Résumé :
C’est l’une des plus grandioses œuvres de la littérature italienne, L’Enfer de Dante, qui est le fil conducteur de cette nouvelle aventure. En Italie, plongé dans une atmosphère aussi opaque que mystérieuse, le héros de Dan Brown, Robert Langdon, professeur de symbologie à Harvard va devoir affronter un adversaire diabolique sorti des limbes de l’Enfer et déchiffrer l’énigme la plus complexe de sa carrière. Elle le fait plonger dans un monde où l’art et la science de pointe tissent un écheveau qui exige de sa part toute son érudition et son courage pour le démêler. S’inspirant du poème épique de Dante, Langdon se lance dans une course contre la montre pour trouver des réponses et découvrir en traversant les Cercles de l’Enfer ceux qui détiennent la vérité… avant que le monde ne soit irrévocablement changé.
Avis :
L’arrivée d’un nouveau livre de Dan Brown se fait toujours attendre non sans une certaine fébrilité. Depuis le succès planétaire du Da Vinci Code (à ce jour, près de 90 millions d’exemplaires vendus), nous avions eu droit à la traduction des autres romans de l’auteur. Tous d’excellents titres, même si Anges & démons, le premier tome, mettant en scène Robert Langdon, était l’un de ses ouvrages les plus aboutis. Quatre ans après Le symbole perdu, Robert Langdon revient et s’attaque à l’œuvre de Dante, j’ai nommé La divine comédie, rien que ça…
Au fil de ses romans, Dan Brown tisse un panel de thématiques d’une rare densité. L’auteur porte un regard sur le passé, l’histoire pour observer l’avenir de l’humanité. Avec des vérités qui dérangent, suscitent des réactions et font couler de l’encre par hectolitres, Dan Brown manie les faits historiques pour mieux troubler son lectorat. L’une des facettes de son talent réside dans le savoir-faire de mélanger vérités et hypothèses. Une approche qui a remué de nombreuses polémiques, notamment sur l’éventuelle descendance de Marie-Madeleine et de Jésus ou du rôle des templiers pour ne citer que celles-ci.
À cela, il faut compter aussi sur la manière inégalée d’implanter ses récits dans des cadres étonnants, voire majestueux. Dans le cas d’Inferno, nous traverserons Florence, Venise pour terminer sur une petite escale en Turquie, plus précisément à Istanbul. Outre le fait d’un voyage dépaysant, l’on assiste sans complaisance et sans temps mort à une visite guidée des différents sites, portée par la magnificence des monuments et le passé caché derrière ces pierres. Avec un vocabulaire simple et quelques phrases bien placées pour poser l’ambiance des cités italiennes et turques, Inferno dispose à coup sûr d’endroits magiques.
Il est intéressant de noter que le style de l’auteur n’a rien perdu de sa verve. Outre les descriptions des lieux, l’intrigue nous entraîne derechef dans une course contre la montre dont on a du mal à s’extirper. Des chapitres très courts (104 pour être précis), dotés d’une densité rare et néanmoins accessible à tous, ainsi que d’une structure narrative très vive, parviennent à susciter l’engouement chez le lecteur. De fait, il s’avère très difficile de décrocher tant l’agencement est optimisé pour poursuivre l’aventure. Scénario qui, au demeurant, se révèle très bien ficelé et n’est pas avare en retournements de situation ou petites surprises.
À cela, l’œuvre de Dante fait l’objet d’un soin tout particulier. À la fois respectée, discrète et néanmoins omniprésente au fil des pages, La divine comédie se font à merveille dans le paysage contemporain si bien que l’on a l’impression de contempler le reflet de notre époque. L’une des grandes forces de l’auteur étant de conjuguer le passé et le présent avec un dénominateur commun sans que l’un n’entre en contradiction avec l’autre. L’on sent une documentation fournie et incroyablement précise durant la progression de l’intrigue. Même les inconditionnels de Dante ou de voyages risquent de découvrir des anecdotes intéressantes sur les différents sujets exposés.
Si l’on veut pinailler quelque peu, les protagonistes sont assez inégaux. Le duo de tête, Robert Langdon et Sienna Brooks, est irréprochable. Toutefois, les personnages secondaires auraient gagné à plus d’ambiguïtés. Il en découle une certaine prévisibilité de leurs comportements, mais dans l’ensemble, ils s’avèrent nettement dissemblables les uns des autres (tant physiquement que psychologiquement) pour faire illusion durant les 564 pages que composent le roman.
Au final, Inferno est un grand thriller ésotérique où le scénario inventif et réfléchi s’attaque à l’un des legs les plus importants de l’humanité sur fond d’une crise polémique que nous vivons actuellement (et il ne s’agit pas d’économie, de finance ou de politique…). On ne peut que rester admiratif devant tant de maîtrise technique sur la forme, mais on s’extasie également face à une course contre la montre dont on s’interroge sur la finalité. Entre le dépaysement du voyage, les enjeux que posent l’auteur et les conséquences à venir, l’on se trouve tiraillé sur une question d’éthique. Au-delà de ces considérations spéculatives et néanmoins bien réelles, Inferno demeure avant tout un formidable roman à dévorer sans modération.
Note : 18/20
Par Dante