décembre 9, 2024

American Psycho – Bret Easton Ellis

9782020253802

Auteur : Bret Easton Ellis

Editeur : Points

Genre : Thriller

Résumé :

Patrick Bateman est un flamboyant yuppie de 26 ans, pur produit du Wall Street des années quatre-vingt. Le jour, il donne l’illusion de travailler mais passe son temps à s’offrir parfums et vêtements de luxe. La nuit, il tue, viole, tronçonne et décapite ses proies…

Avis :

Certains livres et notamment des best-sellers sont parfois dépassés par leur succès et leur réputation. Encensé par la critique et le public, le troisième roman de Bret Easton Ellis est, selon les dires d’une majorité, un chef d’œuvre noir comme il en existe rarement. Accompagné d’un scandale lors de sa parution pour sa violence gratuite et les scènes pornographiques explicites, on tient là un véritable phénomène d’édition que tout amateur de bon bouquin (et pas seulement de thriller) se doit de découvrir. Sa sulfureuse renommée est-elle méritée ou n’est-ce qu’une arnaque éditoriale pour vendre un produit surfait ?

Les premières lignes vont pourtant dans un sens inattendu en portant un regard acerbe et mordant sur le visage de notre société, particulièrement sur la culture occidentale et le capitalisme. Malheureusement, ces phrases incisives ne trouveront aucune suite. En effet, le livre avertit que la première partie sera une présentation du personnage principal (nous y reviendrons plus tard) tout en nous faisant la promesse d’une atmosphère dérangeante avec une approche sans concession. Toutefois, les meilleures intentions n’ont jamais suffi à faire de bonnes histoires ou à retenir l’attention du lecteur.

Alors que le rythme ne décolle jamais, le récit s’empêtre dans des séquences aussi longues qu’inutiles. Des dîners mondains, des soirées de beuverie pour golden boy en mal de sexe, des dîners mondains, des concerts à trois francs six sous, des dîners mondains… Répétitif ? Un euphémisme auquel il faut ajouter une progression amorphe. Pour peu, l’évolution de l’intrigue ferait passer un film d’auteur pour le dernier Michael Bay ! Absurde ? Certainement et tout autant que le reste d’un fatras de situations pénibles, abominables et agaçantes.

Pour accompagner un manque de cohérence flagrant, le responsable de cette chose (un romancier, vraiment ?) nous inflige une succession de dialogues qu’on penserait écrite par un analphabète. Outre leur platitude et leur superficialité, ils grossissent l’épaisseur du livre en s’amusant à faire le perroquet par le biais d’un jeu de questions/réponses puéril du genre : « C’est quoi ton parfum ? […] Ah, non c’est pas ça. C’est une crème solaire qui pue ! » ou « Abruti. […] Abruti, toi-même. […] Non, c’est toi l’abruti… » Et ainsi de suite ! Au-delà d’un manque d’imagination et de talent pour l’écriture, c’est consternant de nullité.

Et les meurtres, la violence ? Quelques passages peu ragoûtants, il est vrai, mais très vite expédiés pour se concentrer sur la garde-robe de notre psychopathe raffiné ou ses dernières acquisitions. Si vous avez envie de jouer au juste prix ou de savoir dans le moindre détail l’accoutrement de têtes à claques gorgées de frics, vous ne serez pas déçus. Quand bien même on connaît le personnage ou on a pu l’apercevoir quelques lignes auparavant, on nous inflige la même description avec certains ajouts pour continuer à prendre le lecteur pour un imbécile fini. Besoin de conseils pour l’aménagement de votre maison, vos soins du visage ou pour acheter le dernier cri en matière d’high-tech (du moins, à l’époque) ? Faites confiance à Patrick Bateman !

Un abruti arrogant que l’on veut dépeindre sous de bonnes manières, aux goûts raffinés et séduisants par-dessus le marché. Détestable ? Assurément, et ce, au même titre que la palette de décérébrés qui occupent les pages. Ceux-ci ne pensent qu’à la prochaine poule qu’ils farciront ! Les volailles concernées ne possèdent qu’un corps de rêve et un pois chiche en guise de cerveau qui leur permettent uniquement de raisonner selon la taille du portefeuille. Ou comment le matérialisme pollue les esprits pour ne laisser que des êtres vides aux bas instincts…

Au final, American psycho est un roman des plus inutiles. Là où on aurait pu s’attendre à un livre sulfureux qui dénonce les dérives du capitalisme sur fond de violence gratuite, il sonne creux comme le crâne de ses protagonistes. Par la même, il prouve qu’il suffit de susciter la polémique, posséder des accointances dans le milieu éditorial et d’avoir beaucoup de chances pour vendre un bouquin (ou ce que l’on considère comme tel) à plusieurs millions d’exemplaires. Pour une fois, préférez la version cinématographique qui parvient à mieux cerner son sujet et à développer son ambiance. Cerise sur le gâteau, le synopsis d’American psycho rappelle celui du roman « Le démon » d’Hubert Selby Jr. ou comment pousser l’absence de talent et le vice jusqu’au calque éhonté, voire au plagiat.

Note : 02/20

Par Dante

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.