avril 26, 2024

Waiting for the Barbarians

De : Ciro Guerra

Avec Johnny Depp, Mark Rylance, Robert Pattinson, Greta Scacchi

Année : 2019

Pays : Etats-Unis, Italie

Genre : Historique

Résumé :

La prise de conscience d’un magistrat d’une petite ville coloniale après avoir été témoin des mauvais traitements subis par les prisonniers de guerre.

Avis :

Réalisateur colombien, Ciro Guerra est l’un des plus beaux espoirs du cinéma venu d’Amérique Latine. À trente-huit ans, le réalisateur a déjà une belle filmographie à son actif. Tournant son premier film en 2004, Ciro Guerra n’a cessé depuis de s’agrandir et de se révéler, notamment grâce à « L’étreinte du serpent » qui lui vaut une renommée mondiale. Après le mafieux « Les oiseaux de passage » déjà sorti en 2019, Ciro Guerra revient avec « Waiting for the barbarians » qui est son premier film en langue anglaise et tenu par des stars de très haut vol, Johnny Depp, Mark Rylance et Robert Pattinson. Rien que ça.

Magnifique visuellement parlant, tenu par des comédiens phénoménaux, explorant des sujets universaux, « Waiting for the barbarians » demeure toutefois une légère déception, dans le sens où Ciro Guerra a tendance à étirer son film sur la longueur, notamment à cause d’une mise en scène, certes très belle, mais qui traîne aussi de la patte. Mais bon, sur l’ensemble, le nouveau Ciro Guerra est vraiment bon et intéressant, et même au-delà de ça, quand on associe les deux, on peut même parler d’une jolie petite claque.

Quelque part en Mongolie, alors que les Britanniques ont colonisé une partie du pays, près d’une frontière se trouve un fort gardé par un Magistrat. Alors que tout de passe bien dans sa « ville », ce dernier reçoit la visite du colonel Joll. Le colonel Joll est là pour un interrogatoire, puisque deux barbares, comme la population aime les appeler, auraient commis des vols de bétails. Très vite, les méthodes radicales du colonel Joll se heurtent indirectement aux convictions du Magistrat…

À peine « Les oiseaux de passage » sorti que revoici Ciro Guerra, et le réalisateur nous revient avec un film très ambitieux. Ambitieux dans son intrigue, ambitieux dans son image, ambitieux dans ses sujets. Bon, autant qu’on se le dise d’emblée, « Waiting for the barbarians » n’est pas un drame qui est facile, et dans un sens, le réalisateur peut se fermer à une partie du public. « Waiting for the barbarians » est un film qui s’aventure sur des sentiers qu’on n’a pas l’habitude d’emprunter. C’est un film qui choisit de nous raconter son intrigue avec une extrême lenteur, ce qui fait que même si l’on est pris dans son ambiance et par ce qu’il nous raconte, l’heure quarante-cinq minutes que dure le métrage se fait sentir et il ne serait pas étonnant que le film perde des spectateurs de par ce choix. Mais ce choix n’en fait pas pour autant un mauvais film, c’est même tout le contraire, et si l’on arrive à passer outre ce côté contemplatif et parfois sans dialogue, alors le nouveau Ciro Guerra est une petite merveille qui va se révéler être passionnante de son premier à son dernier plan.

La première chose qui marque dans le film de Ciro Guerra, c’est son esthétisme. Visuellement parlant, le film est une claque de tous les instants. Ciro Guerra a tout fait pour que « Waiting for the barbarians » soit magnifique à regarder. Les plans sont de toute beauté, ce sont de véritables tableaux animés. Certaines séquences sont aussi merveilleuses et belles qu’elles sont marquantes. La photographie, on en parlera même pas, tant là encore, c’est beau. La reconstitution et les costumes respirent le travail fait en amont. On ajoutera à cela une BO sublime qui souligne à merveille tout ce qui se passe à l’intérieur du métrage. Bref, tout ici est esthétisé pour livrer un très beau film.

Et cette esthétique est mise au service d’une intrigue des plus intéressantes. « Waiting for the barbarians » n’est pas un film simple et facile, là encore, c’est tout son contraire. « Waiting for the barbarians » est un film dur, profond et surtout, c’est un film qui livre une analyse très intéressante de l’être humain. Loin de tout, dans un fort, on peut dire dans un sens que se joue l’histoire du monde. « Waiting for the barbarians« , c’est un film qui parle avant de tout de tolérance, de la peur de l’autre et de l’inconnu. Le film parle aussi de la bêtise humaine et de pouvoir, de sentiment de supériorité. Beaucoup de scènes résonnent après la séance, parce que Ciro Guerra s’aventure dans ses sujets et il n’y va pas par quatre chemins. Comme je le disais plus haut, si le rythme est bien trop lent, Ciro Guerra arrive cependant à toujours offrir quelque chose d’intéressant, quelque chose qui fait sens, ce qui n’est pas donné à tous les réalisateurs quand un récit s’aventure dans quelque chose de lent, qui s’étire.

Enfin, Ciro Guerra a réuni un très beau casting pour son film et le dit casting trouve de très bons rôles, notamment Mark Rylance et Johnny Depp qui sont tout deux opposés et en même temps pas tant que ça. Tous les deux trouvent des rôles assez troubles, assez flous, et c’est ce qui les rend encore plus fascinants. On ajoutera à ce casting les présences remarquées de Robert Pattinson, Greta Scacchi, Harry Melling, ou encore Sam Reid.

Beau, puissant, intelligent, très intéressant, bien plus profond qu’on ne l’attendait, le nouveau film du colombien Ciro Guerra est un petit bijou. Un bijou certes quelque peu terni par le choix de poser une mise en scène qui prend bien trop son temps, mais bon, si l’on arrive à passer outre et face aux qualités indéniables que le film peut avoir, finalement, c’est bien peu et surtout l’intérêt et les émotions sont là. Dans l’espoir maintenant d’une sortie en salle, car le spectacle mérite le détour.

Note : 15/20

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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