Titre Original : El Jorobado de la Morgue
De : Javier Aguirre
Avec Paul Naschy, Maria Perschy, Rossana Yanni, Alberto Balbes
Année : 1972
Pays : Espagne
Genre : Horreur
Résumé :
Gotho, pathétique bossu, travaille dans la morgue d’un hôpital et tombe amoureux fou d’une jeune malade.
Avis :
Dans les années 70, le cinéma d’horreur était accaparé par une boîte de production, la Hammer. Terrain de jeu des vampires et autres goules, l’Angleterre était le socle du film d’épouvante et Christopher Lee était la vedette des dingues de canines aiguisées. Mais ce que l’on a souvent tendance à oublier, c’est qu’il y a un autre pays qui s’est lancé dans l’horreur dans les mêmes années, l’Espagne. Malheureusement, cette durée dans l’horreur sera moindre que pour le pays de la reine Elizabeth, tout simplement à cause d’un cinéma qui se casse la gueule au niveau financier et qui ne prend plus de risque à faire des films qui coutent chers ou qui font peur. Parmi les films les plus connus, on peut citer Les Vampires du Dr Dracula ou encore La Mariée Ensanglantée. Et ça tombe plutôt bien car Artus, éditeur qui fait un travail de dingue, a décidé de ressortir ces films sur de jolies galettes avec quelques bonus en prime. Le Bossu de la Morgue fait partie de ces films espagnols injustement méconnus, car il faut vraiment le coup d’œil.
Oh mon Dieu, mais vous auriez pu prendre un bain!
L’histoire de ce film n’a rien de bien innovant aujourd’hui. Gotho est un bossu qui fait les sales besognes pour un hôpital. En gros, il découpe les cadavres pour les préparer à une autopsie. Moqué, battu, Gotho n’a pas la vie facile, mais il tombe amoureux d’une jeune fille malade qui le lui rend bien. Alors qu’elle décède, il se fait enrôler par un savant qui souhaite trouver un moyen de recréer un humain de toute pièce. Gotho va alors commettre vols et meurtres dans l’espoir de voir sa belle ressusciter. Sur la forme, le film reste très classique et ne sera sujet qu’à mettre en images des moments assez gores et craspec. Mais dans le fond, il est un joli hommage au Frankenstein de James Whale et porte un message assez dur sur la société du paraitre, déjà d’actualité dans les années 70.
La principale attraction de ce film vient des effets gores. Pour un film de 1972, le résultat est très sale et les meurtres vont s’enchaîner rapidement. Et on en aura pour notre grade et de différentes manières entre des hommes qui se font dissoudre, d’autres qui se font décapiter, certains empaler. Bref, on a de tout et le réalisateur ne se gêne pas un seul instant pour mettre des gros plans sur les actes les plus horribles. Bien entendu, tout cela garde un côté kitsch et on voit rapidement les limites des effets spéciaux, tout comme les élucubrations scientifiques pour redonner vie, mais cela reste violent visuellement, et si on recontextualise le film dans son époque, c’est assez impressionnant.
D’autant plus que le film ne se contente de mettre en avant une histoire débile reprenant les fonds de chez Universal et propose une vision acerbe sur le handicap et sa vision. Notre bossu sera la risée de la ville, d’autant plus qu’il semble un peu bêta et il sera battu à plusieurs reprises, juste par méchanceté. Et malgré les meurtres qu’il commet, on se prend d’affection pour lui, on ressent une profonde empathie. On peut dire que Javier Aguirre a réussi son pari, rendant Paul Naschy attachant malgré sa difformité, en rendant vile chaque autre personnage, tout du moins masculin.
Seulement, le film souffre aussi de quelques scories. On peut citer la réalisation qui frôle parfois le n’importe quoi. Les coupures sont visibles, certains changements de plans ne sont pas bien fichus et les quelques scènes d’action qui se déroulent ne sont pas vraiment fameuses et montrent la retenue des comédiens. On remarquera aussi le manque de budget conséquent sur les décors, préférant jouer dans un sous-sol, qui devient vite redondant et avec des outillages assez vieillots, en atteste la trappe qui contient de l’acide pour se débarrasser des corps. Si certains effets gores sont bien fichus, on pourra tout de même rire devant certains moments surréalistes, comme les morceaux de jambons qui se mettent à flotter à la surface de l’acide, pour montrer que le corps se décompose. C’est assez ridicule et cela ne fonctionne pas comme prévu. Enfin, on pourra regretter des personnages secondaires trop peu travaillés, comme le savant fou, qui ne sera finalement qu’un méchant ne rentrant pas dans les mémoires et relativement invisible.
Tu vois cette tête bossu? Faudra t’y habituer, ce sera ta prochaine femme!
Au final, Le Bossu de la Morgue demeure une petite réussite dans le genre et qui reste fort regardable à notre époque. Ce qui choque en premier, c’est le gore qui est omniprésent et qui reste assez hallucinant pour l’époque. Par la suite, cet ersatz de Frankenstein et La Fiancée de Frankenstein reste sympathique pour la prestation sans faille de Paul Naschy et les quelques moments nanardesques qui font de ce film un moment agréable et gore.
Note : 14/20
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Par AqME