celui de Massimo, macho et homme violent par-dessus le marché, et les réactions des filles sont incompréhensibles. Apologie du vide dans son récit et dans son fond, il y a un vrai cas de conscience à prendre en compte avec ce métrage. C’est-à-dire que dès le départ, on va voir ce Massimo plus ou moins forcer une hôtesse de l’air à lui faire une fellation et à éjaculer dans sa bouche. Est-elle consentante ? Rien n’est moins avec les larmes qui coulent. Ainsi donc, le film installe son personnage comme quelqu’un de violent et de potentiellement violeur sur les bords. D’ailleurs, il le dit à plusieurs reprises, il est un homme violent qui ne sait pas y faire avec les femmes. Pire, le lendemain du kidnapping, il bute une personne devant les yeux de celle qu’il aime, montrant qu’en plus d’être un connard patenté, c’est aussi un tueur. Autant dire que les nanas qui ont ce genre de fantasme ont un gros problème.

Un problème que l’on retrouve dans le personnage de Laura. Sous couvert d’avoir un gros caractère et de tenter de s’échapper une paire de fois au départ, elle semble prendre un malin plaisir à allumer son kidnappeur. Et de profiter de cette situation. En effet, Massimo lui dit qu’il ne la forcera jamais à faire quoi que ce soit (même s’il l’a kidnappé, mais c’est un détail, n’est-ce pas) et de ce fait, elle va jouer avec ce type qu’elle sait pourtant dangereux. Elle l’allume constamment, prenant des douches avec lui, mettant des tenues affriolantes, draguant d’autres types dans la rue ou les boîtes de nuit. Bref, son comportement est complètement à la ramasse. Et bien évidemment, la résolution du truc, le moment où elle tombe amoureuse, arrive comme un cheveu sur la soupe. Elle tombe à l’eau, à cause de lui, il la sauve et finalement, ils baisent comme des tarés dans tous les endroits du bateau sur lequel ils se trouvent. C’est non seulement incohérent, mais en plus de cela, ça met en avant la faiblesse de ce personnage féminin qui se veut fort au départ.

Et les valeurs que véhicule le film sont carrément dégueulasses. D’un côté, on a un homme riche, gangster, psychopathe sur les bords, égoïste et pour qui tout, ou presque, est acquis. S’il n’a pas ce qu’il veut, il force les choses, quitte à être violent. En gros, c’est un gosse tyrannique de huit ans qui tape des poings et des pieds quand il n’a pas ce qu’il veut. Et le film de dire qu’il faut forcer les choses, même en amour, pour les obtenir. Classe. De l’autre côté, on a la femme, passive agressive, qui fait croire qu’elle ne veut pas se laisser faire, mais qui succombe au charme de son kidnappeur, notamment quand celui-ci se fait sucer devant elle par une autre femme, ou quand il fait mime de la violer alors qu’elle est attachée. Elle a peur, mais va continuer de l’allumer le lendemain, jusqu’à tomber amoureuse de lui, parce que bon, faire les magasins et acheter des robes à 2000 dollars, c’est quand même cool. Entre incohérences et réactions lunaires, le film propose un spectacle navrant.

Mais la décadence ne s’arrête pas là. Ce qu’il faut savoir, c’est que cette histoire machiste est écrite par une femme et mise en scène par une autre femme. C’est-à-dire que ce fantasme est mis en image par des nanas qui cautionnent ce genre de relation, et c’est sortir ça en pleine phase de lutte pour les femmes, c’est scandaleux et résonne comme un gros doigt d’honneur à la face du féminisme. Et outre cette décadence nébuleuse, le film n’a vraiment rien pour lui, que ce soit dans le choix des acteurs, dans l’utilisation de la bonde-originale, ou encore dans sa réalisation.

Déjà, le casting est tout pourri. Les comédiens ont été choisis pour leur physique et non pas pour leur talent. Non seulement ça surjoue tout, mais en plus, ça fait l’allumeuse à tire larigot, jusqu’à mimer une éjaculation faciale avec une glace. Ensuite, le film est tellement vide que la BO est utilisée pour combler les trous. Et on aura droit à de nombreuses musiques. Des musiques tendances, électro à gogo, ou doucereuses avec un piano voix histoire d’essayer, vainement, de mettre des émotions là-dedans. Enfin, la mise en scène est catastrophique et prête plus à sourire qu’autre chose. Le plan de drone où la nana se fait prendre devant la fenêtre de son appart est d’une vulgarité sans nom. Et que dire des saturations de couleurs, allant du mauve au rose, nous baignant dans un porno soft du plus mauvais goût.

Au final, 365 DNI est bel et bien la purge annoncée. Dangereux dans les messages véhiculés, complètement à côté de ses pompes sur les réactions des personnages et totalement masochiste dans les volontés des personnages, cette romance érotique polonaise permet presque de voir 50 Nuances de Grey comme un excellent film. Raté de bout en bout, mais aussi insultant pour les femmes, la cerise sur le gâteau est que le film se termine sur un cliffhanger annonçant non pas une, mais deux suites, comme pour les bouquins. On se languit déjà…

Note : 00/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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