avril 20, 2024

Batman – Le Culte

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Auteurs : Jim Starlin et Bernie Wrightson

Editeur : Urban Comics

Genre : Super-Héros/Horreur

Résumé :

Lorsque le Diacre Blackfire arrive à Gotham, il entraîne avec lui une armée de sans abri destinée à combattre le crime… mais son but est en réalité bien plus sinistre. Confronté à cette nouvelle menace, Batman se verra à son tour prisonnier de ce culte machiavélique.

Avis :

Le comics a eu une telle répercussion aux Etats-Unis que dans les années 70/80, une commission de censure s’est tenue afin de ralentir les élans créatifs de certains scénaristes pour ne pas choquer la jeunesse ou tout du moins pour ne pas lui inculquer de mauvaises choses. Ainsi, Batman est devenu un personnage ayant perdu de sa noirceur, de sa colère et il devint un détective grimé sans grande saveur. Cependant, le but premier d’un comics est de divertir, et s’il peut amener de nouvelles choses, c’est un bonus non négligeable, mais pour la plèbe, le bu premier, c’est de passer du bon temps. Sauf que lorsqu’un propos est constamment édulcoré, le lecteur risque fort d’être écœuré et c’est ainsi que les ventes de comics ont commencé à chuter. Fort heureusement, certains scénaristes ont eu de la suite dans les idées et ce sont vite engouffrés dans une bêche afin de proposer de choses plus sombres, plus matures et forcément plus intéressantes.

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Dans le lot, on peut compter sur le scénariste Jim Starlin, un vieux roublard qui commença sa carrière sur Spider-Man avant de co-créer un certain Thanos. Quand on lui demande alors un travail sur Batman, il va s’allier avec Bernie Wrightson, un dessinateur connu pour ses traits horrifiques et son adaptation de Creepshow de Stephen King en comics. De leur collaboration va alors naître Batman Le Culte, une petite histoire qui se concentre sur le fanatisme religieux avec une jolie pointe d’horreur et un message cynique sur la pauvreté et la croyance. Bref, il ressort de ce travail un objet inédit, qui pousse Batman dans une vision d’horreur et qui va se retrouver à part dans la mythologie du dark knight.

Loin des Batman binaires avec un grand méchant psychopathe à arrêter, Jim Starlin préfère poser son récit sur un constat sociétal. Le diacre Blackfire arrive à Gotham et lève une armée de sans-abri afin de combattre le crime de façon radicale. Sauf que l’introduction ne commence pas ainsi, ceci est le fond de l’histoire. Le scénariste pose son récit dans un constat alarmant, Batman est fait prisonnier et il va subir une torture psychologique. Ancrant directement son récit dans l’urgence et le danger constant, Jim Starlin propose d’emblée un héros en état de faiblesse et complètement manipulé par un être charismatique et manipulateur. Bien loin des folies du Joker ou de Double-Face, le diacre Blackfire possède véritablement une aura et un plan pour conquérir Gotham. Il en ressort donc, dès les premières pages, une angoisse constante où Batman semble totalement impuissant, apeuré à son tour.

Le dessin de Bernie Wrightson est parfait pour ce genre de récit. Avec des contours épais et de gros aplats de noir, le dessinateur s’en donne à cœur joie et c’est bien la première fois que l’on va avoir droit à du gore dans un Batman. Décapitation, explosion de cervelles, beaucoup de choses, alors bien gores et inhabituelles pour un Batman, passent dans les vignettes et il y a une vraie ambiance pesante et glauque. Se déroulant principalement dans les égouts, tuant à tout va des politiciens, des truands et pendant haut et court les opposants à son régime totalitaire, on ressort de ce récit essoufflé et enthousiasmé par ce parti pris en dehors des codes des histoires de super-héros et donnant une nouvelle dimension à Batman.

Mais ce n’est pas tout. Parce qu’en plus de critiquer la politique et la religion, mettant en avant les dégâts d’un fanatisme poussé, le scénariste n’oublie pas la puissance des médias et de l’opinion publique. Ainsi, plusieurs fois dans le bouquin, on retrouve des interludes télévisuels avec une journaliste qui sonde le peuple de Gotham. Ménageant la chèvre et le chou, amenant une profonde réflexion sur l’évolution d’un avis en fonction des actes de la personne sondée, Jim Starlin propose une véritable critique de la force médiatique ainsi que de la puissance des plus faibles lorsqu’ils sont plusieurs. Il sonne ici un véritable signal d’alarme sur la politique qui laisse de côté les pauvres alors qu’ils pourraient très bien agir ensemble et devenir très fort, enclenchant une révolution. La fin, quant à elle, montre la faiblesse de l’homme et son incapacité à rebondir une fois le chef de file abattu ou ridiculisé. Il en résulte un message fort, que Batman appuie encore plus en laissant la plèbe faire son devoir face  un menteur qui les a transformés en criminels.

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Au final, Batman Le Culte est un récit puissant et étonnant. Baignant dans une horreur constante qui est à la fois fidèle à l’ambiance sombre du Dark Knight et en dehors des bases des histoires de super-héros, ce one shot sorti chez Urban Comics est la promesse d’un grand moment et d’une plongée ahurissante dans un récit plein de double-sens qui fait froid dans le dos, mais qui donne aussi beaucoup d’importance au sidekick Robin, devenant un sauveur, une bouée de sauvetage pour un héros à la dérive. Bref, une grande histoire.

Note : 19/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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