Avis :
Le rap est un domaine musical très varié qui possède des artistes venant de tous les coins, que ce soit géographiquement ou socialement. Et chaque année, on nous ressort un lot de nouveaux rappeurs faisant le buzz et arrivant parfois à sortir plusieurs albums dans l’année. On peut donc se poser la question de la qualité intrinsèque de ces artistes dont le but n’est que de vendre un maximum d’albums sans apporter une once de nouveauté dans leur sonorité. Et puis parfois, on trouve de petits nouveaux qui n’en sont pas vraiment, officiant dans le milieu depuis des années mais soit en tant que producteur, soit en tant qu’accompagnateur sur les musiques d’autrui. C’est exactement ce qu’il se passe Dijon McFarlane. Ayant un prénom assez difficile à porter et aimant à outrance la moutarde, c’est en faisant un pied de nez qu’il choisit son nom de scène. Et si 10 Summers est son premier album datant de 2014, le jeune homme âgé de 26 ans officie dans le milieu du rap depuis 2009 et même plus tôt encore, puisqu’il s’intéresse au rap dès ses onze avec l’aide de son oncle déjà DJ. Quoiqu’il en soit, ce n’est pas parce que la famille baigne dans la musique que l’on a forcément du talent et force est de constater que malgré un travail avec d’autres artistes plus connus, ce premier essai n’est pas si convaincant que ça. Loin d’être un une bouse infâme et commerciale, le skeud se classe parmi les albums de rap conventionnels, qui ne bousculeront pas le monde urbain mais qui fait son office de temps à autre.
La première chose qui frappe quand on écoute cet album, c’est la simplicité qui s’en dégage. Il faut dire que c’est un peu la marque de fabrique de l’artiste qui ne s’en cache pas, faisant ce qu’il appelle du Ratchet Music et utilisant des logiciels que n’importe peut utiliser pour faire ses lignes de basse. Très souvent en uptempo, on reste tout de même dans quelque chose de redondant et d’un peu ennuyant à la longue. D’ailleurs, on retrouvera une grande similitude entre Low Low, le premier titre et Ghetto Tales, le deuxième, qui demeure similaire sur le rythme et la boîte à rythme. Ensuite, le deuxième point un peu pénible, c’est que le style du rappeur rentre pile poil dans ce qui se fait le plus souvent, une attitude de pseudo gangster où le mot « nigger » est répété à tire larigot, jouant perpétuellement sur les codes du rap américain sans jamais essayer de faire autre chose de plus novateur, de plus frais.
Néanmoins, il faut être mauvaise langue pour dire que tout l’album est une purge infâme reprenant ce qui se fait de mieux dans le domaine du rap commercial. La preuve en est avec des compositions plus sympathiques et plus rythmées, à l’image de Throw Your Hood Up et son refrain entêtant qui reste rapidement dans les mémoires, notamment grâce à une rythmique intelligente. On retrouvera aussi une ligne de piano assez intéressante dans le titre No Reason, ce qui change grandement des autres compos plus classiques et avec moins de diversité musicale, et cela malgré la redondance des notes pianotées. L’autre point positif de cet album, c’est que l’on sent une réelle référence au rap urbain des années 90, avec des sonorités assez old school et plutôt rafraichissantes comme sur le titre Giuseppe ou encore Can’t Tell Me. On notera aussi une volonté de proposer des styles de rap différents au sein de l’album avec des morceaux comme Face Down, qui fait plus penser à ce que pourrait proposer Twiztid, une sorte de Horror Rap assez sympathique ou encore Down on Me, qui fait plus écho au R’n’B contemporain et bien plus mercantile. Pour le reste, on trouvera des compositions plus douces et moins aggros qui seront le chainon manquant entre le rap graveleux et le R’n’B plus dance. Ainsi, 4 Digits fait plutôt calme et apparait comme une sorte d’entracte au sein du skeud.
Au final, 10 Summers, le premier album de DJ Mustard, n’est pas désagréable et profite d’une transversalité assez intéressante. Essayant de se diversifier dans différents styles de musique urbaine au gré des featuring qui parsème le skeud, le DJ trouve un équilibre fragile mais bien plus stable que d’autres productions du même genre. Si l’on peut lui reprocher une certaine redondance dans les compositions, l’ensemble de l’album reste bien produit et suffisamment intéressant pour que l’on s’y penche dessus.
- Low Low
- Ghetto Tales
- Throw Your Hood Up
- No Reason
- Giuseppe
- Face Down
- Down on Me
- Can’t Tell Me
- Tinashe Checks In (Interlude)
- 4 Digits
- Ty Dolla Sign Checks In
- Deep
Note: 12/20
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=lhArLwBO5VQ[/youtube]
Par AqME