avril 25, 2024

Coffy

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De : Jack Hill

Avec Pam Grier, Booker Bradshaw, William Elliott, Sid Haig

Année: 1973

Pays: Etats-Unis

Genre: Action

Résumé:

Infirmière et mère d’une fille droguée, Coffy prend les armes et décide de donner la chasse aux dealers.

Avis:

La culture afro-américaine est une culture riche et remplie de personnes talentueuses. Cependant, avec son historique bien lourd à porter, les Etats-Unis n’ont pas toujours permis à ce peuple de s’exprimer et bien souvent, c’est dans l’oppression et le mutisme que la culture black s’est développée. Dans les années 70, le cinéma décide de revaloriser cette culture et de mettre en avant des acteurs, des musiciens et même des artistes noirs pour bien montrer toutes les qualités de ces gens. C’est alors que surgit le phénomène de blaxploitation, où certains films ne font tourner que des acteurs afro-américains afin de redorer le blason de cette population. Certains films deviendront même cultes et des acteurs sortiront du lot pour ne plus jamais quitter les studios au fil des ans. Parmi tous les talents révélés, on trouve Pam Grier. Egérie de Quentin Tarantino pour son film Jackie Brown, l’actrice a connu ses heures de gloire durant les années 70, où elle faisait valoir son talent et sa plastique superbe. Coffy est certainement son film le plus connu, un métrage de vigilante où elle tient la vedette, en abusant de ses formes.

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Portrait de femme forte, dénonciation du marché de la drogue qui tue les enfants dans les rues, Coffy est un pamphlet pour la justice et l’auto-justice, qui aurait bien du mal à trouver les salles obscures aujourd’hui. Non pas par son fond, qui veut démontrer les méfaits de la drogue et la corruption de la police, mais surtout par sa forme et son exubérance, n’hésitant pas à montrer des seins pour attirer le chaland ou pour appuyer le réalisme de certaines scènes. Car finalement, sous ses aspects de Blaxploitation, Coffy semble vouloir dire plus de choses que de simplement mettre des blacks sur le devant de la scène. En premier lieu, on pourra parler de ce marché de la drogue. Un marché visiblement lucratif qui marche plein pot et qui est tenu par un cartel aussi mystérieux qu’omniprésent. Coffy traine son corps de bars en salles de réception afin de remonter un fil dangereux mais dont la police semble incapable de tirer parti. On retrouvera donc un semblant d’enquête, et bien entendu des rebondissements qui ne surprendront que trop peu aujourd’hui. Car c’est la principale faiblesse de ce film, le fait que tout soit relativement prévisible et sans surprise quant aux membres directifs de ce marché de la drogue. Rien de bien méchant cependant, mais suffisamment pour ne pas être surpris.

Mais ce n’est pas tout, Coffy dénonce aussi la corruption de la police et pas seulement de la police blanche, puisqu’ici toutes les ethnies sont touchées. Montrant son intelligence dans sa volonté de ne pas faire de racisme, Coffy touche tout le monde et parfois les blacks sont au-dessus des blancs comme ce maquereau qui dirige des escorts blanches pour une clientèle particulière. Du coup, on retrouve aussi une critique acerbe sur le marché de la femme et l’exploitation du corps. Une exploitation frontale dans le film qui n’hésite pas à tout montrer, non seulement pour flatter la libido masculine mais aussi et surtout pour dénoncer la cruauté de ce marché et la façon honteuse qu’ont les hommes de traiter les femmes, les laissant s’écharper pour voir deux petits mamelons. C’est assez intelligent de procéder comme cela, puisque certains n’y verront que l’occasion de se rincer l’œil (surtout que par moments c’est assez gratuit), mais d’autres pourront y déceler une volonté de montrer pour dénoncer.

Mais si dans son fond Coffy reste très intéressant, c’est plutôt dans sa mise en scène que le film pêche un peu. En effet, si certains plans semblent gratuits afin de montrer des boobs sans trop de raisons, la réalisation de Jack Hill est assez plate et ne détient pas forcément de scènes cultes. En fait, le film doit beaucoup à la beauté saisissante de Pam Grier qui joue parfaitement avec les courbes de son corps. Pour le reste, on restera assez inactif devant ce film qui se contente du minimum, malgré une première séquence impressionnante par sa violence et la tête qui vole en éclat tout l’impact d’un fusil à canon scié. Malheureusement, le film ne suivra pas cette dynamique tout du long, préférant par la suite mettre en avant une enquête et une relation amoureuse difficile dont on se serait bien passés. Et c’est dommage car le film avait des atouts pour devenir aussi culte que Shaft, mais finalement, il ne restera qu’un bon film, plus intelligent qu’il n’y parait mais auquel il manque un petit plus pour pleinement satisfaire.

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Au final, Coffy est un très bon film, qui n’a pas trop vieilli et qui détient de bonnes séquences. Le film est intéressant par son fond et par la façon dont est amenée la réflexion autour de la drogue et de la corruption policière, mettant en avant un personnage féminin fort qui doit se faire justice toute seule. Le principal défaut du métrage viendra dans son rythme parfois trop lent et dans la gratuité de certaines scènes pour attirer le chaland masculin. Il n’en demeure pas moins un film très intéressant, dont la thématique reste d’actualité et qui détient un souffle libertaire salvateur quand on regarde la censure qui sévit aujourd’hui. Bref, un film plaisant qui trouve un écho encore maintenant malgré sa quarantaine passée.

Note: 15/20

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AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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