
De : Riccardo Paoletti
Avec Daisy Keeping, David Brandon, Joy Tanner, Stefano Patti
Année: 2013
Pays: Italie
Genre: Horreur
Résumé:
Une jeune femme rejoint son père médecin en Toscane pour un mois de vacances. Alors que tout semble aller pour le mieux, son père, amateur d’archéologie, lui explique que des étrusques avaient habité la région et prêtaient des pouvoirs au lac avoisinant. C’est alors que des choses étranges font leurs apparitions.
Avis :
Dans les années 70 et 80, le cinéma d’horreur italien était en plein essor. Avec des réalisateurs cultes comme Mario Bava, Lucio Fulci ou encore Dario Argento, l’épouvante ritale se portait bien et s’exportait très bien. D’ailleurs, ces trois réalisateurs (pour ne citer qu’eux parce qu’on aurait pu y rajouter Ruggero Deodato par exemple) sont devenus des icônes de l’horreur cinématographique, à un tel point qu’aujourd’hui, leurs films ressortent dans des restaurations sublimes et des collections de toute beauté. Malheureusement, durant les années 90, ce cinéma est tombé complètement en désuétude. Est-ce à cause des mauvais films coup sur coup d’Argento ? Est-ce à cause d’une réponse américaine tonitruante et très envahissante ? Les questions restent en suspens, mais quoi qu’il en soit, le cinéma d’horreur italien est maintenant inexistant. D’ailleurs, pour voir des films d’horreur venus de ce pays, il faut se farcir des festivals, ou alors tomber par hasard dessus sur Netflix. Ce qui est le cas avec Neverlake, qui vient d’être supprimé des grilles de programmation de la plateforme de streaming.

Datant de 2013, Neverlake raconte l’histoire d’une jeune femme faisant ses études à New-York et qui rejoint son père en Toscane pour passer un mois de vacances avec lui. Médecin passionné d’archéologie, il habite près d’un lac dont les étrusques vantaient les pouvoirs magiques. C’est alors que des évènements bizarres vont se produire et la jeune femme va être en proie à des hallucinations et va se lier d’amitié avec six enfants étranges, vivant dans un hôpital tout pourri à côté de chez son père. Bien évidemment, on se doute bien de la nature de ces enfants et le film va tenter de faire durer le suspense un peu trop longtemps. Et c’est bien là tout le problème du film, qui essaye de faire passer des vessies pour des lanternes et qui va peiner tout du long pour instaurer une ambiance malsaine et ésotérique. Mais déjà, commençons par le rythme même du film, qui semble durer trois plombes alors qu’il fait à peine 80 minutes. C’est lent, c’est mou du genou, il ne se passe pas grand-chose et le scénario s’embourbe dans une multitude de fausses pistes qui ne prennent jamais.
Il y a un énorme défaut d’écriture dans ce film. En premier lieu, on pense immédiatement au film de malédiction, avec un lac étrange, une sorte de monstre venant des profondeurs, une légende sur les étrusques prêtant des vertus à ce lac. Bref, on nage en plein délire ésotérique et historique et le film explore différentes pistes pour montrer la folie grandissante de la jeune femme. Mais très rapidement, le film choisit d’aller vers le fantôme, ou tout du moins, vers une sorte de délire fantasmagorique avec des enfants handicapés. On ne se doutera pas très longtemps de leur vraie nature, qui nous sera dévoilée à la fin du métrage, et globalement, le twist final sera d’un ridicule phénoménal. Le film va aussi rapidement partir vers une sorte de slasher à deux balles dans des couloirs redondants où la nature du père est révélée, ainsi que celle de cette femme étrange et caractérielle qui vit aux côtés de l’homme. Là encore, un autre twist va révéler les vraies natures, mais que l’on aura deviné bien à l’avance. Et c’est là tout le côté mal foutu de ce film, qui veut bouffer à tous les râteliers, mais qui n’arrive jamais à tenir son suspens ou son mystère. Tout se devine à l’avance et c’est assez frustrant.
C’est d’autant plus frustrant qu’il y a des oublis et des moments complètement à côté de la plaque. On notera par exemple la première visite dans l’hospice avec les gosses. Non seulement c’est lugubre, mais on y voit deux personnes prenant une pause cigarette en tenue d’infirmier, mais que l’on ne reverra jamais et qui n’ont donc aucune raison d’exister à partir du moment où le twist est révélé. Les incohérences sont nombreuses et les réactions des personnages sont stupides. La jeune femme ne prend pas peur devant cette petite assemblée d’enfants tenant plus du freak que du gentil bambin, tout comme elle ne sera guère effrayée par la nature même de leur lieu de vie, un hôpital délabré sans aucune assistance médicale. On peut comprendre que le réalisateur ait voulu mettre en place une ambiance glauque et un peu malsaine, mais cela ne colle pas vraiment avec le fond et la réalité qu’il veut instaurer. D’autant plus que tous les personnages manquent de consistance. Hormis le fait qu’elle étudie à New-York et que sa mère est morte, on ne saura rien de la vie de l’héroïne et on n’aura aucune empathie pour elle. Elle est simplement là et ne possède vraiment aucun bagage. Ce sera d’ailleurs le cas de tous les protagonistes de l’histoire.
Et en parlant de vide, c’est aussi le cas de la réalisation, qui est foutraque au possible et qui n’arrive pas à créer un semblant d’ambiance. D’entrée de jeu, on sent le manque de budget, mais aussi et surtout un énorme manque d’implication. Il n’y a aucune volonté de faire de jolis plans ou tout simplement des plans cinématographiques. Riccardo Paoletti, dont c’est le premier film, ne semble pas très concerné par les atours à mettre autour de son film pour lui donner une identité propre et une atmosphère un peu glauque. Le film s’égare dans une mise en scène plate, classique, sans génie, avec des jump scares tout pétés et un final qui se veut un peu gore, mais qui prête plus à sourire qu’autre chose. Ajoutons à cela des acteurs au rabais qui surjouent à mort et des références comme Shelley, Lord Byron ou encore Poe, mais à qui personne ne semble avoir envie de rendre hommage.

Au final, Neverlake est un très mauvais film d’horreur. Peu importe son origine finalement, puisque hormis la langue italienne et le lieu de son déroulement (la Toscane), le film est tellement transparent qu’il pourrait être de n’importe quelle nationalité. Mou, mal joué, mal filmé et bordélique comme jamais, le premier film de Riccardo Paoletti ne mérite vraiment pas qu’on s’y attarde et on n’est guère surpris de savoir qu’il a été moyennement accueilli dans les divers festivals où il a été vu. Bref, un film qui prend l’eau.
Note : 04/20
Par AqME