avril 20, 2024

Hellfest 2017

Nous sommes jeudi 15 juin 2017, dans la voiture pour de nouvelles aventures, direction le Hellfest !
L’excitation dans le ventre à l’idée de vivre une expérience hors du commun, on a hâte de découvrir le festival à l’affiche grandiose et aux décors hors du commun.
Il fait très chaud lorsque nous arrivons à Clisson. Nous ne comprenons pas très bien où se situ(ent) le/les parkings ainsi que les entrées des différents campings. Il y a beaucoup de voitures et on se concentre « tu regardes à gauche, je regarde à droite ». On plante nos sardines au yellow camping, qui s’est avéré assez calme sur les quatre nuits. Tant mieux ! Car le Hellfest, c’est sportif : il faut tenir la chaleur, le monde, voir un maximum de concerts et aussi faire des choix cornéliens. Mais notons que le running order a été plutôt bien élaboré cette année. Au programme : de nombreux genres allant du death au black, en passant par le punk et le grind, pour un total de 160 groupes.

Organisation bien huilée, de nombreux bénévoles sur les différents sites, l’investissement dans des portails électriques pour fluidifier les entrées, on dit merci au Hellfest car en 2016 les festivaliers pouvaient attendre 1h avant d’accéder au site. On félicite également le travail accompli sur l’espace VIP, qui nous a presque sauvés de l’insolation grâce à son bassin et ses espaces ombragés pour se poser calmement et recharger les batteries des caméras. Un beau bémol en ce qui concerne le rationnement de l’eau le dimanche, alors caniculaire. Véritable ville aux décors époustouflants, il s’agit d’une expérience immersive à vivre absolument. L’ambiance générale est bonne, les gens se parlent facilement et l’on s’esclaffe en découvrant à quel point les festivaliers ont de l’imagination dans les costumes qu’ils portent. L’un des points forts de l’évènement est aussi de réunir différents publics : core, prog, black … Cela ne fait que rajouter à ce lieu de débauche son caractère unique. Concernant la médiatisation du festival, notons qu’en plein weekend d’élections législatives il s’est retrouvé en top hashtag sur les réseaux sociaux et en actualité à la une sur Google, pendant que tous les JT traitaient le sujet. Le but du jeu pour son fondateur Ben Barbaud est de promouvoir la musique métal auprès du plus grand nombre, n’en déplaise aux puristes du genre.

de nombreux artistes ont travaillé sur la déco

Parlons bien mais parlons surtout musique, voici notre live report.

Verdun

Quel plaisir de retrouver les Montpelliérains le vendredi matin sous la Valley, la scène doom/stoner. C’est à eux que revient la charge d’ouvrir la journée et le public est présent, en nombre et énergique. Les riffs fonctionnent très bien, le chanteur est plutôt charismatique, sa voix envoûtante, criant comme possédé, et on secoue les cheveux, la tête baissée sur un rythme bien lourd. On apprécie la seconde voix qui donne du corps aux morceaux et fonctionne très bien. On a envie qu’elle apparaisse plus souvent. Un Doom qui fait du bien par où il passe… La qualité du son est top. Mission accomplie, le Hellfest s’ouvre en beauté.

Avatar

L’après-midi c’est sur la mainstage que nous découvrons les Suédois et leur métal qui oscille entre groove et mélodique. En fond de scène, une forêt devant laquelle les 5 musiciens prennent place. Chemise hawaïenne en coulisse et costume à la Tim Burton sur scène, le chanteur Johannes Eckerström est un personnage à part entière plutôt fou, le visage fin maquillé à la Joker. C’est autour de cette imagerie que le groupe élabore sa musique, alternant des passages type horror movie, cris inquiétants avec clavier 70’s mystérieux, et des passages plus violents. Johannes sait tout autant chanter que gueuler et sait même imiter le chien ! Les solos de guitares assez étonnants alternent avec des riffs entêtants. Preuve en est, le public bouge beaucoup. Un show qu’il est agréable à voir et à écouter, plus que le studio.

Le soleil se couche paisiblement sur le site, les gens sont heureux d’être ici, l’ambiance est vraiment agréable.

Behemoth

 

Les Polonais ouvrent le show sur la mainstage avec une musique d’ambiance inquiétante et des cris de démons prêts à sortir de l’enfer pour vous emporter. Le chanteur allume des flambeaux et la messe commence avec un riff de guitare dont le spectateur ne peut s’empêcher de scander la rythmique lourde et entêtante, avant de vite passer au death. Les costumes élaborés des musiciens aux visages maquillés de noir et de blanc complètent parfaitement le tableau. La déco autour du pied de micro est top. Entre les morceaux, une voix de fond scande une prière à Lucifer pendant que les spectateurs reçoivent l’eau des lances à incendie, et c’est parti pour des solos de guitare maîtrisés, techniques et bien violents. Le public est surexcité, le groupe a ses fans.

