D’Après une Idée de: Alfred Gough et Miles Millar
Avec Daniel Wu, Emily Beecham, Marton Csokas, Orla Brady
Pays: Etats-Unis
Genre: Action
Nombre d’Episodes: 6
Résumé:
Sur un territoire contrôlé par sept barons rivaux, Quinn, l’un des plus puissants d’entre eux, doit faire face à la montée en puissance d’une redoutable adversaire, la Veuve, qui fait preuve d’un appétit féroce pour l’affrontement. Dans ces périlleuses contrées, Sunny, un redoutable guerrier, s’embarque dans une dangereuse odyssée en compagnie d’un jeune garçon, doté de mystérieux pouvoirs, pour accéder au-delà des badlands et trouver la liberté.
Avis:
Genre devenu à part dans le monde du cinéma, les arts martiaux ont été un petit peu délaissé par le petit écran au profit des super-héros et autres séries dramatiques, plus faciles produire et parlant à plus de monde. D’ailleurs, les arts martiaux, quel qu’il soit, n’a jamais vraiment eu les lettres de noblesse du petit écran, la faute certainement à une culture occidentale peu encline à ce genre. Et pourtant, c’est le pari fou lancé par Alfred Gough et Miles Millar (créateurs de Smallville) avec cette nouvelle série Into the Badlands. A la croisée des genres, mélangeant assidument kung-fu, dystopie et western, cette série est vraiment inédite, présentant un univers vraiment novateur et marquant un tournant dans l’histoire de la chaîne AMC, puisqu’elle a commandé directement six épisodes sans avoir mis en avant un pilote. Une double prise de risque donc pour une série atypique et qui tient toutes ses promesses avec cette toute petite première saison.
Il est difficile de résumer Into the Badlands en peu de ligne, tant l’univers et l’environnement sont riches et novateurs. Ambiance post-apocalyptique qui voit l’humanité régresser avec aucune trace de haute technologie, cette série propose quelque chose de singulier et qui rompt complètement avec les éléments que l’on connait sur la dystopie et les mondes post-apocalyptique. En gros, les badlands sont des territoires gouvernés par sept barons, qui ont chacun des clippers, des tueurs surentrainés. Toute arme à feu est banni et les barons produisent de la drogue qu’ils revendent pour se faire de l’argent. Sunny est le meilleur clipper du baron Quinn, un homme avide de pouvoir. Seulement, Sunny trouve un garçon au talent très particulier et La Veuve, un autre baron, souhaite le récupérer. Ce jeune garçon qui répond au doux nom de M.K. vient d’Azra, une grande cité en dehors des badlands (alors que visiblement il n’y a rien au-delà des badlands) et Sunny y voit une opportunité pour gagner sa liberté. Là, nous avons le postulat de base de cette série qui débute comme une confrontation entre deux barons pour avoir plus de pouvoir.
Ainsi donc, en six épisodes, le duo de créateurs propose une base assez solide pour fournir les éléments essentiels à une intrigue qui va partir beaucoup plus loin et laisser le spectateur avec beaucoup de questions quant à la suite des évènements. Remplissant parfaitement son cahier des charges sur ce qui a été promis, Into the Badlands va remettre en avant des combats chorégraphiés au cordeau. A plusieurs moments, la série frôle les élans cinématographiques d’un Wong Kar-Wai avec des fights graphiquement hallucinants. La réalisation, laissée à David Dobkin ou Guy Ferland, est exemplaire et tous les combats sont d’une lisibilité surprenante pour une série télé et demeure impressionnante à plusieurs moments. Mais au-delà des chorégraphies ou encore du scénario qui reste dans des sentiers battus, c’est l’univers déstabilisant qui fonctionne à merveille.
Entre le post-apocalyptique très lointain, le western et le film de kung-fu, voire le steampunk, Into the Badlands ne choisit jamais et mélange allègrement les genres pour donner quelque chose de nouveau et de résolument frais. Déroutant au tout début, la série marque volontairement sa différence et assume ses choix jusqu’au bout, restant ainsi cohérente et honnête. Et elle ne mâche pas le travail de réflexion du spectateur. Abordant des thèmes difficiles comme la notion d’esclavagisme ou de liberté, la série n’oublie jamais ses références, offrant quelques clins d’œil sympathiques à divers médiums (le héros ressemblant par moments à Akira et certaines chorégraphies faisant penser à Tigre et Dragon), et sait se faire irrévérencieuse quand il le faut. Trahison, sexe, polygamie, drogue, prostitution, tout y passe, laissant présager que le pire dans cet univers, c’est belle et bien l’homme. Seules les femmes s’en sortent avec les honneurs (magnifique Emily Beecham), présentant des personnages forts et attachants, se défendant avec leurs propres armes pour arriver à leurs fins. Enfin, la série aborde aussi, mais de manière encore discrète, la religion et les croyances, qui semblaient, au tout début, ne plus exister.
On aurait pu craindre aussi que la série se focalise uniquement sur le charisme de Daniel Wu qui incarne Sunny, notamment pour ses talents athlétiques, mais bien au contraire, il sera le centre de gravité de toute une palette de personnages forts attachants. Certes, il devra faire des choix, être malin, mais chacune de ses actions impacte sur le devenir d’autres personnages, dont Quinn, le baron, mais aussi M.K., Veil, sa femme enceinte qu’il doit protéger ou encore les stratégies de la Veuve. Ainsi, il permet de mettre en avant d’autres personnages, comme Aramis Knight jouant M.K. ou encore Marton Csokas jouant un baron malade, paranoïaque et qui sera l’un des personnages les plus détestables de cette première saison. Ainsi donc, Into the Badlands ne sera pas seulement l’histoire d’un homme épris de liberté par amour pour sa femme, mais aussi l’histoire de plusieurs personnes rêvant d’un idéal dans un monde rétrograde et tyrannique.
Au final, Into the Badlands est une très bonne série qui s’impose en peu de temps et avec seulement six épisodes. Doté d’une réalisation exemplaire et de combats dignes des films d’Ang Lee ou de Wong Kar-Wai, la série ne se réduit pas à une succession de bagarres dans un univers dystopique déroutant et novateur, elle aborde aussi une flopée de thèmes pour un enracinement profondément féministe, donnant une dimension intéressante à l’ensemble. Reste à savoir si tout cela tiendra la route lors de la deuxième saison.
Note : 17/20
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Par AqME