avril 26, 2024

La Colère d’un Homme Patient

Titre Original : Tarde Para la Ira

De : Raul Arevalo

Avec Antonio de la Torre, Luis Callejo, Ruth Diaz, Raul Jimenez

Année : 2017

Pays : Espagne

Genre : Thriller

Résumé :

Un homme attend huit ans pour se venger d’un crime que tout le monde a oublié.

Avis :

Raúl Arévalo est un acteur qui est très connu en Espagne, notamment pour ses rôles à la télévision. Pour le grand écran, l’acteur a aussi une très belle carrière et il a tourné pour les plus grands noms de son pays, Álex de la Iglesia, Pedro Almodovar, Alberto Rodríguez ou encore Daniel Sánchez Arévalo. Comme beaucoup de comédiens, Raúl Arévalo s’est vu intéressé pour mettre en scène ses propres films et il commence ici avec « La colère d’un homme patient« .

Très bien accueilli en Espagne, le film aux trois Goya, dont meilleur réalisateur, meilleur nouveau réalisateur, ainsi que celui du meilleur scénario, arrive enfin chez nous.

« La colère d’un homme patient » mérite-t-il les beaux éloges qu’on lui a faits ? « La colère d’un homme patient » est-il la nouvelle bombe venue du cinéma espagnol ? Va-t-on découvrir un nouveau réalisateur digne d’intérêt ? Et bien la réponse est un grand et magnifique oui !

Débarquant avec un film qui se niche entre le drame, le thriller et le western moderne, Raúl Arévalo nous offre surtout une profonde analyse de la souffrance d’un homme. Une souffrance qui va amener un homme normal et sans histoire à basculer dans la plus violente et impitoyable des vengeances et l’on en ressort totalement conquis.

La vie de José s’est arrêtée il y a huit ans, quand sa fiancée est morte dans ses bras, victime collatérale d’un braquage de la bijouterie dans laquelle elle travaillait. Depuis, José n’est guidé que par une seule envie, se venger. De ce braquage, un seul homme sur les quatre a été arrêté et condamné. Cet homme s’appelle Curro, et il n’était que le chauffeur et il affirme ne pas connaître les autres braqueurs. Lui avait été engagé à la dernière minute pour simplement conduire le véhicule. Condamné à huit années de prison, José à attendu patiemment sa sortie.

« La colère d’un homme patient« , un titre évocateur qui en dit déjà long sur la souffrance que le réalisateur va mettre en images.

Pour son premier film, Raúl Arévalo nous emporte dans une intrigue douloureuse, auprès d’un personnage quasiment mort, pour un film qui sera imprévisible, différent de ce à quoi l’on s’attend et parfaitement implacable.

Très bien tenu dans son rythme et son histoire, le jeune cinéaste nous offre un film tendu qui va n’être qu’une montée en puissance. Si au départ, son thriller s’avère assez classique, très vite, « La colère d’un homme patient » va sortir des rangs habituels, pour nous présenter autre chose.

Divisé en deux grandes parties, marqué de plusieurs chapitres qui accentuent la colère du personnage, on se laisse prendre avec beaucoup de curiosités et d’intérêt par ce film. Raúl Arévalo nous présente bien son personnage, son histoire et ceux qui l’entourent. Le portrait est aussi profond que son histoire est dure. Sans vie ou presque, guidé par un seul sentiment, on est touché par la non-émotion qui se tire de ce personnage. Le scénario tient parfaitement la route et sait se rendre surprenant, de par la direction que prend son histoire, de par la montée de sa violence qui en sera touchante et compréhensible, alors même qu’elle est interdite. Car oui, c’est bien une vengeance qu’on va suivre et au fur et à mesure que le film avance, Raúl Arévalo va transformer cet homme sans vie en un meurtrier sans état d’âme. Un meurtrier dont finalement, à la fin, on ne sait si sa vengeance lui aura permis ou non de se sentir mieux.

Raúl Arévalo ne nous mâche pas le travail, et l’on quitte son film en se faisant son propre avis, sur son, ou plutôt, ses personnages. Ici, il n’est pas question de donner un jugement sur ces hommes, le réalisateur nous présente une histoire, un drame, une souffrance, il analyse un processus qui va conduire un homme ordinaire à l’extraordinaire. Il nous présente ainsi une vengeance froide, violente, impitoyable et nous laisse sur un regard. À vous d’en conclure avec ce que vous avez ressenti. Et c’est en ne le jugeant à aucun moment, c’est en nous le présentant avec ce qu’il a de bon, de beau, de mauvais et de violent que Raúl Arévalo nous touche. Et c’est son impartialité qui fait le gros point fort de son film.

« La colère d’un homme patient » est donc un film qui réussit parfaitement dans son écriture, mais c’est aussi un film qui va réussir dans sa mise en scène. Film âpre, austère, et parfaitement implacable, Raúl Arévalo filme cette vengeance comme un western moderne. Jouant avec les codes, c’est peu à peu que le réalisateur nous sort des villes pour aller à la rencontre d’une Espagne brûlée par le soleil et la chaleur. Une Espagne fascinante qui apporte une ambiance et un décor parfait pour le drame qui va se jouer.

Si au départ, « La colère d’un homme patient » a tout d’un thriller presque convenu, tant on l’a déjà vu, le réalisateur va nous surprendre en osant autre chose, en s’aventurant plus loin que d’accoutumée et rien que pour ça, en plus de son histoire, « La colère d’un homme patient » mérite qu’on s’y arrête.

Pour incarner cette colère, cette rage patiente et calme en même temps, il fallait un acteur puissant de charisme. Un acteur qui sache tenir en pression, en suspens et en émotion par un simple regard et Raúl Arévalo l’a trouvé en son pote Antonio de la Torre avec qui il a déjà travaillé plusieurs fois, et franchement, le choix parait évident tant l’acteur nous offre le meilleur et le plus touchant. Face à lui, et pour l’accompagner dans sa vengeance meurtrière et maîtrisée, on trouvera l’inquiétant et pourtant tout aussi touchant Luis Callejo.

« La colère d’un homme patient » est donc un excellent film, aussi rude que passionnant et touchant. Pour son premier film, Raúl Arévalo prend des risques, ose s’aventurer autre part, joue avec les ambiances et les styles et nous offre au final, un grand film sur la souffrance, et comment celle-ci peut transformer un homme bien en un tueur impitoyable.

Note : 16/20

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Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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