Avis :
Dans le domaine du métal, il arrive que certains groupes officient dans un genre qui n’est pas encore répertorié et qui n’appartient pas forcément à un style déjà existant. Que ce soit dans la fusion de deux genres ou alors à l’innovation surprenante d’un groupe, le métal est en perpétuel recherche de sous-genre et de mélange, offrant de nouvelles sonorités et des façons de chanter différentes. C’est ainsi que naquit le Deathcore, un mélange de Death métal et de Metalcore. Autant dire que l’ensemble ne respire pas la poésie, car si les riffs s’imprègnent directement du Death avec un côté mélodique, les breakdowns et chants du Metalcore suffisent à rendre le genre très violent et difficile d’accès. D’ailleurs, malgré son apparition à la fin des années 90, le Deathcore reste un genre dédié à la scène underground et les groupes ont du mal à percer là-dedans. Hormis Bring me the Horizon, qui a su tirer parti de ce genre, alternant avec des morceaux plus calmes et des mélodies plus douces avec un apport non négligeable du clavier. Mais Carfinex reste dans le panier de crabes qui sévit dans le Deathcore sans jamais trop en sortir. Repérer au début des années 2000, le groupe survit grâce à un premier album autoproduit et un repérage de Victory Records. Alors que la majorité du groupe est sans abri, ce contrat va leur permettre de vivre pleinement de leur passion et de fournir un Deathcore brutal et sans concession, tout en arpentant un look un peu en dehors du genre.
Car si les paroles des chansons sont très sombres, voire parfois sataniques et horrifiques, le groupe, hormis quelques tatouages, fait plus penser à un gang de bikers. Mais l’habit ne fait pas le moine et ce sixième album, Slow Death, se révèle être un effort en demi-teinte entre des compos énergiques et parfois techniques et une redondance qui a tendance à devenir très lourde sur la longueur. Le skeud débute avec Dark Heart Ceremony, et l’introduction au piano est plutôt bienvenue, donnant vraiment une ambiance gothique et malsaine. Par contre, lorsque la voix du chanteur est lancée et les riffs de guitares balancés, le groupe prend une envergure folle avec une violence destructrice. C’est bien fichu, ça envoie du lourd, les breakdowns sont réussis et l’ensemble se colmate bien. Il en ira de même avec Slow Death, plus violent, mais possédant une rupture plus mélodique, plus agréable avec un solo de guitare salvateur pour éviter toute redondance. On retrouvera dans l’album plusieurs petites sonorités qui donneront aux différentes compositions des identités bien particulières, comme avec Drown me in Blood qui malgré sa violence possède une mélodie en second plan qui donne une ambiance macabre assez intéressante, annihilant un peu l’aspect rugueux du titre. On peut aussi citer Life Fades to a Funeral, la seule ballade de l’album, tout en instrumental, qui permet non seulement de faire une pause mais aussi et surtout de montrer que le groupe peut aussi faire quelque chose de doux, de mélancolique et qu’il est dommage que cette mélancolie n’imprègne pas plus les autres morceaux.
Parce qu’à la longue, ce nouvel album de Carnifex est très fatigant. Outre sa violence exacerbée, le groupe a bien du mal à se diversifier dans les différents titres. Si le style veut ça, il manque clairement au groupe une volonté de faire quelque chose de plus complexe que des riffs ravageurs et une voix alternant entre growl et scream plus maîtrisés. Ainsi donc, certaines pièces sont vraiment lourdes et ne dépasseront jamais le stade de morceau rugueux et presque désagréable, à l’image de Necrotoxic, assez court, mais presque inécoutable avec sa batterie inusable. On peut aussi parler de Black Candles Burning ou encore de Six Feet Closer to Hell, avec une double pédale omniprésente et surtout un manque de variation flagrant au sein même des morceaux. Alors parfois c’est plaisant mais cela ne tient pas sur la longueur, hormis peut-être Six Feet Closer to Hell qui contient un refrain intéressant et un breakdown plus marqué. Ce manque de variété porte préjudice au groupe qui finalement, ne sort pas du lot, et fournit un sixième album pas dégueulasse mais qui ne marque pas les esprits, la faute à cette volonté de faire toujours plus fort, toujours plus gras. Il manque des chants clairs pour ponctuer le tout de mélodies plus appréciables, ou tout du moins plus abordables pour le néophyte.
Au final, Slow Death n’est pas un mauvais album en soi, il rentre parfaitement dans la catégorie du Deathcore, mais il manque clairement d’identité profonde pour marquer les esprits. Pas assez mélodieux dans son ensemble alors que le groupe qu’il est capable de faire de belles choses, cet album se veut un cri de rage puissant, nerveux, hargneux, mais pas assez intelligent dans sa démarche, ce qui est dommage.
- Dark Heart Ceremony
- Slow Death
- Drown me in Blood
- Pale Ghost
- Black Candles Burning
- Six Feet Closer to Hell
- Necrotoxic
- Life Fades to a Funeral
- Countess of the Crescent Moon
- Servants to the Horde
Note : 12/20
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=5Z04ep5X7Ic[/youtube]
Par AqME