avril 19, 2024

Sonic, Le Film – Qui s’y Frotte, s’y Pique

Titre Original : Sonic The Hedgehog

De : Jeff Fowler

Avec James Marsden, Jim Carrey, Tika Sumpter, Neal McDonough

Année: 2020

Pays: Etats-Unis, Japon

Genre: Aventure, Action

Résumé :

L’histoire du hérisson bleu le plus rapide du monde qui arrive sur Terre, sa nouvelle maison. Sonic et son nouveau meilleur ami Tomfont équipe pour sauver la planète du diabolique Dr. Robotnikbien déterminé à régner sur le monde entier.

Avis :

Les fans dans le domaine du cinéma, c’est un peu la lie de l’humanité. On ne va pas se le cacher, les fans sont très pénibles, oubliant à chaque fois les visions d’auteurs qui ne respectent pas forcément leur vision à eux. Le fan cherche à toujours avoir raison, et refuse catégoriquement d’avoir une autre opinion. Le fan, c’est celui qui crache à la gueule de Rian Johnson suite au film Les Derniers Jedi, le seul film de la nouvelle trilogie qui a les couilles d’avoir une direction artistique notable. Le fan, c’est celui qui demande et fait des pétitions pour réécrire la fin d’une série culte parce qu’elle ne lui convient pas. En bref, le fan est tellement aveuglé par sa propre théorie qu’il en oublie qu’il existe une multitude d’embranchements dans les sagas et les séries et qu’il n’est pas détenteur d’une vérité absolue. En l’état, le fan est un casse-couille né qui se frustre très vite, un enfant gâté pourri qui ferait bien de prendre l’air de temps à autre. Sauf que parfois, le fan a raison, et ce fut le cas avec Sonic, Le Film.

C’est en Avril 2019 que la première bande-annonce arrive sur nos écrans d’ordinateur, et très vite, c’est la curée. En quelques minutes, les réseaux sociaux sont saturés de messages de honte envers le design de Sonic, trop humanisé et bien trop éloigné du jeu vidéo. Rétropédalage alors pour les producteurs qui vont être à l’écoute, de peur de se vautrer comme des sacs au box-office. Le budget est revu à la hausse, la date de sortie est repoussée et Sonic va subir une refonte complète. Tout ça pour satisfaire un public qui va se croire tout permis maintenant dès que quelque chose ne va pas lui plaire. Alors si on pouvait donner raison sur cet exemple-là, il serait de bon ton que cela ne se reproduise plus, car le cinéma est là pour nous montrer ce que l’on a besoin et pas ce que l’on veut voir. En l’état donc, que vaut ce Sonic, Le Film qui a tant déclenché de polémiques pour finalement une attente aussi épaisse qu’un timbre-poste ? Et bien pas grand-chose…

Non pas que le film soit mauvais en soi. On savait que le projet aurait le goût d’ail au petit matin, mais pour autant, on pouvait aussi avoir une bonne surprise, notamment pour les gosses. Car ne nous leurrons pas, le film est clairement à destination des enfants et uniquement des enfants. Sonic est donc un extraterrestre qui vit caché sur Terre et s’amuse à épier les humains. Alors qu’il souffre de solitude, il va se mettre en colère et créer un blackout complet dans le Nord-Ouest des Etats-Unis. Les autorités sont sur les dents et envoie alors le Dr. Robotnik enquêter sur cette affaire. En parallèle, le policier Tom Wachowski tombe sur Sonic et se décide à l’aider pour ne pas tomber dans les griffes du terrible Robotnik. Et pour cela, il faut que Sonic récupère ses pièces, égarées sur un building à San Francisco. Le pitch de base ne vend pas du rêve et concrètement, le film non plus. Mais il y a quelques petites choses qui sont assez agréables. Le scénario ne vole pas bien haut, mais si c’est un récit canonique qui va révéler le héros face à une némésis coriace, il comporte son petit lot de bienveillance à destination des enfants.

