mars 29, 2024

Espectro

De : Alfonso Pineda Ulloa

Avec Paz Vega, Alfonso Herrera, Maya Zapata, Johanna Murillo

Année : 2013

Pays : Mexique

Genre : Horreur

Résumé :

Après avoir été violée, Marta décide de se cloîtrer dans l’appartement inoccupé d’un ami afin de faire le point et surtout rester au calme. Elle calfeutre toutes les fenêtres, espionne sa voisine de palier et commande des caméras pour garder un œil sur tous les angles morts de l’appartement. C’est là que Marta va découvrir qu’elle n’est pas seule…

Avis :

Les films de fantômes, on commence à en souper un gros paquet. Si bien que parfois, on n’est même plus surpris et on devine rapidement s’il s’agit d’un fantôme mauvais ou d’un fantôme messager voulant simplement partir vers l’au-delà dans la résolution d’un meurtre. En ce sens, si certains films sont très bons et arrivent à garder leur mystère jusqu’à la fin, il faut aussi voir que de nombreux DTV n’ont pas cette chance et livrent facilement leurs ficelles. Et que ce soit la faute à un réalisateur négligent ou à un scénario paresseux, le film de fantôme peut vite partir en ennui le plus total. Avec Espectro, le Mexique se lance alors dans cette entreprise délicate, en essayant de surprendre tout le monde en mixant deux genres cinématographiques, l’horreur et le thriller, le fantôme et l’enquête. Nous avions déjà vu cela avec des films comme The Pact ou Housebound, qu’en est-il avec celui-ci ?

Marta est une voyante qui tombe amoureuse de Mario. Mais Mario, riche architecte, pète un plomb et viole Marta dans un parking souterrain. Brisée, devenue agoraphobe, elle va s’enfermer dans un appartement qu’elle va calfeutrer et équiper de caméras pour espionner sa voisine, violente et étrange, ainsi que la rue, persuadée d’avoir vu son bourreau en bas de chez elle. Histoire de couronner le tout, elle va avoir des visions d’un fantôme ensanglanté et d’un appartement repeint en rouge sang. Convaincue qu’il s’agit du fantôme de l’ex locataire de l’appartement assassinée par sa voisine, elle mène une enquête qui va brouiller les pistes. Comme on peut le voir, le film se situe pile poil entre le thriller virulent et le film d’horreur fantomatique. Le problème, c’est que le métrage ne va pas vraiment réussir dans ce qu’il entreprend, notamment dans son écriture et ses personnages.

Le scénario est relativement fainéant. C’est-à-dire qu’il va tenter de mélanger les deux genres mais en faisant une grande distinction et en prenant le parti de d’abord montrer cette voisine étrange et complètement frappadingue. En effet, avant de devenir un vrai film d’horreur, on va avoir droit à quelques passages pas forcément nécessaires qui présentent la voisine comme quelqu’un de sanguin, de profondément mauvais et donc idéal pour commettre un meurtre et cacher un corps. Mais c’est fait de manière tellement appuyée que l’on ne va jamais croire en la culpabilité de cette femme. Elle est conne, elle est voyeuriste, mais elle ne sert finalement à rien dans le récit, à part augmenter un peu la durée du métrage. Quant à l’écriture du côté horrifique, avec ce fantôme en sang, on est dans quelque chose de très conventionnel, avec des apparitions sur les caméras, des lumières qui s’allument et qui s’éteignent, et rien ne viendra troubler notre zone de confort et ce que l’on connait déjà. Et bien entendu, nous aurons droit à quelques passages obligés, comme des flashbacks pour approfondir un peu le personnage principal et une séance de tirage de cartes autour d’un pentacle qui ne réserve aucune surprise.

L’autre gros souci du film provient des personnages et plus précisément du personnage central. On nous propose de mettre en scène une voyante, qui est donc sensible au monde de l’au-delà, mais qui d’un coup va aussi avoir peur des humains. Chose compréhensible quand on a été victime d’un viol. Cependant, elle conserve son lien avec le monde invisible et le film semble totalement occulter cela. Elle ne va jamais ressentir la présence fantomatique et pire, quand elle en prend conscience, elle va avoir peur alors qu’elle devrait ressentir le fond du problème et savoir de quoi il en retourne. Si Paz Vega, absolument sublime, joue correctement son rôle, c’est clairement son personnage qui pose souci et empêche toute empathie. A la fois curieuse et un peu débile sur les bords, ne correspondant finalement jamais à ce que l’on attend d’elle, on reste simple spectateur d’une femme qui continue à perdre pied. Et les personnages secondaires ne seront pas là pour l’aider, puisqu’entre une voisine zinzin au possible qui passe son temps à gueuler ou frapper, un violeur aussi charismatique qu’un chapeau de paille ou encore une meilleure amie très jolie mais inutile, on reste dans quelque chose de très mince et de pas forcément intéressant.

Cependant, le film possède un excellent bon point, sa réalisation. En effet, si Espectro est le deuxième film du réalisateur, il y a une patte graphique intéressante et qui pique un peu à certains grands noms. On retrouvera par exemple une scène qui évoque immédiatement Shining avec sa vague de sang sortant d’un immeuble. Si dans ce film, c’est fait de façon un peu putassière, on reste tout de même dans une certaine logique d’intervention, un moment où la médium commence à ressentir des choses pas très sympathiques. Il y a aussi une volonté de faire des plans qui titillent la rétine. De façon un peu gratuite, c’est vrai, mais c’est beau, comme cette salle de bains suintante de sang et ce ralenti sur l’héroïne en train de se noyer qui a un résultat très graphique. Alors certes, cela n’apporte rien à l’histoire, mais c’est bien fait et apporte une plus-value au film. Ensuite, comme je l’ai dit plus haut, l’actrice principale joue très bien son rôle et fait tout son possible pour se rendre empathique. Il est dommage que le film ne soit pas à la hauteur de sa prestation, offrant une fin aussi attendue que bâclée, malgré un twist intéressant.

Au final, Espectro n’est pas une purge à proprement parlé. Il s’agit d’un film de fantôme qui tente de mélanger les choses pour brouiller les pistes et envoyer le spectateur vers de mauvais chemins. Une intention louable qui marche un peu, mais qui se perd dans une grosse faiblesse d’écriture et des personnages pas toujours cohérents. D’autant plus que le film manque de rythme et prend trop de temps au départ pour susciter la curiosité. Bref, un semi-raté pour ce film qui a du moins le mérite de bénéficier d’une bonne mise en scène, ce qui est assez rare dans le domaine de l’horreur.

Note : 09/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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