Lorsque le concert se termine, il faut pouvoir psychologiquement et très rapidement se préparer à voir entrer sur la scène d’à côté un groupe d’un tout autre acabit…

Deep Purple 

 

Je reste bouche bée lorsque les Anglais débarquent tranquillement sur scène. Ca n’est quand même pas rien de voir Deep Purple et l’émotion est présente. Toutefois, je ne sais à quoi m’attendre… Certains jeunes autour de moi ricanent en voyant que le corps des musiciens n’est plus celui de leur vingtaine. Le spectacle s’ouvre avec un morceau du dernier album Infinite. Adepte du son du groupe à ses débuts, j’ai un peu de mal mais les morceaux sont efficaces. Les cordes vocales de Jan Gillan m’ont mis une belle claque : de bons aigus et de belles gueulantes. Le claviériste Don Airy nous a offert une superbe impro. Sur une comptine de l’Alouette revisitée, classique, son d’orgue, il fait dégouliner les notes, il est agile, il fait sonner, dissoner, bref, pendant un instant suspendu, il nous inspire, fait rêver et beaucoup danser. Un vrai pianiste qui n’a peut-être pas toutes ses dents mais de sacrés doigts ! On note aussi les supers échanges avec la guitare de Steve Morse. Ils n’ont bien sûr pas joué que leur dernier album. Ils nous ont régalé des délicieux et mythiques Child in Time, Smoke on the water, Burn, le twistant Lazy, ou encore Hush, l’excellente reprise qui aura fait connaître le groupe en 1968. Merci Deep Purple !

Rob Zombie 

Waoh, que dire ? Rob Zombie est arrivé sur scène vêtu d’un patte d’eph scintillant, sautant et bougeant tout le long du show. Il parle avec le public et son charisme nous permet de rentrer à 100 % dans l’univers, porté également, dans le fond de scène, par les images des clips qu’il réalise. Un vrai plus. Le son est top pour un bon métal indus électrisant. Le groupe a une énergie incroyable et joue des morceaux puissants que les jambes ne peuvent ignorer : nous avons dansé et encore dansé. Les lumières sont éclatantes tant dans les couleurs que dans les mouvements : un vrai show ! John 5 nous régale de ses solos, toujours habité par son personnage, jouant sur différentes guitares toutes plus originales les unes que les autres. Un vrai showman pour une ambiance survoltée. On en redemande.

John 5, impressionnant
Rob Zombie scintille

Samedi

Ultra Vomit 

Les joyeux lurons n’ont pas déçu. Le public est très nombreux devant la mainstage et les Nantais le méritent : mêler humour et musique vraiment bien exécutée n’est sûrement pas donné à tout le monde. Quelle entrée lorsque les musiciens apparaissent comme des pitres avec une petite chorégraphie sur la musique d’intro de l’émission Fort Boyard : un moment unique, le seul groupe qui peut avoir cette idée aussi étonnante et marrante, et rien que pour ça on les remercie ! Dans la foule, les nombreux canards font la chenille et pogotent comme il se doit. Du métal parodique qui fait du bien car « des groupes sérieux il y en a déjà assez comme ça, » dixit Fetus, le chanteur guitariste dont la voix ne laisse pas indifférent. Un spectacle assez court, trop court, 40 minutes, mais qui donne envie d’en entendre davantage, et ça, c’est bon signe.

Wardruna

Une ambiance aérienne, venue d’autres temps et d’autres lieux : la Norvège et ses mythes folkloriques païens… C’est sous une belle lune que la scène du Temple accueille le groupe qu’il aurait été encore plus mystique de découvrir sans toit au dessus de sa tête. Avec sérieux, les 7 membres du groupe démontrent une réelle capacité à vous emmener loin. L’esprit part ailleurs, transporté par les voix puissantes et les belles harmonies, les chants parfois gutturaux pour scander des sortes de prières aux esprits de la nature, sur une musique folk/ambient. Les instruments traditionnels nordiques utilisés, lurs (longues trompes en bronze impressionnantes), tambours, guimbardes et multitudes d’autres sonorités dépeignent des tableaux chamaniques qui feront penser à Dead Can Dance. L’entreprise du groupe et de son fondateur Einar Selvik est assez ambitieuse : une trilogie de disques pour retranscrire les nombreuses runes scandinaves, qui laissent placent à l’imaginaire, sans trop intellectualiser. Ce projet s’achève avec Ragnarok, le dernier volet sorti en 2016. On se laisse emporter en fermant les yeux.

Suicidal Tendencies

Changement total de décor. La War Zone est blindée de monde qui s’enflamme devant Suicidal Tendencies, groupe californien qui a sorti l’an dernier son onzième album. Précurseur du skate punk dans les années 80, le groupe hardcore/trash crossover aux accents heavy délivre une performance électrisante : aucun des 5 musiciens ne s’est économisé. Ils sautent, courent, crient, on est presque étourdis comme devant un cartoon. Les rythmiques sont ultra puissantes et passent du rapide au lent de manière assez dévastatrice (Dave Lombardo derrière les fûts), avec les solos de guitare heavy compulsifs de Dean Pleasants, et les slaps de Ra Diaz… La foule est surexcitée, preuve en est : l’immense nuage de sable qui se dégage du devant de la scène. Suicidal est heureux sur scène et ça se voit. “Believe in yourself!”. Samedi se termine.

