avril 18, 2024

The Ocean – Phanerozoic I: Palaeozoic

Avis :

Si la France est un peu à la traine niveau métal, ou tout du moins dans sa mise en avant des groupes pratiquant cet art, l’Allemagne est fière d’avoir des groupes qui essayent de faire bouger la scène musicale. Outre les éternels Rammstein, l’autre pays de la bière possède bien des formations qui sont intéressantes et qui traversent les frontières et les époques sans souci. On pense bien évidemment à Scorpions, mais on peut aussi compter sur Kreator, Rage et bien d’autres encore. Dans un domaine plus difficilement accessible, The Ocean fait partie de ces groupes qui suscitent beaucoup d’engouement et qui bénéficient d’une très bonne presse. Collectif au départ, avec plus de quarante musiciens qui ont changé le line-up moult fois, The Ocean est un groupe de Post-Métal Progressif qui ne fait pas dans la dentelle au niveau de ses projets. Sortant constamment des sentiers battus avec des double albums qui se complètent, de longues plages oniriques dépassant les neuf minutes ou encore des paroles qui suscitent la controverse, The Ocean s’est constitué une solide réputation autour de son guitariste et fondateur, Robin Staps. Phanerozoic I : Palaeozoic est le septième album du groupe, qui est lui aussi un concept, avec une suite qui doit voir le jour l’année prochaine et qui s’inspire de l’ère paléolithique pour fournir sept titres puissants, longs et denses, qui ne peuvent laisser indifférent. Car oui, The Ocean continue l’exploration de la musique avec du sens et n’hésite pas à nous bousculer un peu dans la construction de certaines pistes.

Le skeud débute avec une petite introduction sobrement intitulée The Cambrian Explosion. Sorte de mise en bouche discrète, l’album commence surtout avec Cambrian II : Eternal Recurrence. Longue plage qui débute de manière explosive et dense avec des riffs lourds et quelques apports plus éthérés grâce au piano, le morceau va se distinguer par sa propension à s’appuyer sur sa lourdeur pour fournir finalement quelque chose de costaud, de dense, mais qui n’est pas du tout inaccessible. Entre un chant qui oscille parfaitement entre chant crié et chant clair avec quelques chœurs pour adoucir le tout, on est en plein délire mystique d’un groupe qui ne fait pas les choses à moitié et qui maîtrise son sujet à la perfection. Le plus dur avec des titres qui durent aussi longtemps, c’est de ne pas susciter l’ennui et là, tout est fait pour avoir de légères variations au sein même des titres. Et chaque instrument a une place très importante. La ligne de basse de ce titre est par exemple essentielle pour amener un aspect jazzy presque salvateur. Avec Ordovicium : The Glaciation of Gondwana, la formation livre sa prestation la plus courte, un peu plus de quatre minutes, et offre finalement un titre à la fois important dans sa capacité à faire quelque chose de plus conventionnel, mais aussi un morceau qui se rapproche presque d’un métalcore progressif, entre des riffs lourds et une mélodie finalement aérienne. Quoi qu’il en soit, l’ensemble est surtout compact, presque étouffant de puissance.

Le groupe va ensuite proposer Silurian : Age of Sea Scorpions et là, le groupe dégaine l’artillerie lourde. Non pas que le morceau soit d’une brutalité crasse, mais plutôt qu’il arrive à alterner des phases surpuissantes avec des moments aériens tout bonnement incroyables, revenant ensuite à une violence inhérente au genre, tout en lui donnant un aspect presque touchant grâce à une mélodie en second plan très mélancolique. C’est à la fois brut et doux et cela permet ensuite aux musiciens de se lancer dans des solos d’anthologie d’une belle justesse et qui correspondent parfaitement à l’ambiance global de ce titre d’une grande richesse. Une richesse que l’on retrouve encore et toujours dans Devonian Nascent. Démarrant de la plus calme des façons, avec une petite guitare et un chant clair qui frôle gentiment ave la pop, on sent que le morceau ne demande qu’à éclater, avec une batterie qui s’active de temps à autre pour marquer un début d’excitation. Le morceau est à la fois tendre dans son commencement et surpuissant dans son final qui laisse sur le carreau, ayant fait monter la sauce durant tout le morceau. Quant à The Carboniferous Rainforest Collapse, morceau assez court pour le groupe (à peine trois minutes), il s’agit d’un titre purement instrumental, qui renoue avec les débuts du groupe, et qui pourrait ici se voir comme un clin d’œil au passé, ou tout simplement comme une longue introduction à Permian The Great Dying, le dernier titre de l’album. Un long titre qui est à l’image du groupe, complexe, riche et dense, montrant aussi toute la qualité vocale du chanteur, qui arrive à alterner des moments difficiles avec des passages plus lourds et plus criés. Bref, un gros morceau, encore une fois, comme on commence à en avoir l’habitude avec cet album.

Au final, Phanerozoic I : Palaeozoic, le dernier album en date de The Ocean, est une grande réussite. Continuant sur leur lancée d’un Post-Métal Progressif, le groupe fournit des morceaux denses et complexes, mais d’une grande richesse, aussi bien dans les paroles que dans les variations techniques. Pour ce septième effort, qui ouvre donc sur un huitième qui doit sortir en 2020, The Ocean fait parler la poudre tout en gardant en tête des structures torturées et fascinantes. Bref, un gros album dont il serait dommage de passer à côté.

  • The Cambrian Explosion
  • Cambrian II : Eternal Recurrence
  • Ordovicium : The Glaciation of Gondwana
  • Silurian : Age of Sea Scorpions
  • Devonian Nascent
  • The Carboniferous Rainforest Collapse
  • Permian The Great Dying

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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