De : Levan Gabriadze
Avec Shelley Hennig, Moses Jacob Storm, Renee Olstead, Will Peltz
Année: 2015
Pays: Etats-Unis
Genre: Horreur
Résumé:
Une jeune lycéenne se suicide après qu’une vidéo compromettante sur elle ait été publiée sur Internet. Un an plus tard, six de ses amis se connectent, un soir, sur skype, pour « tchater » entre eux. Mais une septième personne, inconnue des autres, se connecte également. Cet intrus se montre très vite sous un visage inquiétant et menace les six amis de tuer le premier qui se déconnectera. Peu à peu, les événements tragiques qui ont marqué la bande, un an plus tôt, refont surface et se montrent sous un nouveau jour.
Avis:
Le festival horrifique de cette année est au point mort. Hormis le sympathique It Follows qui a fait le buzz mais pas l’unanimité, on ne peut pas dire que le cinéma de genre brille par son originalité et surtout sa qualité. Mais à quoi cela est-il dû? Il faut dire que ce n’est pas seulement cette année que le cinéma horrifique tire la tronche, et que cela dure depuis un petit moment. Entre des films soporifiques et fainéants ou des films se voulant gores mais se prélassant dans l’hémoglobine facile, il n’y a rien de vraiment exaltant que ce soit au cinéma ou directement en DVD. Unfriended changera-t-il la donne? Certainement pas. Pire, il va plomber le genre, se limitant à un simple écran d’ordinateur et à une histoire rocambolesque à base de cagoles.
Blaire est une lycéenne qui drague son petit copain via skype, lui dévoilant petit à petit son intimité. Au bout d’un moment, une discussion collective se met en place, entre amis, pour parler de tout et de rien. Sauf que parmi ces amis, il y a un inconnu qui se cache sous le pseudo de Billie. Visiblement, c’est le profil d’une amie qu’ils avaient en commun et qui s’est suicidée il y a quelques mois suite à une vidéo compromettante sur Youtube. Lors que cet inconnu se montre grossier et virulent sur internet, les six amis commencent à prendre peur et les faux-semblants tombent.
Tenir un film sur un concept ne peut pas tenir. A la base de toute histoire, il faut des personnages attachants, un liant qui unit ces personnages et un déroulement narratif qui force le spectateur à passer par un roller coaster de sentiments, entre peur, joie, tristesse et émotion. Avec Unfriended, le fond importe peu et c’est surtout sur la forme que le film se base. Se voulant révolutionnaire, le film se déroule exclusivement sur Skype à travers l’ordinateur portable de Blaire. Phénomène nouveau, reflet de notre société immatérielle, le film se veut novateur et présenter les dangers du harcèlement, mais aussi de cette génération superficielle. Malheureusement, ce sera surtout un pamphlet sur tout ce qu’il ne faut pas faire pour avoir un bon film.
Sur l’histoire en elle-même, on est sur quelque chose de basique et qui oscille entre horreur et thriller. En fait, le seul lien que l’on a avec ce métrage, c’est de savoir s’il s’agit d’un fantôme ultra hype ou d’un serial killer expert en hackage. Cela ne durera qu’un temps, et surtout, le spectateur, lassé par cette vision unique d’un écran d’ordinateur d’une midinette, se foutra complètement du résultat. Complètement dénué de fond, le réalisateur souhaite parler du harcèlement, de ces dangers pouvant mener au suicide, mais aussi d’une génération qui préfère mentir plutôt que d’être honnête. Du déjà-vu donc, mais qui ici perd toute sa substance à cause de la forme, qui bouffe tout l’univers, le vidant de toute substance. Les personnages en deviennent tous détestables, gueulant la plupart du temps ou s’insultant (parce que c’est rigolo de se manquer de respect) et on remarquera que pour eux, le plus important, c’est de se taper une vierge ou de se moquer de nanas qui fument ou qui boivent.
Mais au-delà du fond complètement inexistant, le film essaye d’exploiter un nouveau concept, celui de la fenêtre d’ordinateur. Déjà tenté (et loupé) par Nacho Vigalondo sur Open Windows, le film ne tient absolument pas la route, ennuyant plutôt que de rendre l’action plus proche. En réalité, le film tient plus de la pub pour Skype et Facebook que pour une vraie tentative cinématographique. Alors on peut féliciter la prise de risque, allant jusqu’au bout de son concept, avec des images saturées, qui sautent et parfois des éléments qui bloquent, mais tout cela n’est que de la poudre aux yeux pour une idée limitée et qui n’a pas sa place au cinéma. D’autant plus que pour le coup, les effets de peur sont totalement ratés, ayant pour but de réveiller un spectateur sombrant dans le bras de Morphée. Cinq jump-scare en tout et pour tout, deux effets gores limités à deux secondes, c’est tout ce que l’amateur de frisson aura droit sur 1h20 de film qui semble s’étaler sur plus de trois heures.
Au final, Unfriended est une calamité, un film concept qui tient sur un timbre-poste et qui n’a même pas lieu d’exister sous le format long métrage. Il faudrait tout de même que les producteurs de films d’horreur arrêtent de surfer sur les vagues pseudo hypes afin de faire venir une génération crétine dans les salles obscures. Le cinéma de genre est un genre à part entière, avec ses codes, ses figures mythiques, ses émotions, et en ce moment, il est en train de se faire lapider par toute une série de films à destination d’un public adolescent que l’on caresse dans le sens du poil pour leur piquer l’argent des parents. Mauvais de bout en bout, Unfriended est symptomatique d’une volonté de faire du fric plutôt que du vrai cinéma et de faire peur avec une ambiance qui tient la route et qui propose vraiment quelque chose de sincère. Ce qui n’est clairement pas le cas ici.
Note: 01/20
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Par AqME