Auteurs : Etienne Barillier et Arthur Morgan
Editeur : ActuSF
Genre : Guide Pratique
Résumé :
Des machines gigantesques mues par la vapeur, des héros en hauts-de-forme et monocles, des héroïnes en crinolines et ombrelles… L’imagerie du steampunk ne cesse de fasciner depuis la création du genre dans les années 1980. Mais, quelles en sont les origines ? Et quelles sont les œuvres majeures en littérature, au cinéma ou en bande dessinée ?
Avis :
Le guide steampunk est un livre qui se dévore, que l’on soit fan ou non de l’univers tant apprécié des vaporistes, terme français équivalent à celui de « steamers », mais qui sonne tout de même bien mieux pour nos oreilles francophones. Les deux auteurs amènent des réflexions prenantes et intéressantes sur ce qu’est ce style d’abord littéraire devenu à la mode et qui ne cesse de s’étendre à travers le monde et tous les médias possibles, que ce soient les jeux de société, les séries télévisées, les films ou les comics.
L’apogée du steampunk est-elle déjà survenue ou va-t-elle arriver ? Nombre d’auteurs interviewés pour cet ouvrage craignent déjà que le mouvement ne se ternisse, notamment devant la masse sans saveur de nombreuses œuvres actuelles, qui manquent cruellement d’originalité. La communauté ne demande pourtant que ça et a soif de nouveaux concepts qui pourront les faire voyager à travers cette sphère qu’ils aiment tant. Le monde du steampunk a tout à faire, inventer et recèle de nombreuses possibilités scénaristiques, visuelles et politiques.
Il en ressort de la lecture que l’on ne sait jamais très bien ce que veut dire le terme steampunk. Ce mot, composé en réalité de deux composantes d’égale importance, est utilisé à tort et à travers, parfois pour attirer les fans, parfois par hasard ou parfois pour se fondre dans la masse. La partie « steam » parlera à nombre d’entre vous, notamment si l’on vous montre des costumes de vaporistes composés de bustiers ou corsets pour les femmes, agrémentés de multiples rouages mécaniques, et de redingotes ou montres à gousset pour les hommes. L’époque victorienne est majoritairement représentée même si certains créateurs tentent de souligner que d’autres visions sont possibles, notamment à travers des cultures non occidentales dont le charme est tout aussi détonnant. Cherchez des images de « costume steampunk asiatique » et vous serez surpris de la profondeur et de la beauté des tenues.
Quant à la partie « punk », cette manière de pensée, ce côté réactionnaire qui va contre le système établi, le mouvement ne s’en enorgueillit que très peu, et c’est dommage. Nombre d’auteurs ou de créateurs préfèrent rester lisses et ne jamais s’acoquiner à la politique. Cela reste un parti pris en effet risqué et qu’il n’est pas toujours facile d’assumer. Le steampunk d’aujourd’hui est donc plus « steam » que « punk », contrairement au cyberpunk, un style futuriste, qui est davantage critique et qui n’hésite pas à décrier notre société actuelle. Pourtant, le steampunk nage sur la vague du vert et de la consommation intelligente, grâce à ses méthodes et revendications de DIY (do it yourself – faites-le vous-même). Effectivement, si vous voulez entrer dans une communauté vaporiste, il est préférable de savoir se débrouiller et de créer votre costume vous-même, en y incorporant votre identité et vos inspirations personnelles, plutôt que de copier ce qui a été déjà fait.
Outre les réflexions et questionnements sur cet univers, l’ouvrage propose une liste non exhaustive de films, livres, bande-dessinées, groupes de musique, séries télévisées, séries web, jeux de sociétés, mangas, comics, évènements, et sites internet que les auteurs ont apprécié et qui peuvent entrer dans la catégorie steampunk. Chaque œuvre est détaillée par un résumé et des commentaires plaisants, qui encourageront ou non le lecteur à acheter ou se procurer le support décrit. Malgré les énumérations qui semblent s’éterniser, la lecture n’est pas gênante ou ennuyeuse tant l’écriture est de qualité et tant les découpages sont bien faits. De nombreuses interviews se glissent tout le long du livre et apportent une pause bienvenue, tout en nous donnant des pistes de réflexion pour notre propre définition du steampunk. Les personnes interrogées sont de tous les bords et de tous les styles et permettent de percevoir l’étendue riche de cet univers.
Le livre remonte aussi dans le temps, en nous expliquant la création du terme et en nous présentant les trois premiers auteurs qui ont su créé un nouveau genre. Ils continuent d’écrire aujourd’hui et doutent du mouvement qui s’étire dans trop de directions différentes. Ils gardent tout de même espoir et espèrent que le steampunk ne mourra jamais.
Les dernières pages de ce guide s’intéressent à la communauté vaporiste que l’on connaît finalement très mal, en dehors de l’esthétique de leurs costumes merveilleux. Les auteurs nous aident à comprendre leur état d’esprit et nous décrivent même des évènements hilarants lors desquels les vaporistes se défient autour d’un délicieux duel de thé.
Le guide steampunk est un bel hommage au style et à la communauté, qui passionnera les aficionados comme les novices.
Note : 18/20
Par Lildrille