Avis :
Il y a des groupes de métal qui n’ont pas besoin de beaucoup de temps pour s’imposer sur la scène musicale. Formé en 1999 après un concert du groupe High on Fire, Mastodon va rapidement proposé deux albums et un EP qui les feront sortir de l’ombre. Signant rapidement sur un label de chez Warner, le groupe va continuer à alterner des titres entre le death métal mélodique et le sludge, prônant des rythmiques lourdes et denses. Alors que le label lance plutôt des groupes pop, Mastodon reste fidèle à son crédo et propose toujours des sons aussi violents que techniquement irréprochables. Et c’est en 2004 que le groupe devient l’une des références du métal et va enchainer les concerts et les tournées pour devenir un incontournable. Arpentant un style inimitable et novateur, le groupe évolue encore et toujours, album après album, arrivant constamment à se renouveler et à prouver qu’ils ont un talent immense. Trois ans après Once More ‘Round the Sun, la formation revient sur le devant de la scène avec Emperor of Sand, affichant une jaquette digne des gros groupes de Power Métal, mais proposant pourtant au départ un hit presque radiophonique qui risque d’en surprendre plus d’un. Mais lorsque l’on plonge dans l’album, on se rend vite compte que Mastodon est bel et bien présent et qu’ils ont toujours la pêche.
Le deuxième titre est le morceau choisi par le groupe pour vendre ce septième album studio. Show Yourself est assez intéressant dans la démarche du groupe, car il est vraiment différent de ce à quoi on s’attend. Véritable morceau de hard rock radiophonique, le titre démarre sur les chapeaux de roue, ne laissant finalement que peu de temps aux instruments pour se mettre en place et l’ensemble se trouve être hyper efficace. Dynamique, puissant, entêtant, le groupe ne propose pas de break psychédélique, mais il emporte son auditeur dans d’autres sphères, avec notamment des solos techniquement irréprochables. On retrouvera cela dans une moindre mesure avec Steambreather, qui demeurera plus complexe dans sa structure, mais qui aura toujours cette aura de musique hard rock avec un chant clair puissant qui donne immédiatement un côté accessible au morceau. Si les grattes lors des couplets sont relativement lourdes, la batterie est complètement folle et l’ensemble forme quelque chose de tout de même plus puissant que Show Yourself. Ancient Kingdom est un peu dans ce style aussi, même si là, on est vraiment dans un métal plus rapide lors du couplet et on retrouve cette légèreté rock dans le refrain et des guitares plus aériennes et donc marquant plus une rupture avec le reste du morceau. Il s’agit d’ailleurs de l’un des meilleurs titres de l’album.
Mais le groupe ne se repose pas non plus sur des rythmiques plus accessibles pour le grand public et va livrer des morceaux très lourds, sillonnant toujours le domaine du sludge avec des riffs lourds et parfois assez lents. Ainsi donc, cela commence avec Sultan’s Curse, un titre qui possède une ambiance assez caractérisée et qui montre toute la capacité du groupe à faire des riffs puissants et à alterner les voix avec les trois chanteurs. Car Mastodon, c’est aussi une variation de chant, avec une voix plus claire que les autres et une autre plus grave, plus nasillarde, faisant penser de temps à autre à celle de Zakk Wylde. On peut donc citer Roots Remains, un long titre qui lorgne du côté du progressif, alternant des couplets surpuissants et un refrain plus rock mais toujours avec des accents métalliques fort prononcés. On peut aussi parler de Clandestiny et de son break psychédélique à grands renforts de clavier et de voix transformées pour faire comme si un robot parlait. Il en résulte un titre rapidement addictif, dont la batterie se donne à cœur joie et dans lequel on ressent parfaitement les changements vocaux. Mais Mastodon, c’est aussi des morceaux très métal, très lourd dans les riffs et la rythmique, comme pour Andromeda, qui pour le coup est clairement un morceau de sludge ou encore Scorpion Breath, le titre le plus violent de l’album, qui ne fait pas dans la dentelle malgré une introduction arabisante du plus bel effet. Le thématique étant le désert et la survie dans un milieu chaud, le groupe trouve le juste équilibre pour parler de cela et le résultat est à la hauteur de nos espérances. Tout comme Jaguar God qui clôture l’album et qui montre crescendo, commençant avec une guitare sèche et une jolie ritournelle pour finir sur des riffs gras et surpuissants.
Au final, Emperor of Sand, le septième album de Mastodon, est une galette qui tient toutes ses promesses, montrant que Mastodon est une bête imposante et régissant parfaitement toute la scène métal. On se retrouve face à un skeud puissant, intelligent et parfaitement maîtrisé du début à la fin, qui laisse pantois devant tant de talent et surtout de variation. Le groupe peut arpenter le chemin du rock, du hard ou du métal sans pour autant que cela soit perçu comme une baisse de régime. Bref, encore un grand album pour ce groupe qui mérite toute l’attention qu’on lui porte.
- Sultan’s Curse
- Show Yourself
- Precious Stones
- Steambreather
- Roots Remain
- Word to the Wise
- Ancient Kingdom
- Clandestiny
- Andromeda
- Scorpion Breath
- Jaguar God
Note : 18/20
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Par AqME