mars 19, 2024

Lazarus

Auteurs : Greg Rucka et Michael Lark

Editeur : Glénat

Genre : Science-Fiction, Thriller

Résumé :

Le monde est en guerre. La famille Carlyle doit maintenant se battre pour se défendre. Alors que Malcolm Carlyle est aux portes de la mort, ses frères et sœurs ont du mal à garder le contrôle. D’autant que la guerre et la trahison vont de pair. Et une révélation surgissant du passé pourrait bien changer la vie de Forever pour toujours…

Avis :

Quel que soit le média choisi, la dystopie est l’une des branches de la science-fiction les plus intéressantes à explorer, notamment pour son discours sur les errances d’une époque donnée et sa résultante dans un avenir plus ou moins proche. Dans le domaine du 9e art, on peut citer Nikopol ou V pour vendetta ; des incunables en la matière. Pour autant, il ne suffit pas de travailler sur un genre, mais de trouver une idée capable d’user de ses codes tout en proposant un concept original ; sinon suffisamment habile pour transporter le lecteur au-delà des barrières du temps et de l’imagination. Dans un paysage d’œuvres indépendantes et fournies, Lazarus parvient-il à se démarquer ?

Grands habitués des univers DC et Marvel (Daredevil, Batman, Punisher…), les deux coauteurs ont, de leur côté respectif, réussit à imposer leur style. Greg Rucka pour une narration aussi sensible que nerveuse ; Michael Lark pour une signature graphique assez bluffante. Toujours est-il que leur association donne lieu à une incursion futuriste qui délaisse à dessein les repères temporels pour se concentrer sur une géopolitique de l’Amérique du Nord pour le moins déstabilisante. Les pays n’existent plus et les anciens états sont divisés et régis par des familles dont le fonctionnement pyramidal emprunte autant aux multinationales qu’à l’univers mafieux.

Entre la dictature et l’organisation criminelle, cette forme de « gouvernement » aux faux airs d’anarchie relègue les masses au rang de déchets (un terme littéral dans le comics). Après moult examens physiques et intellectuels, une poignée de privilégiés s’élève au rang de serfs, sorte d’esclaves modernes qui jouissent du privilège d’un emploi. On se doute qu’en pareil cas de figure, la loi du Talion prévaut sur l’altruisme. De circonstances, le pessimisme précède à une atmosphère délétère qui n’offre aucun espoir. Enfin, pour les faibles et les démunis… Une approche aussi sombre que brutale qui va faire de la notion d’asservissement son point de mire au fil des épisodes.

Si les premiers tomes se révèlent une simple mise en bouche pour poser les bases de cet univers et des personnages, les suivants tendent à élargir les horizons pour ajouter en complexité et en richesse. C’est pourquoi la trame de certains livres peut se montrer creuse et frustrante tant chacun d’entre eux se parcourt vite en égrenant son lot d’interrogations. Quid de la nature des lazares, les protecteurs des familles ? L’échelle temporelle a-t-elle une influence ? Au vu de certains dialogues, l’hypothèse reste plausible. En cela, Lazarus est une série qui se découvre progressivement et propose un point de vue évolutif qui exige une certaine patience de la part du lecteur.

Preuve en est avec Forever, le personnage central, qui paraît fade et impavide dans les premières pages avant de gagner en profondeur et en sensibilité. Même constat pour la trame principale qui bascule vers le post-apocalyptique au sortir des résidences familiales et autres forteresses high-tech. Les reliques de l’Ancien Monde sont encore visibles à travers des symboles éculés (le panneau Hollywood, la statue de la Liberté…), des mégalopoles dévastées et des plaines sauvages qui ne sont pas sans rappeler certains road-movies ou westerns futuristes. Un choix pleinement assumé qui vient accentuer les sentiments de perdition et de désespoir qui émanent des livres.

Malgré quelques errances en début de parcours, Lazarus présente une vision particulièrement pertinente et percutante du consumérisme et de l’exploitation des masses au profit d’une élite intouchable. Si l’intrigue peut paraître extrémiste sur certaines de ses idées, il n’en demeure pas moins que la cohérence des propos et les jeux de faux-semblants entretiennent l’intérêt qu’on lui porte au fil des épisodes. Relativement précautionneuses dans l’usage des dialogues, certaines séquences se passent de mots pour mieux laisser parler la violence des images. Entre la dystopie et le post-apocalyptique, Lazarus se veut une œuvre nihiliste d’où suinte une brutalité physique et psychologique peu commune.

Note : 15/20

Par Dante

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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