 

Dimanche

Skindred

On passe devant Motionless In White en croyant entendre une voix “empruntée” à Manson… Mais c’est devant Skindred que nous nous posons. Enfin “poser” n’est peut-être pas le terme adéquat. Les Anglais ont assuré comme un groupe véritablement taillé pour le live. L’engagé Kill the power a secoué le public et les 5 membres du groupe ont réussi le pari de nous emporter de Clisson jusqu’en Jamaïque avec leur métal ragga puissant. Un son bien 90’s, parfois à la Rage, emmené par Benji Webbe, chanteur à l’identité vocale facilement identifiable.

Nostromo

C’est sous l’Altar en fin d’après-midi que nous découvrons pour la première fois les Helvètes, après 11 années d’absence. De la violence et un défouloir pour casser du bitume sur un grind qui fait secouer les pieds, les bras et la tête alouette… et réveillent nos instincts les plus primaires. Nostromo veut faire sauter tout le monde. Après 10 heures de route, ils ne sont pas venus pour rien et nous non plus.

Prophets of Rage

Résumons : Prophets ce sont trois anciens membres de Rage Against The Machine (RATM), un DJ et le chanteur historique (Chuck D) de Public Enemy, plus le vocaliste de Cypress Hill (B. Real). Tout cela combiné donne un rap-métal engagé qu’ils expriment sur leur tout premier album paru l’année dernière lors des élections présidentielles américaines (bim!). Le show est fort, les musiciens arrivent sur scène le poing levé, B-Real coiffé d’un keffieh, le ton est donné. Le groupe communique sa haine de l’impérialisme américain, de Trump en particulier, et rappelle l’importance d’être unis dans la rébellion. L’union des publics, c’est ce qu’ils ont réussi à faire durant le Hellfest qui s’est transformé durant 1h30 en scène hybride métal/hip-hop. C’est une expérience plutôt marrante, au beau milieu de l’église du métal, de sauter sur le fameux et inusable Jump Around. Le groupe joue ses nouveaux morceaux et reprend les classiques en terminant par Killin in the name durant lequel de nombreux pogos surgissent partout, depuis le devant de la scène jusqu’au fond. La foule en liesse se sépare enchantée et heureuse, gonflée à bloc pour continuer la soirée. Make America Rage again!

Jump! Jump! Jump!

Linkin Park

Groupe de nu métal californien fondé en 1996, Linkin Park met en émoi plus d’une jeune fille, fan de métal ou de pop qui prend le parti, soit de le crier haut et fort soit de le cacher comme un péché inavouable. Choix étonnant de la part du Hellfest de placer le groupe en tête d’affiche de la mainstage le dernier jour. Mais la foule est là qui scande les refrains des nombreux titres que nous avons tous déjà entendu sur les grandes ondes: In The end, Numb, From the inside, Breaking The Habit. Tous les tubes y passent et le public est heureux de retrouver les morceaux qu’il chantait à tue-tête durant son adolescence. Mais une partie de la foule n’est pas du même avis et le fait savoir sur le morceau soupe à l’oignon Heavy, durant lequel le frontman Chester Bennington a reçu un projectile. Le Hellfest élargit sa programmation au grand damn ou au grand plaisir des festivaliers, mais c’est le parti pris de Ben Barbaud qui assume ses choix. En tout cas, entre pop soap et morceaux plus métal, les musiciens assurent le show, c’est carré, le chanteur a une bonne voix, c’est « sympa ».

Slayer

Ce qui est stupéfiant, c’est d’enchaîner avec Slayer ! C’est comme du Metallica qui aurait pris de la coke, aussi brutal qu’un accident de bagnole pendant lequel on aurait tourneboulé trois fois avant d’atterrir dans le fossé. Et c’est dans cette fosse que le public reçoit toute la violence du groupe. Les musiciens sont stoïques, de marbre, exécutant leurs morceaux plus vénères les uns que les autres sans décoller une expression sur leur visage hormis un hochement de tête. Peut-être s’ennuient-ils ? Dommage. Mais le boulot est fait, efficace, on ne peut que se laisser emporter.

Le Hellfest, c’est fini pour nous. On en garde un très bon souvenir, une expérience à vivre absolument. C’est unique, on en prend plein les mirettes, c’est beau et le son est bon. Merci Ben Barbaud et toute l’équipe et à l’année prochaine !

 

Clara Vallet

Photos Carl Boisson

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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Une réflexion sur « Hellfest 2017 »

  1. KOUKOU CLARA super bien écrit ton article,clair,precis, carré, bien joué ;du coup ça me donne envie d aller voir sur yt les groupes dont tu parles; j attends la vision sur le tube , tu devrais avoir beaucoup de vues , ça serait chouette en attendant gros bisous , on t aime ,a plus

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