Résumé :
Detroit : Become Human est un jeu d’aventure-action développé par Quantic Dream. Le joueur pourra incarner 3 personnages différents évoluant chacun de leur côté au sein d’histoires s’entrecoupant les unes les autres. L’action se déroule à Detroit, la ville abritant le principal site de production d’androïdes. La plupart d’entres eux se contentent de s’employer aux tâches pour lesquelles ils ont été créés, tandis que d’autres rêvent d’une autre vie… Leur présence ne fait toutefois pas l’unanimité, de nombreux humains s’inquiétant de leur futur dans ce monde machinique.
Avis :
Detroit Become Human est un divertissement visuellement incroyable, qui plonge le joueur dans un avenir probable dérangeant, à l’atmosphère perturbante, noire et aussi étonnante, particulièrement grâce à un point de vue technologique futuriste captivant. Ce jeu, lorsque l’on est simple spectateur, peut se regarder comme un film. Du côté du joueur actif, la narration se base sur des choix interactifs liés et interdépendants qui, selon le niveau de difficulté choisi au départ, peuvent tuer à tout moment les personnages contrôlés et changer invariablement l’histoire.
En plus d’être capable de faire les bons choix, le joueur doit aussi être attentif et rapide, pour répondre activement lors des scènes d’action ou pour saisir l’ampleur de la situation à laquelle il est confronté. Detroit Become Human est un jeu qui ne peut laisser indifférent tant le scénario est intelligent et tant les personnages jouables sont attachants. L’univers est prenant, riche et complexe, et amène des réflexions passionnantes sur notre possible futur et notre société actuelle. Le parti pris, bien que sombre, est perspicace.
Un peu comme l’univers des romans ou de la série du même nom, Altered Carbon, l’avenir de notre monde est dépeint sombrement. Effectivement, les acteurs de cet univers ne paraissent pas heureux, aussi bien chez les androïdes que chez les humains. Du côté des androïdes, cet état de détresse apparaît vite comme une évidence. Ils vivent parmi les humains mais doivent supporter les insultes, les violences faites à leur égard et leur statut d’esclaves. Ils ne sont clairement pas égaux face aux humains et cela peut se comprendre.
Finalement, ne sont-ils pas, en définitive, seulement des créations de l’Homme, des machines ? Comment pourrait-on concevoir qu’ils nous comprennent et qu’ils produisent des émotions, tout comme nous ? Cela est-il au moins possible et envisageable ? L’atmosphère ambiante est malsaine, étant donné que les androïdes ressemblent en tous points à des humains, si ce n’est la présence de quelques voyants sur leur front, et qu’ils sont violentés et maltraités constamment. Le joueur se sent vite mal à l’aise et cette approche permet d’amener des chemins scénaristiques intéressants.
Du côté des humains, malgré une amélioration de leur vie quotidienne grâce à l’apparition des androïdes qui se chargent des tâches les plus pénibles, les jours heureux restent inaccessibles. Créés pour aider les humains, les androïdes soulagent pour offrir une vie meilleure. Pourtant, la vie semble loin d’être idéale et rose dans l’univers que nous présente Detroit Become Human. Plus qu’un jeu, ce titre est une critique ensorcelante de notre société qui met en avant le fait que l’humain ne cesse de se plaindre et d’agir pour améliorer son quotidien mais qu’il ne s’en satisfait finalement jamais. Déplace-t-il ce manque, cette hargne, cette détresse, sur les androïdes ? De plus, le jeu met également en avant le manque de suivi de la politique qui ne parvient pas à gérer un chômage de plus en plus préoccupant et une population qui se sent inutile et qui ne parvient plus à joindre les deux bouts. L’avancée technologique rapide a dépassé les systèmes qui ne savent pas s’adapter.
Detroit Become Human nous fait jouer trois personnages qui sont en fait tous des androïdes. Ce point de vue est amusant et on se prend vite au jeu. Les violences faites à nos compagnons montrées dans les premières images restent en tête, et joueront ou pas un rôle dans notre implication émotionnelle pour la suite. Avant que l’on arrive à la résolution finale, chaque chapitre nous fait seulement jouer un personnage.
