avril 25, 2024

La Légende de Noor

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Auteurs : Eric Corbeyran et Alice Picard

Editeur : Delcourt

Genre : Fantasy

Résumé :

Solitaire, le prince Noor aime passer du temps auprès d’Old’ork, le puissant mage de la Cour, qui a détecté chez lui quelques prédispositions. Pour lui complaire, il est prêt à tout, y compris à approcher de l’arbre ancien sacré malgré l’interdiction royale. Une bien mince affaire si le splendide végétal n’incarnait pas le symbole des anciennes croyances du peuple que ses parents voudraient éliminer pour asseoir pleinement leur autorité. Après des années à supporter ce défi vivant, les souverains de Nym décident finalement d’employer les grands moyens pour l’éradiquer à tout prix. Un choix qui va faire basculer la vie de Noor et réveiller les forces mystérieuses de la Déesse Creuse.

Avis :

Le domaine de la bande-dessinée est devenu un monde à part entière depuis quelques temps grâce à des ventes records et à une certaine démocratisation, présentant cela comme de la littérature, au même titre qu’un roman. Mais c’est aussi un monde où la crise sévit depuis plusieurs années, notamment à cause des ventes et des choix de publication de certains éditeurs peu scrupuleux. En effet, si auparavant les dessinateurs vivaient à peu près correctement, grâce à des ventes moyennes ou excellentes, aujourd’hui, seuls les dessinateurs de grosses séries qui se vendent gagnent leur vie. A côté de ça, les éditeurs, dont Soleil est devenu un spécialiste, préfèrent maintenant couper court à une série qui ne se vend pas, au détriment de ceux qui ont commencé à acheter. Delcourt préfère un autre chemin, laissant finir les cycles ou les séries et arrêtant lorsque l’histoire est terminée. On voit bien là un respect complet du lecteur, qui permet de faire vivre l’éditeur. Weëna fut un très bon moment de lecture mais qui a connu un destin funeste à cause des ventes et dont un seul cycle subsiste. Ce qui n’a pourtant pas empêché l’équipe de se relancer dans une préquelle, tournant autour des origines de l’ancêtre de Weëna.

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La Légende de Noor se présente donc comme un spin-off de la série mère, permettant aux lecteurs de la saga originelle de se replonger dans un univers de High Fantasy plutôt frais et non dénué d’intérêts. On retrouve donc des personnages connus, non pas pour leur design ou leur caractère, mais bel et bien pour leur background déjà plus ou moins évoqué chez Weëna. Cependant, ce n’est pas tant les personnages qui tiennent la dragée haute dans cette nouvelle série, mais surtout l’histoire de Noor, l’un des trois fils de l’ancien roi et qui fait partie de la branche invisible, celle de la magie. Une magie qui déplait fortement au pouvoir nouvellement en place, voulant à tout prix être au centre des intérêts et prônant une religion unique. Sauf que l’on sait que ce n’est pas la bonne solution et les pratiquants d’une religion proche de la nature sont alors bannis ou emprisonnés. Du coup, cette série ressemble un petit peu à ce que l’on vit dans la vie de tous les jours, résonnant comme un pamphlet sur le gouvernement instauré et la propension des religions uniques à ne pas accepter l’autre.

On retrouve alors tout ce qui fait le charme des guerres de religion avec ce qu’il faut de massacre, de destruction et d’annihilation de représentation d’une ancienne divinité. La Légende de Noor n’épargne alors pas le lecteur avec des plans sauvages et des tueries où le gore est bien mis en avant afin d’appuyer un propos d’une violence incroyable. Mais cette bande-dessinée, c’est aussi l’occasion de se replonger dans un univers coloré et relativement plaisant. Sans en faire des caisses mais donnant dans des teintes beaucoup plus chaudes, La Légende de Noor se veut plus travaillé sur le dessin et sur l’ambiance onirique donnée.

En effet, si on reconnait rapidement le trait d’Alice Picard, qui est toujours aussi maîtrisé, il y aura une nette différence avec Weëna. En premier lieu parce que l’action se déroule dans un endroit où il faut plutôt chaud, mais aussi et surtout parce que l’on retrouve une ambiance plus éthérée, plus proche de esprits de la nature et bizarrement plus joyeuse. Il y a une réelle distance entre l’ambiance chaude et les massacres relativement crus, offrant alors un panel surprenant et finalement pas dénué de sens. Mais l’autre point important concernant les dessins, c’est clairement le bestiaire choisi qui montre une imagination débordante, mais aussi et surtout une cohérence entre l’univers des protagonistes et le monde des esprits. On se réjouira aussi de la colorisation, faite d’aquarelles du plus bel effet, appuyant ce monde délétère et immatériel. On se souvient encore des derniers tomes de Weëna qui étaient catastrophiques au niveau colorisation, notamment à cause d’un aspect numérique qui rendait l’ensemble trop manga. Là, on s’éloigne clairement de cela pour revenir à des bases plus saines, plus cohérentes avec l’univers et le public visé.

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Au final, La Légende de Noor est une bonne petite série. Si pour l’instant (là, maintenant, au moment où j’écris ces lignes) un seul tome est sorti, il révèle un joli potentiel grâce à une histoire plaisante, dynamique et un personnage principal attachant et plein de vie. Les dessins seront aussi de la partie, d’une beauté incroyable, mis en avant avec des teintes pastel de toute beauté. Bref, sans être non plus le chef d’œuvre du neuvième art, La Légende de Noor se révèle être un jolie petite surprise.

Note : 15/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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