Titre Original : La Ragazza del Mondo
De : Marco Danieli
Avec Sara Serraiocco, Michele Riondino, Marco Leonardi, Stefania Montorsi
Année : 2017
Pays : Italie, France
Genre : Drame, Romance
Résumé :
Giulia, jeune témoin de Jéhovah, voit sa vie basculer lorsqu’elle rencontre Libero qui vient de sortir de prison. Leur amour interdit conduira Giulia à l’exclusion totale de sa communauté. Avec lui, un autre destin semble possible. En cherchant sa voie, elle découvre les dangers d’un monde extérieur au sien…
Avis :
Marco Danieli est un nom tout neuf dans le paysage de notre cinéma, même si ce dernier a déjà une petite carrière dans son pays. Il commence à tourner en 2006 avec un premier court-métrage. En 2006 et 2012, il va ainsi tourner cinq courts-métrages qui le feront peu à peu remarquer. En 2015, il commence à réaliser pour la télévision italienne. Ainsi, il tournera deux minis-séries cette année-là. Des séries qui le mettent dans la lumière et lui offrent ainsi les crédits pour faire son premier film.
Ce premier film, c’est « L’Affranchie » qui est sorti chez nous début Avril. Un premier film à peine visible dans nos salles, mais un premier film diablement intéressant de par son sujet.
On peut dire que Marco Danieli n’a pas choisi un sujet des plus simples, puisque « L’affranchie » parle des témoins de Jéhovah à travers une jeune fille de dix-neuf ans qui va voir ses convictions remisent en cause par un jeune homme. Si ce premier film est imparfait et qu’il détient des maladresses, il mérite toutefois qu’on s’y arrête, notamment pour le ton sensible et juste avec lequel le réalisateur parle de cette secte, mais aussi pour son actrice principale absolument prenante qui nous communique énormément en parlant très peu.
Giulia est une jeune fille de dix-neuf ans qui habite avec ses parents. Tous sont témoins de Jéhovah et le quotidien de Giulia est guidé par les prêches et les tracts qu’elle distribue avec une amie afin de convertir les gens de sa ville. Un jour, elle rencontre Libero, le fils d’une femme que Giulia a réussi à convertir. Libero sort tout juste de prison, et il est très loin de se convertir à la « religion » de Giulia. Cherchant du travail, Giulia le fait embaucher par son père dans l’usine que ce dernier détient. Très vite, Giulia se sent attirée par le jeune homme, mais cette attirance est interdite par son dieu, car elle est impure et pêchée. Pourtant, malgré les interdits, Giulia va commencer à entretenir une relation avec ce garçon.
Premier film de son réalisateur, Marco Danieli s’aventure sur un sujet rare et presque tabou sur les écrans. « L’affranchie« , c’est une exploration de l’univers des témoins de Jéhovah à travers une histoire d’amour interdite. En quelque sorte et dans les grandes lignes « L’affranchie« , c’est le « Roméo et Juliette » de la religion.
« L’affranchie » est un film qui commence lentement, qui prend son temps pour présenter cette religion controversée. Particulièrement documenté, le film de Marco Danieli s’avère très prenant, car c’est un tout autre monde que le réalisateur nous présente. Un monde qu’il présente en détail dans ce qu’il peut avoir de mauvais, mais aussi ce qu’il peut avoir de bon.
Sans jugement, seulement en filmant le quotidien de ses personnages, le réalisateur nous plonge au plus près de Giulia, de ses contradictions, de ses envies, de son désir et de ses frustrations. À travers cette première partie, le réalisateur évoque les études, les prêches, le regard des témoins de Jéhovah sur le monde, et ainsi, le regard du monde sur ces hommes et ces femmes. Il évoque aussi l’amour naissant, les attirances, et ce que l’on sait normal qui n’est qu’interdiction chez l’autre. On appréciera le fait que le réalisateur n’appuie pas sur ces scènes, laissant sa caméra comme témoin, et ainsi nous laissant le choix de ce que l’on veut en penser.
Si le film est très beau et convaincant dans sa première partie, on sera un peu moins convaincu par la seconde, dans le sens où même si l’intrigue tient la route, elle apparaît comme trop facile et quelque peu clichée, ce qui est dommage. Alors bien entendu, le tout se laisse suivre et arrive à nous captiver, mais il n’y a pas ce « charme » que dégage la première moitié du film. L’intrigue qui tourne autour de la vie des personnages une fois qu’ils ont fui, est poussive. Le film n’avait pas forcément besoin de basculer de ce côté-là. Et finalement, les seuls moments où le film est vraiment prenant, c’est quand le personnage de Giulia a des remords et regrets, ou encore de l’espoir autour de la secte. Dès que le réalisateur aborde ces sujets-là, le film est prenant, alors que quand il tourne autour des dealers, on a déjà vu ce genre de film, qui fait un peu « Les malheurs de Sophie » et finalement, on s’y intéresse moins. Heureusement, le réalisateur arrive toujours à nous rattraper et conclut son film de très belle manière.
Je ne pourrais pas parler de « L’affranchie » sans faire un arrêt sur son actrice principale, Sara Serraiocco. Jeune actrice quasi-débutante, elle crève l’écran dans ce film qui est son premier grand rôle. Sara Serraiocco communique énormément à travers ce personnage et arrive à nous toucher et nous faire ressentir les contradictions de son personnage avec très peu de texte. Elle forme un très beau couple de cinéma avec son partenaire Michele Riondino, acteur tout aussi talentueux et captivant qu’elle.
Mélange de film romantique et de drame qui aborde un sujet difficile et casse-gueule, Marco Danieli nous livre un premier film qui séduit et qui prend grâce au recul et au non-jugement de son réalisateur. Et même si le film a des défauts, même si le film est poussif parfois, il n’en reste pas moins bon et c’est avec plaisir qu’on découvre un nouvel œil.
Note : 14/20
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Par Cinéted