Auteure : V.E. Schwab
Editeur : Lumen
Genre : Fantastique
Résumé :
Kell est un magicien de sang, un sorcier capable de voyager d’un monde à l’autre. Des mondes, il y en a quatre, dont Londres est, à chaque fois, le cœur et l’âme. Le nôtre est gris. Le deuxième, rouge, déborde de magie. Dans le blanc, elle s’est faite bien trop rare quand, dans le noir, elle a tout dévoré. Et le fléau s’apprête à contaminer chacun des univers jusqu’au dernier – ce n’est plus qu’une question de temps…
Car les ténèbres ont déjà commencé à s’étendre sur le flamboyant Londres rouge. Les habitants en sont réduits à choisir entre céder aux sirènes dévastatrices de la magie et entamer contre elle une lutte désespérée jusqu’à la mort. Si Kell semble immunisé contre le poison qui gangrène son royaume, la fin le guette, lui aussi… à moins que des alliés inattendus ne le rejoignent dans la bataille À commencer bien sûr par Lila, qui ne raterait pour rien au monde une occasion de partir à l’aventure et faire étalage de sa puissance. Mais, aussi intrépides qu’ils soient, comment de simples magiciens pourraient-ils faire le poids face à l’incarnation même de la magie ?
Avis :
Terminer une trilogie n’est pas une chose aisée. Outre le fait qu’il ne faut pas décevoir les fans des deux premiers tomes, il faut aussi trouver une conclusion qui soit à la hauteur des attentes. Ou tout du moins, trouver une histoire qui arrive à tenir en haleine, à renouveler certains personnages et à montrer que tout ce que l’on a raconté auparavant tient encore la route. V.E. Schwab avait d’ailleurs surpris avec un premier tome relativement plaisant, qui montrer un certain talent dans l’écriture, mais surtout dans l’univers exploré, jouant la carte de la magie (caressant donc les fans de Harry Potter dans le sens du poil), mais surtout des univers parallèle, offrant quelque chose de neuf et d’intelligemment construit. Malheureusement, le deuxième tome n’était pas la claque attendue, la faute à un univers que l’on n’explorait pas assez et des personnages qui avaient du mal à évoluer. Sans oublier les clichés de romance qui venaient entacher le tout et un tournoi de magie qui ne faisait pas vraiment avancer le schmilblick. Avec le troisième tome, on était en droit de demander quelque chose de plus épique, de plus long et de plus sombre. En avons-nous eu pour notre argent ?
La première chose qui frappe quand on a le bouquin entre les mains, c’est son imposante taille. En effet, le roman frôle les 800 pages, ce qui est assez rare pour un livre destiné aux adolescents ou aux jeunes adultes comme il faut les appeler maintenant. C’est long, et on espère que ce sera bon, car lire un nombre comme ça de pages sans pour autant rentrer dedans, ça risque d’être compliqué. Le plus intéressant ici va être la confrontation de trois Antari (comprenez des magiciens de haut niveau) qui ne s’aiment pas forcément, mais qui vont devoir lutter contre un ennemi commun, un Dieu destructeur fait de magie pure. V.E. Schwab va donc jouer à fond la carte des antagonismes qui vont devoir faire front commun pour détruire une menace surpuissante. Si la surprise ne sera pas forcément au rendez-vous, l’intrigue étant cousue de fil blanc, on retrouvera des moments intéressants et des relations qui vont devoir s’adapter aux différentes étapes de la confrontation. En effet, si le roman pourrait se résumer à une histoire d’un aller et d’un retour, certaines situations vont pousser les personnages à se mettre d’accord sur différentes options pour trouver la meilleure solution. Alors oui, c’est très convenu, il n’y a que peu de surprise dans le déroulement de l’histoire, mais on peut noter une vraie volonté de présenter des relations crédibles.
Le problème, c’est que certains personnages demeurent insupportables et d’autres ne servent clairement à rien, si ce n’est à entretenir une relation homosexuelle qui doit rentrer dans les mœurs de notre société. Je ne dis pas ça parce que ça me gêne humainement, mais juste que l’on a vraiment l’impression d’avoir un cahier des charges où il faut à tout prix mettre en avant toutes les communautés ou orientation sexuelle. Très clairement, la seule particularité de Rhy, le prince et futur roi, c’est qu’il soit homosexuel et que son ami est un corsaire charmeur. C’est là tout le problème de ce roman et plus globalement de la trilogie, les personnages ne sont pas assez charismatiques, assez remarquables. Kell, le véritable héros de l’histoire, est arrogant, psychorigide et on aura un mal fou à se projeter en lui, ou tout simplement à ressentir de l’empathie. C’est la même chose avec Lila Bard, personnage insupportable par excellence et qui tient pourtant le devant de la scène, parce que c’est la newbie qui découvre ses pouvoirs extraordinaires. Seul Holland tire son épingle du jeu, car c’est un personnage complexe, qui n’est pas manichéen et qui propose un vrai background assez lourd.
Malgré le fait que les personnages soient tous plus ou moins irritables, on va poursuivre cette aventure avec un certain intérêt grâce au style de l’auteure. C’est très fluide, les chapitres sont courts et bien rythmés et on fait face à un bon page turner. Les aventures se succèdent sans temps mort, sauf lorsqu’il faut faire gagner en épaisseur des personnages assez fades, et les moments d’action sont assez variés. On va aussi voir que l’auteure tente de lancer des guerres entre différents territoires afin de montrer que son monde est plus développé que la simple ville de Londres. Mais là aussi, ça relève plus de la note d’intention que du véritable fond de l’histoire et c’est dommage car les intrigues de cour auraient pu donner un plus indéniable à ce monde imaginaire. Néanmoins, cela est facilement pardonnable quand on voit le nombre d’aventures qui parsèment la vie des héros. Entre les voyages en mer, les attaques de pirates, les agressions dans la rue, le Dieu surpuissant, les sorts de protection ou encore les tortures dans des Londres différents, il y a de quoi faire. L’autre point positif dans tout ça, c’est que c’est assez sombre, voire sanglant par moments, et cela permet d’occulter certains passages un peu plus niais et souvent pénibles. Les amourettes entre Kell et Lila sont détestables et cassent le rythme.
Au final, Shades of Light, le dernier tome de la trilogie Shades of Magic, est plutôt plaisant et redresse la barre après un deuxième opus assez décevant. Ici, les ambitions sont revues à la hausse, le scénario avance un peu et met en avant des personnages antagonistes qui doivent coopérer pour sauver le monde. Si on a déjà vu cela plusieurs fois, il n’empêche qu’ici, c’est plutôt bien écrit et on ne s’ennuie que rarement, ce qui n’est déjà pas si mal. Bref, une conclusion sympathique, à défaut d’être mémorable.
Note : 14/20
Par AqME