Titre Original : Frankenstein Meets the Wolf Man
De: Roy William Neill
Avec Lon Chaney Jr., Bela Lugosi, Maria Ouspenskaya, Dennis Hoey
Année : 1943
Pays : Etats-Unis
Genre : Horreur
Résumé :
Le loup-garou a été réveillé par des pilleurs de tombes. L’idée de tuer des innocents les soirs de pleine lune pour l’éternité ne lui plaisant guère, il recherche le Dr Frankenstein pour trouver un moyen de mourir. Mais le docteur est mort, et il ne trouve que sa Créature, qui elle veut vivre…
Avis :
Comment relancer une licence qui est partie à vau l’eau à cause d’un dernier épisode inférieur à tous les autres et qui ne tisse pas forcément de liens avec les épisodes précédents ? Tout simplement en créant le premier crossover entre deux créatures mythiques de la Universal, Frankenstein et le Loup-Garou. Et l’idée de base est asse maline, puisque l’on a d’un côté un homme tiraillé par sa malédiction ne souhaitant que mourir pour retrouver son humanité et d’un autre, un monstre souhaitant vivre pour devenir plus humain. Et de cet antonymie va naître un film très intéressant, bien supérieur à son aîné, mais dont le titre sera pleinement galvaudé. En effet, ici, Frankenstein est totalement en retrait, laissant plus de place au Loup-Garou et à sa malédiction.
Mais même si le titre reste assez trompeur, cela n’entache en rien la qualité du film, qui se révèle efficace et bien supérieur à son aîné. L’histoire s’axe alors sur ce pauvre loup-garou qui se réveille d’entre les morts un soir de pleine lune à cause de deux hommes avides d’or. Il se réveille alors un beau matin et se rend compte qu’il ne peut pas mourir. Il se rend au chevet de la gitane Maleva qui lui dit d’aller voir le docteur Frankenstein, un homme qui pourrait le guérir. Sauf que sur place, il trouve un château à l’abandon et dans les décombres, découvre une créature prise sous les glaces. Pendant ce temps, dans le village, la venue de cet homme et le retour de la créature refont naître des velléités encore fraîches et un homme décide de faire exploser le barrage pour se débarrasser complètement du château et de la créature.
Et là où l’histoire est très intelligente, c’est que de plutôt s’axer sur la quête d’humanité de la créature de Frankenstein, elle va s’axer sur la recherche de la mortalité du loup-garou, qui ne contrôle pas ses pulsions et tue à chaque pleine lune. De ce fait, non seulement on va suivre deux monstres sacrées du cinéma, mais en plus, on va voir une évolution antonymique qui déboulera sur une confrontation finale. Et c’est très malin de la part du scénariste, car c’est non seulement plus intelligent pour bien montrer l’épaisseur de chaque monstre, mais en plus, cela met en lumière deux quêtes différentes pour un même point, l’humanité.
Et de ce pamphlet humaniste va naître un film fort plaisant, où tous les sentiments sont bien présents, de l’amour à la haine, en passant par l’incompréhension. Et encore une fois, les monstres ne sont pas vraiment les méchants de l’histoire, tuant en suivant des pulsions qu’ils ne maîtrisent pas, soit par méconnaissance, soit par bestialité, mais bel et bien les êtres humains qui ont peur de l’inconnu, de ce qu’il ne maîtrise pas. Pour l’époque, le message est sensiblement le même que ce que proposera Romero quelques années plus tard avec ses zombies, démontrant que l’homme est un loup pour l’homme, et c’était sacrément culotté.
D’autant plus que quasiment tous les êtres humains de ce film ont une part d’ombre. Que ce soit les deux fossoyeurs ou le tenancier du bar du village, tous veulent détruire ou voler sans jamais comprendre les conséquences de leurs actes, reflet d’un égoïsme encore plus exacerbé aujourd’hui. La mise en scène de Roy William Neill est lumineuse autant qu’elle est sombre, tout en ombre portée mais avec une grandiloquence plus importante que dans les autres métrages, notamment dans la scène d’introduction avec ce cimetière si bien filmé en un petit plan séquence. Enfin, Lon Chaney Jr. est bouleversant dans ce film, donnant une dimension dramatique à son personnage époustouflante. On ressent vraiment toute sa peine et sa volonté de mourir et il prouve qu’il était un acteur incroyable. Et que dire des maquillages de Jack Pierce, qui sont vraiment impressionnants.
Au final, Frankenstein Rencontre le Loup-Garou est un très bon film qui ne s’inscrit pas dans la ligne temporelle des autres films de la célèbre créature morte-vivante. Faisant fi de ce qui s’est fait avant, Roy William Neill en profite pour dresser deux portraits totalement différents mais qui se retrouvent dans une quête vers l’humanité qui n’a pas la même finalité. Un film bien plus intelligent qu’il n’y parait et qui bénéficie d’une belle mise en scène. Une restauration qui vaut vraiment le coup et dont il serait dommage de passer à côté.
Note : 15/20
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Par AqME