Titre Original : The Good Dinosaur
De : Peter Sohn
Avec les Voix de Jean-Baptiste Charles, Eric Cantona, Olivia Bonamy, Xavier Fagnon
Année : 2015
Pays : Etats-Unis
Genre : Animation
Résumé :
Et si la catastrophe cataclysmique qui a bouleversé la Terre et provoqué l’extinction des dinosaures n’avait jamais eu lieu ? Et si les dinosaures ne s’étaient jamais éteints, et vivaient parmi nous de nos jours ?
Arlo, jeune Apatosaure au grand cœur, maladroit et craintif, qui va faire la rencontre et prendre sous son aile un étonnant compagnon : un petit garçon sauvage, très dégourdi, prénommé Spot.
Avis :
L’univers de l’animation est géré d’une main de maître par les studios Disney/Pixar, surtout depuis leur alliance. Et même si certains chefs d’œuvre de l’animation proviennent de studios plus intimes (comme Laïka par exemple), il faut avouer que cette année, les deux firmes ont cartonné grâce à un film immanquable, Vice-Versa, dessin animé à destination des adultes et des adolescents sur les émotions. Mais non content de sortir un film dans l’année, les deux firmes décident de sortir un deuxième métrage, Le Voyage d’Arlo, un projet qui végète depuis 2009 et qui aurait dû être réalisé par Bob Peterson. Mais l’homme fut remercié en cours de réalisation et remplacé par Peter Sohn, qui signe alors son premier long-métrage. Toutes les craintes étaient donc d’actualité sur ce film qui semble presque maudit. Et pourtant, même si le film n’arrive pas à la hauteur de Vice-Versa, il reste un excellent divertissement et un film sacrément touchant.
Le Voyage d’Arlo s’inscrit comme un voyage initiatique permettant à son héros de se dépasser et de devenir meilleur. Il s’agit-là d’un cas d’école pour Pixar, qui ressasse un petit peu ses thèmes tout en y incluant des nouveautés et des idées assez intéressantes et novatrices. Néanmoins, le film reste très classique dans son déroulement et il manque clairement certaines choses pour en faire un incunable de chez Pixar. Tout d’abord, si graphiquement les décors sont sublimes, il manque vraiment de la personnalité aux dinosaures et à notre héros Arlo. Et bizarrement, on sera beaucoup plus sensible au design de Spot, le petit humain qui se comporte comme un animal. De ce fait, la projection dans la peau du héros n’est pas facile, d’autant plus qu’il lui manque clairement quelque chose dans la voix dans la version française. Non pas que le petit Jean-Baptiste Charles soit mauvais, mais cette voix est vraiment transparente et passe-partout. Enfin, petit détail qui a son importance, le film n’a pas forcément deux niveaux de lecture. Il s’adresse principalement aux enfants, sans jamais essayer une seule fois d’inclure des thèmes plus adultes ou plus fins. Dans ce cas-là, on est très loin de Vice-Versa.
Mais il serait ingrat de dire que Le Voyage d’Arlo est un mauvais film puisqu’il s’adresse principalement à un public infantile et qu’il remplit aisément son cahier des charges. L’action est omniprésente et le film ne perd pa de temps en tergiversations ou en présentations lourdingues. D’autant plus qu’il brille par une idée géniale, celle de placer les dinosaures comme peuple civilisé et les hommes comme animal de compagnie pas encore développé. On y retrouvera donc des dinosaures travaillant la terre ou gardien de troupeaux et des hommes marchant à quatre pattes et aboyant. Cette inversion est très bien vue puisqu’elle replace l’humain dans un contexte naturel et n’étant plus comme le haut de la chaîne alimentaire. De ce fait, Spot, le sidekick, est bien plus intéressant qu’Arlo et surtout bien plus touchant. Plus dynamique, plus drôle, il est aussi très touchant et d’une beauté graphique incroyable. D’ailleurs, certaines séquences sont merveilleuses dans le film, avec notamment des vols de lucioles d’une grande poésie.
Au niveau des différents messages véhiculés par le film, Le Voyage d’Arlo se veut bienveillant comme d’habitude, abordant la peur de l’inconnu, la famille et l’amitié. De ce point de vue, le film est très bien fichu, mettant en avant une évolution logique de la part du dinosaure. On retrouvera les impondérables du genre, comme la perte d’un être cher, les dangers de mort et les ennemis sanguinaires (le film rappelle vraiment Le Roi Lion par certains moments), mais le film arrive à se détacher de ces thèmes grâce à un traitement fort de la liaison entre les deux personnages, allant de la haine à l’amour, en passant par le développement personnel auprès des siens. Comme à son habitude, Pixar arrive à émouvoir et certaines séquences sont très touchantes et pourtant d’une belle simplicité.
Au final, Le Voyage d’Arlo n’est pas la claque attendue, mais il demeure un très bon divertissement à destination des enfants. Moins intelligent que Vice-Versa, moins puissant au niveau des sentiments, le film n’en demeure pas moins agréable, simple et touchant, ce qui n’est pas donné au premier venu. Si on regrettera un design approximatif pour les dinosaures et un manque flagrant de scènes fortes, le film reste intéressant sur les thèmes qu’il aborde, dont le combat contre la peur et l’importance de découvrir l’inconnu pour s’épanouir, ainsi que sur l’inversion qu’il opère sur notre monde, replaçant l’humain dans un contexte d’animal. Ce que nous sommes tous.
Note : 15/20
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Par AqME