De : Stanley Kubrick
Avec Ryan O’Neal, Marisa Berenson, Patrick Magee, Hardy Kruger
Année : 1975
Pays : Royaume-Uni
Genre : Historique
Résumé :
Au XVIIIe siècle en Irlande, à la mort de son père, le jeune Redmond Barry ambitionne de monter dans l’échelle sociale. Il élimine en duel son rival, un officier britannique amoureux de sa cousine mais est ensuite contraint à l’exil. Il s’engage dans l’armée britannique et part combattre sur le continent européen. Il déserte bientôt et rejoint l’armée prussienne des soldats de Frederic II afin d’échapper à la peine de mort. Envoyé en mission, il doit espionner un noble joueur, mène un double-jeu et se retrouve sous la protection de ce dernier. Introduit dans la haute société européenne, il parvient à devenir l’amant d’une riche et magnifique jeune femme, Lady Lyndon. Prenant connaissance de l’adultère, son vieil époux sombre dans la dépression et meurt de dépit. Redmond Barry épouse Lady Lyndon et devient Barry Lyndon…
Avis :
Il y a des réalisateurs connus et il y a des réalisateurs devenus culte. On peut citer Sydney Lumet, Sam Peckinpah ou encore Stanley Kubrick. Concernant ce dernier, quand on regarde sa filmographie et les différents avis qui surgissent de par le net, on ne peut que s’incliner. Commençant sa carrière dans les années 50, il signe déjà quelques films très remarqués comme L’Ultime Razzia ou encore Les Sentiers de la Gloire. C’est dans les années 60 qu’il explose littéralement aux yeux du grand public avec des films comme Spartacus, Lolita, Docteur Folamour ou encore 2001, l’Odyssée de l’Espace. Par la suite, il ralentit le rythme de sortie de ses films mais propose à chaque fois un métrage sulfureux ou ayant quelque chose à dire ou à prouver. Alors que tout le monde est encore sous le choc de l’hyper violence de Orange Mécanique, il sort Barry Lyndon, fresque historique de plus de 3h. Mais avec nos yeux de spectateur de 2013, le film est-il toujours aussi fort ? Allons faire un tour au XVIIIème siècle.
Non, ce n’est pas du John Woo malgré les oiseaux qui s’envolent lors du duel !
Barry Lyndon est une grande fresque qui suit un homme, Redmund Barry, de son ascension dans la haute société jusqu’à sa chute pour retourner dans la misère où il est né. L’histoire n’est pas complexe et Kubrick propose une frise chronologique centrée sur ce personnage. Alors que son père meurt et qu’il est hébergé par son oncle sur une parcelle de terrain, Redmund Barry veut épouser sa cousine. Seulement, elle est promise à un jeune officier dont la dot permettrait à l’oncle de revivre. Fou de jalousie, il l’élimine lors d’un duel et est contraint de fuir la police. Il s’engage alors dans l’armée et atterrit en Prusse. Déserteur, il va se faire rattraper par l’armée prussienne et est obligé de s’engager pour éviter la peine capitale. Sauvant son supérieur, il est promu au rang d’espion pour épier un chevalier noble. Jouant un double-jeu, il va se mettre du côté du chevalier et vivre parmi la haute société au milieu des tables de jeu. Il va s’amouracher d’une belle jeune femme, Lady Lyndon, et lorsque son vieux mari meurt, il l’épouse et obtient par ce fait, toutes les terres de la Lady. Mais son fils aîné ne l’entend pas de cette oreille. Voilà grosso modo l’histoire complète de ce métrage qui va être un époustouflant moment de cinéma. Alors pourquoi époustouflant ?
Principalement axé sur les actions de son personnage central, Barry Lyndon va fournir des images sublimes, des décors à couper le souffle et surtout, il va faire passer de nombreuses émotions, nous faisant aimer ce bon Redmund Barry, puis le détester lorsqu’il devient Barry Lyndon. Petit tollé contre la bourgeoisie d’antan, qui ressemble étrangement à celle d’aujourd’hui, on peut voir que celui qui vise trop haut fini par se brûler les ailes et devenir un vautour comme les autres personnes tournoyant autour du pouvoir et de l’argent mais ne récupérant que les restes par opportunisme. Seulement, Stanlay Kubrick n’est pas aussi binaire avec les bons et les méchants. Il va présenter Barry Lyndon avec ses torts et ses travers, mais aussi avec sa bonté et son amour, notamment pour son fils et sa mère. Une scène est particulièrement déchirante, lorsque notre héros se tient au chevet de son fils mourant et qu’il éclate en sanglots. Un pur moment de cinéma, d’une beauté et d’une efficacité incroyable. Le duel de fin est lui aussi exceptionnel, parfaitement iconique et symbolique. Alors certes, sur 3h de film, on n’évite pas quelques longueurs, mais tout cela est vraiment bien mis en scène et on ne s’ennuie jamais, ébloui par autant de grâce et de prestance.
Bien entendu, les acteurs sont mis au diapason et livrent une interprétation sans faille. Ryan O’Neal est vraiment parfait dans le rôle titre, affichant un regard un peu niais au début du film, avec sa jalousie maladive, mais devenant plus fort au fur et à mesure de ses aventures. Marisa Berenson est elle-aussi parfaite dans le rôle de Lady Lyndon et donne dans la discrétion mais aussi dans le touchant, surtout après la mort de son deuxième fils. Le duo forme un antonyme incroyablement puissant où chacun cherche des intérêts au lieu de trouver l’amour. Leon Vitali est aussi très bon dans le rôle de Lord Bullingdon, le fils aîné de Lady Lyndon et qui s’impose comme sauveur auprès de sa mère. Sa prestation est forte et il impose un personnage détestable au début, mais qui devient attachant au fur et à mesure de l’histoire et du film. Tout le reste du casting est excellent, avec Patrick Magee en chevalier de Baribali, caricature du noble joueur de cartes et qui gagne sa vie en trichant. Bref, tout cela est vraiment puissant et on sent une véritable maîtrise de la part des comédiens mais aussi de la part du réalisateur.
C’est beau n’est-il pas ?
Au final, Barry Lyndon est un excellent film qui n’a pas pris une ride. Flamboyant mais simple, épique mais simple, beau mais simple, touchant mais simple. Stanley Kubrick livre un film unique, une fresque sans prétention mais qui touche, émeut et ne parait pourtant pas grandiloquente. Un vrai film historique avec un personnage très attachant malgré ses défauts et une histoire vraiment prenante. A voir !
Note : 17/20
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Par AqME