mars 29, 2024

V Pour Vendetta

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Résumé :

Au cœur d’une Angleterre fasciste, un impitoyable justicier masqué répondant au nom de « V » se dresse contre la folie du système. Ses armes : l’attentat et l’anonymat.

Avis :

Il n’y a pas à tortiller du cul pour chier droit, Alan Moore, c’est quand même un putain de génie. Scénariste pour la bande-dessinée et les comics, il accumule des œuvres reconnues unanimement au sein de la communauté des geeks et des non geeks. En effet, avec Watchmen, il obtient le très convoité prix Victor Hugo et c’est le seul roman graphique à avoir eu cette récompense. Mais ce n’est pas seulement ce récit qui montre que Alan Moore est un génie. Avec des titres comme La Ligue des Gentlemen Extraordinaires ou encore From Hell, il explore des univers totalement différents en y insérant une pointe de mystère incroyable. Ainsi, on pourra voir des super-héros se posant des questions métaphysiques ou encore un Jack l’Eventreur plus énigmatique que jamais. Il explore aussi les romans fantastiques des siècles passés pour en faire un meltin pot jouissif et intelligent. Bref, ce type est un touche-tout génial. Avec V pour Vendetta, il signe surement son œuvre la plus subversive, celle qui est résolument la plus engagée politiquement et qui n’y va pas avec le dos de la cuillère. Mais pourquoi ce comics est-il encore un coup de génie ? Qu’est-ce qui fait que ce récit est une pure réussite ? Allons faire un tour dans la perfide Albion où le régime totalitaire est de rigueur.

Le scénario se place dans les années 90 en Angleterre et après une guerre ayant ravagée une bonne partie de la planète, le pays se retrouve sous la coupe d’un régime totalitaire, proche du nazisme, où les homosexuels sont bridés, la police a tout les droits et des camps de concentration expérimentaux font leur apparition. Partant de ce postulat, on va rencontrer une jeune fille qui décide de se prostituer pour mieux gagner sa vie. Malheureusement, elle tombe sur un flic des mœurs qui décide de la violer avec ses acolytes. Surgit alors un homme masqué qui va les buter et emporter la jeune fille, Evey, chez lui. Et on va vite voir que ce monsieur masqué est un anarchiste de première et un terroriste qui veut préserver la culture et soulever le peuple contre le gouvernement actuel. Et c’est là que le récit est très très fort, car il va présenter un homme presque inhumain, dans une démarche de vendetta mais pour une bonne cause. Et le lecteur va prendre un plaisir coupable à suivre ce bonhomme, diaboliquement intelligent, dans une destruction du gouvernement par l’intérieur. Proposant un héros charismatique avec un masque jovial, les deux co-scénaristes, Alan Moore et David Lloyd, vont montrer un homme énigmatique qui a une vision extrême de la liberté mais qui n’est pas dénué de sens. En effet, et c’est bien là la force du récit, c’est que l’on a envie de voir cette anarchie se mettre en place, de voir cette destruction en masse pour pouvoir reconstruire par-dessus, et tout cela fonctionne comme une lettre à la poste. Les passages cultes s’enchainent, de telle sorte que l’on n’a pas envie de lâcher le bouquin, mais que l’on ne veut pas le finir trop vite, tant c’est riche et intelligent. Le personnage de Evey est aussi très important, la confrontant à sa propre conscience et à sa vision de tuer une personne. Le passage dans la prison est juste énorme, mais semble nécessaire, affichant aussi la folie de V, le héros masqué. Bref, le scénario est excellent et c’est rare de lire quelque chose de cette qualité encore aujourd’hui.

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Maintenant, il est vrai que le dessin peut facilement rebuter certaines personnes. Assez froids et faisant vieillots, le trait de David Lloyd n’est pas concluant si on feuillette l’album. Mais une fois à l’intérieur, on se rend compte que ce dessin colle parfaitement à l’ambiance du livre, colle parfaitement à l’histoire et qu’encore une fois, Alan Moore a su s’entourer d’un grand bonhomme. Les planches sont d’une finesse, rendant chaque plan incroyable, à la manière d’un grand film. Les élucubrations de V sont vraiment mises en valeur et le musée des ombres, lieu du héros, où il sauvegarde la culture est une véritable caverne d’Ali Baba, montrant l’amour de la culture des deux auteurs. Il est vrai que les couleurs sont assez froides, mais l’ambiance en elle-même est glaciale, se rapprochant de ces photos de camps de concentration de la seconde guerre mondiale et encore une fois, tout cela colle parfaitement à l’ensemble.

Au final, V pour Vendetta est un véritable chef d’œuvre, un bijou intemporel que l’on peut relire et qui ne prendra pas une seule ride avec le temps. Intelligent, prenant, diabolique, machiavélique, l’histoire nous emporte dans une histoire de vengeance, mais aussi de rébellion et d’êtres humains. Bref, un récit incroyable et un dessin qui colle parfaitement à l’ambiance. Un must have !

Note : 19/20

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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