Le film joue évidemment sur la solitude et le mal que cela peut engendrer si on n’entoure pas quelqu’un avec amour. Sonic souffre en silence et il va vite se rendre compte qu’il ne compte pour personne. Cela va le mettre dans une colère qu’il va pouvoir calmer grâce à un jeune flic qui rêve d’ailleurs et d’une peu plus d’action. La solitude est ce qui regroupe un peu ces deux personnages, Tom se sentant inutile dans cet endroit trop monotone, au sein d’un poste de police trop isolé. Et ce qui est marrant, c’est que c’est la solitude qui a rendu Robotnik complètement à la masse, puisqu’il le dit si bien à plusieurs reprises, que s’il est aussi déshumanisé, c’est depuis sa plus tendre enfance, à prendre des coups et végéter dans son coin. Au-delà de la solitude, il y a évidemment la notion d’amitié et de famille. Sonic va trouver une raison de vivre avec Tom et sa famille et tout cela va lui donner des forces pour combattre son ennemi. Quant à Tom, il va se rendre compte que sa vie est trop attachée à l’endroit et entourée des gens qui l’aiment. Une jolie morale qui montre aux enfants qu’il vaut mieux vivre avec des personnes aimantes proche de nous que dans une grande ville, seul malgré le monde. C’est léger, mais ça reste plutôt bienveillant et c’est important de le souligner, car beaucoup de monde va critiquer ce film pour son aspect balourd et méta grossier, délaissant volontairement le côté familial de l’entreprise.

Mais il faut aussi être honnête et dire que le film est perclus de défauts. Et pas des moindres. Visuellement parlant, on a du mal à croire que c’est Jeff Fowler sur le projet, spécialiste des films d’animation et ayant bossé sur Max et les Maximonstres. C’est plutôt moche, la photographie est morne et il n’y a aucun travail sur les lumières. Sonic ne fait pas tellement vrai et l’incrustation est parfois hésitante, notamment lors des séquences se déroulant à San Francisco. Ce n’est pas parce que le film s’adresse aux enfants qu’il doit forcément être lambda dans son image, sa photographie et son cadre. Et là, ça manque cruellement de personnalité. Mais le plus agaçant dans tout ça reste les références pop qui sont très forcées et qui manquent de finesse. Si on aura droit à des citations comme Men in Black, Speed, The Mask ou encore Fast & Furious, tout cela ne sert vraiment à rien et c’est juste dans l’espoir de faire sourire le pauvre cinéphile qui se serait trompé de salle. Rien de bien méchant, mais ça reste très tape à l’œil et inutile. Tout comme ce délire autour des pets et de se mettre des trucs dans le cul. Ce genre de vanne n’est plus d’actualité et sort du film, prônant une vulgarité scato très déplaisante et bas du front. Les enfants ne sont pas des imbéciles…

Enfin, il va falloir évoquer le casting. James Marsden n’est pas un grand acteur, mais il possède un fort capital sympathie grâce à son sourire carnassier. Il fait ici le minimum syndical, mais au final, il demeure plutôt attachant car son personnage n’a pas une once de méchanceté en lui. On prendra énormément de plaisir à revoir Jim Carrey sur grand écran, car l’acteur se fait bien trop rare. Mais si c’est pour des rôles comme celui-ci, autant s’abstenir. L’acteur cachetonne comme jamais, nous gratifiant de ses mimiques les plus célèbres (allant jusqu’à reprendre son « splendide » de The Mask) et il poussera le vice jusqu’à avoir une scène de danse assez gênante où il semble prendre du plaisir à nous mettre mal à l’aise. Mais le pire du pire du pire, c’est clairement la version française avec la voix de Malik Bentalha. Très clairement, le type s’en bat littéralement les noix. C’est d’une médiocrité rarement atteinte tant il n’y a aucune émotion, aucun rythme, aucune envie de faire vibrer. Sonic a une voix monocorde insupportable et à la longue, c’est très pénible.

Au final, Sonic, Le Film est un film qui souffle le chaud et le froid, même s’il tend plutôt à nous refroidir. Si le fond est louable et que les enfants auront des moments agréables (comme la fameuse scène dans le bar qui reprend les codes de Quicksilver dans X-Men Days of Future Past), pour les adultes amateurs de bon film, il va falloir passer son chemin. A la fois rythmé mais posé sur des rails, moche mais pas désagréable sur le court terme, Sonic,  le Film accumule les tares sans pour autant avoir des arguments solides pour redresser la barre. Bref, un film que vos enfants aimeront sûrement et pour lequel vous n’en aurez rien à foutre…

Note : 10/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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