Avis :
Les années 90 sont une année charnière pour le punk américain. Petit à petit, on s‘éloigne des conventions braillardes d’une scène underground pour arriver à des groupes qui vont tenter d’voir l’air punk dans leurs attitudes, mais pas forcément dans leur musique. Plus pop, plus cadrée, plus lisse aussi, cette musique que l’on va surnommer Pop Punk va connaître un essor fulgurant avec des groupes comme Blink-182, Sum 41 ou encore Good Charlotte, même si ce dernier sera toujours la roue du carrosse. Toujours volontairement « punk » dans l’attitude et l’image qu’ils renvoient, tous ces groupes vont autant se faire haïr qu’apprécier par une foule plus grande de jeunes qui aiment se reconnaître dans ces histoires de jeunes en manque de repères et qui aiment faire la déconne. Bien évidemment, le punk hardcore va leur chier dessus, mais le côté pop permet de mettre en lumière ces groupes qui vont devenir des égéries pour plusieurs générations. Et près de vingt ans plus tard, quasiment tous ces groupes sont toujours présents, et tentent de revenir sur le devant de la scène avec des essais plus ou moins réussis. Après une pause de six ans, Good Charlotte avait décidé de remettre le couvert en 2016 avec Youth Authority, leur sixième album studio, mais était-ce une bonne idée ?
Le problème avec Good Charlotte, c’est que le groupe a tout compris de l’imagerie à véhiculer, mais pas forcément de la musique à jouer. C’est-à-dire que le côté gaudriole est assimilé, mais pas forcément les rythmiques endiablées ou l’aspect un peu plus nerveux d’un groupe punk. En ce sens, il restera un peu le vilain petit canard de cette génération, apprécié pour certains titres, et complètement oublié pour d’autres. Et Youth Authority ne fera pas exception à la règle. Le skeud débute avec Life Changes et on fait un bond en arrière de près de vingt piges. Les riffs sont saturés, la recherche de mélodie se cantonne au minimum syndical et le chant fait tout le reste, donnant une grosse énergie à un morceau court mais finalement agréable et qui donne envie de bouger dans tous les sens pour peu que l’on soit sensible à la pop punk basique mais qui fait le taf. Un peu tout comme Makeshift Love, même si le titre met plus de temps à démarrer et que les couplets sont assez calmes. En fait, on pourrait croire que le titre est taillé pour paraître sur la BO d’un American Pie. Cela ne nous rajeunit pas et si d’un côté c’est plutôt plaisant, d’un autre, on se dit que le groupe n’a pas réussi à évoluer en autant d’années, alors que Sum 41 ou Blink-182 ont désormais un ton plus mature et plus grave. Le seul morceau un peu prenant que l’on retrouve dans cet album, c’est War, qui arrive en avant-dernier titre et qui montre une certaine envie de faire plus mature, même si ça reste assez léger. C’est dommage, cela montre les performances vocales de Joel Madden.
Pour le reste, tout l’album sera beaucoup moins reluisant. En plus d’être court, Youth Authority n’arrive pas vraiment à passionner pour deux raisons évidentes. La première, c’est qu’il est parcouru de morceaux trop pop et acidulés pour pleinement convaincre. On pourrait par exemple citer Keep Swingin’ en featuring avec Kellin Quinn, qui est un titre tout simplement pop et qui n’apporte rien au groupe, à part peut-être une cool attitude dont ils n’ont pas besoin. La voix du chanteur du groupe de metalcore Sleeping With Sirens est insupportable, dans les aigus et on sent bien que ce morceau n’est là que pour faire vendre des singles et faire de la pub. On retrouvera la même sensation avec Reason to Stay avec Simon Neil de Biffy Clyro (mais qui lui a l’avantage de bien chanter) qui reste un titre conventionnel au possible malgré des guitares saturées sur les refrains. Malgré cela, ça reste trop lisse, trop sage pour rester en tête. La seconde raison à ce petit échec, c’est que rien ne reste vraiment en mémoire. On enchaine les titres sans qu’ils aient un impact important sur notre cervelet et on s’emmerde un peu beaucoup. On peut citer Stray Dogs ou encore The Outfield qui sont des titres totalement transparents et que l’on ne mémorisera pas. La raison est toute simple, rien n’est fait pour impacter l’auditeur, et le groupe reste dans sa zone de confort. C’est dommage quand on voit certains titres des albums précédents qui étaient un peu plus culottés comme ce duo avec M. Shadows d’Avenged Sevenfold.
Au final, Youth Authority, le sixième album de Good Charlotte, est une petite déception. Non pas que l’on s’attendait à un grand album, mais le groupe américain semble faire du sur place et faire une pause de six ans pour pondre un album assez générique, c’est un peu triste, voire même inquiétant pour l’avenir. Mais qu’importe, puisque les fans aimeront certainement, le groupe continuant de jouer sur des clips plutôt intéressants ou des mélodies plus douces, comme si vieillir rendait plus mou du tympan…
- Life Changes
- Makeshift Love
- 40 oz. Dream
- Life Can’t Get Much Better
- Keep Swingin’ (feat Kellin Quinn)
- Reason to Stay (feat Simon Neil)
- Stray Dogs
- Stick to Your Guns (Interlude)
- The Outfield
- Cars Full of People
- War
- Moving On
Note: 10/20
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=tXTHuQUKIwo[/youtube]
Par AqME