octobre 10, 2024

Le Voyeur

Titre Original : Peeping Tom

De : Michael Powell

Avec Karlheinz Böhm, Moira Shearer, Anna Massey, Maxine Audley

Année : 1960

Pays : Angleterre

Genre : Thriller, Horreur

Résumé :

Mark Lewis est un jeune homme énigmatique et solitaire, passionné d’image jusqu’à l’obsession. Opérateur-caméra dans un studio de cinéma, il fait aussi des extras comme photographe de charme dans la boutique d’un marchand de journaux. Son appartement est un immense laboratoire rempli de matériels, d’appareils, de chimie. Là, il développe et visionne seul ses propres films à longueur de temps. La caméra toujours à portée de main, Mark Lewis dit tourner un documentaire mais il s’emploie en réalité à une démarche bien plus morbide: il traque la peur de la mort dans le visage de jeunes femmes…

Avis :

Michael Powell est très souvent associé à Emeric Pressburger, car les deux hommes ont réalisé ensemble de sacrés chefs-d’œuvre. « Une question de vie ou de mort« , « Le narcisse noir« , Les chaussons rouges, ce sont eux. Mais bien avant de se rencontrer, Michael Powell avait déjà une carrière de réalisateur en solo (carrière qu’il poursuit entre et après son duo). Une carrière qui commence au début des années 30 avec « Two Crowded Hours« . Michael Powell aurait alors réalisé (seul ou accompagné) pas moins d’une trentaine de films et aujourd’hui, c’est sur l’un de ses plus célèbres que je vais m’arrêter. L’un de ses films qui a la chance de ressortir dans une poignée de salles. Ce film, c’est « Le voyeur« .

Sorti en 1941, il s’agit d’un thriller qui lorgne sur l’épouvante parfois. « Le voyeur » fait clairement partie de ces films qui sont de véritables merveilles et qui ont influencé à juste titre énormément de réalisateurs, dont Martin Scorsese lui-même qui ne cesse de vanter les mérites des films du réalisateur, en solo ou en duo. Tenu par une intrigue plutôt osée pour l’époque, « Le voyeur« , c’est une heure quarante d’un cinéma artisanal comme on en fait plus et si jamais vous avez la chance, que dis-je, le privilège, d’avoir un cinéma près de chez vous qui le joue, foncez !

Mark Lewis est un jeune homme qui travaille sur des plateaux de cinéma et qui se rêve cinéaste. Garçon sans histoire et plutôt discret, Mark a pourtant un terrible secret. Dans l’ombre, Mark tue des femmes et l’expression qui s’inscrit sur leurs visages au moment de leur mort témoigne des horreurs que Mark peut faire. Fasciné par l’horreur que la mort crée, Mark filme ses victimes.

Cinéaste de talent, « Le voyeur » est bien souvent considéré comme l’un des sommets de sa filmographie et il est vrai qu’à la découverte de ce film, on ne peut qu’aller dans ce sens. Thriller de très haute volée qui demeure encore aujourd’hui perturbant et parfois même glaçant, tenu par un sujet aussi osé qu’original, « Le voyeur » est un film fascinant à plus d’un titre. Ce qui frappe d’emblée avec le film, c’est la façon dont Michael Powell joue dans sa mise en scène avec la suggestion de l’horreur. Filmant ses meurtres à la « première personne », via la caméra qui reste glacialement fixée sur le visage de ses victimes, Michael Powell installe d’emblée un ton et une ambiance. Ici, le film sera noir du début à la fin et la résolution finale sera des plus terrifiantes.

Entre les meurtres, Michael Powell s’attelle à dresser le portrait d’un homme intéressant dans ses divisions. Incarné par Carl Boehm (bien loin de son rôle glamour dans la saga des « Sissi« ), son Mark est fascinant, car il arrive à être humain et attachant. Le réalisateur a eu la merveilleuse idée de mélanger dans ce thriller noir, une petite romance, ce qui donne plus de relief à son personnage, qui se confond en contradiction et arrive à en être très perturbant, car on reste attentif au moindre détail, un peu comme s’il pouvait se passer n’importe quoi, à n’importe quel moment. Comme si Michael Powell pouvait changer de film en un mouvement de caméra. C’est assez bluffant et surtout très prenant et dans un sens, sans que les intrigues se rejoignent, « Le voyeur » rappelle le « Psychose » d’Alfred Hitchcock.

Si le scénario est donc impeccable et nous entraîne bien dans son intrigue, on ne peut passer sur la mise en scène quasi-parfaite de son réalisateur. Comme toujours chez Michael Powell, l’esthétisme est poussé au plus haut. « Le voyeur« , c’est des idées à tout instant, c’est une lumière fabuleuse, qui joue à merveille avec les ombres, les noirs, mais aussi les couleurs et notamment le rouge. « Le voyeur« , c’est des plans incroyables, des cadres, et des mouvements de caméra à rendre jaloux bien des réalisateurs. C’est bien simple, le film est une leçon de cinéma à lui seul. Michael Powell sait tenir une caméra et ce film en est encore une preuve flagrante.

Prenant, surprenant, tendu, palpitant et tout simplement beau, « Le voyeur » est un petit bijou qui mérite tous les éloges du monde. Thriller noir, détenant des personnages passionnants et incarnés par des acteurs incroyables (Moira Shearer), ce film est une énième preuve, s’il en faut encore, que Michael Powell fait partie des meilleurs réalisateurs qui est existé et c’est vraiment dommage qu’il ne soit pas aussi connu (en duo ou en solo) qu’un Alfred Hitchcock ou un Orson Welles.

Bref, « Le voyeur » ressort dans certaines salles et ce serait dommage de ne pas en profiter (si bien sûr, vous avez la chance d’avoir un cinéma plus sympa que la moyenne qui décide de le jouer).

Note : 18/20

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Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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