Kara est une jeune androïde utilisée pour le ménage. Un peu naïve, elle est gentille, généreuse et s’occupe plutôt avec tendresse d’une petite fille, Alice, maltraitée par son père. Ce dernier bat également Kara qui se soumet à ses crises de violence. Markus vit dans un environnement complètement différent. Assistant d’un peintre handicapé, il est choyé par ce dernier qui le considère avec respect, comme l’un de ses pairs. Il apprend même à Markus à jouer de la musique ou à peindre. Enfin, Connor est un androïde policier, très terre à terre et procédurier, utilisé pour traquer les déviants, c’est-à-dire les androïdes qui possèdent un bug, ou en d’autres termes, qui ressentent des émotions et se croient vivants.
Kara nous embarque vite, selon nos choix, dans une course endiablée, dans laquelle sa survie et celle d’Alice seront constamment mises en jeu. Son histoire est prenante et la relation qu’elle entretient avec Alice est touchante. Vous pourrez faire de Kara une personne bien sous tous rapports, respectueuse des règles, ou une personne égoïste et hors-la-loi.
Selon vos ambitions, Markus peut devenir un rebelle violent ou un pacificateur utopiste. En jouant Markus, vous revêtirez le costume d’un super-héros ! Jouer Markus signifie combattre le système et élever la cause des androïdes. Sur le chemin, il rencontrera d’autres androïdes avec qui il s’alliera pour le meilleur ou pour le pire.
Avec Connor, le chemin est plus alambiqué, plus sinueux et plus complexe. Vous pourrez le jouer coincé ou plus ouvert, amical avec ses partenaires policiers ou simplement insupportable. Selon vos envies, Connor est le personnage à l’évolution la plus prenante et dont les choix sont réellement émouvants. Sa relation avec Hank, un des lieutenants de police, est à la fois belle et fascinante.
Le jeu est bien rythmé et la fin est grandiose, parvenant à lier les histoires des trois personnages et amenant des scènes d’action hautes en couleur. Chaque fin de chapitre nous montre l’arbre des choix possibles, en n’explicitant que les choix effectués. Cela permet de se rendre compte de la richesse du contenu de chaque chapitre et des innombrables possibilités d’action. On peut même reprendre des épisodes pour explorer d’autres chemins ou sauver un personnage auquel on tenait, en prenant une route bien différente. La richesse et la complexité du scénario font rêver !
La maniabilité est facile et se sert de la totalité de la manette, du moins lorsque l’on joue sur PS4. En effet, certaines scènes d’action nous demandent d’appuyer rapidement sur les deux joysticks, les quatre boutons habituels, mais également à jouer avec le gyroscope de la manette. Le jeu n’est pas trop cruel dans le sens où quelques erreurs sont acceptées sans que cela ne gâche notre sensation et notre histoire. Cependant, bien que le jeu ne soit pas punitif quand il s’agit d’aller vite, il peut l’être par rapport à nos choix. Rien n’est à laisser au hasard et chaque décision doit être murement réfléchie. L’environnement doit aussi être observé avec un œil de limier.
La page d’accueil du jeu est aussi à mettre en avant ! Celle de Detroit Become Human est magique car elle est en fait une androïde, et celle-ci interagit avec nous tout du long, nous perturbant ou nous culpabilisant. Elle nous pose des questions et le jeu à choix continue également avec elle. Le jeu a pensé à tout et le joueur est littéralement absorbé par cet univers époustouflant, et ce, dès les premières secondes et la page d’accueil. Les réponses que l’on donne à l’androïde d’accueil sont classifiées et mises en commun avec celles des joueurs du monde entier. Les résultats sont intéressants à étudier et pourraient même servir de base d’étude pour déterminer si la vie avec des androïdes serait faisable et saine.
Detroit Become Human choque et embarque le joueur dans un autre monde, duquel il n’est pas facile de sortir indemne…
Qui de Kara, Markus ou Connor sauverez-vous ? A vous de jouer !
Note : 20/20
Par Lildrille