Titre Original : Weekend
De : Andrew Haigh
Avec Tom Cullen, Chris New, Jonathan Race, Laura Freeman
Année: 2012
Pays: Angleterre
Genre: Drame
Résumé:
Un vendredi soir, après une soirée arrosée chez ses amis, Russell décide de sortir dans un club gay. Juste avant la fermeture, il rencontre Glen et finit par rentrer avec lui. Mais ce qu’il avait pensé n’être qu’une aventure d’un soir va finalement se transformer en toute autre chose. Lors de ce week-end rythmé par les excès, les confidences et le sexe, les deux hommes vont peu à peu apprendre à se connaître. Une brève rencontre qui résonnera toute leur vie…
Avis :
Scénariste et réalisateur britannique, Andrew Haigh est l’une des têtes de la très belle série « Looking« , mais avant d’en être le producteur, l’un des scénaristes et l’un de ses réalisateurs, Andrew Haigh avait réalisé un petit film passé logiquement inaperçu lors de sa sortie en salle.
Ce petit film, c’est Week-end, un joli moment de cinéma. Une brève incursion, l’espace d’un week-end, dans la vie d’un jeune anglais qui va faire une rencontre. Un moment plein de poésie et très loin des clichés auxquels on s’attend quand on aborde une histoire d’amour gay. Un peu à l’image de Looking, « Week-end » est simple, beau, tendre et touchant.
C’est vendredi soir, Russell rentre d’un dîner chez son meilleur ami. Il n’a pas envie d’être seul ce soir-là. Il se rend alors dans un bar, espérant faire une rencontre sympa pour la nuit. Il va alors croiser Glen, un beau petit mec. Il fait alors tout pour attirer l’attention du jeune et il y arrive et finit même par rentrer chez lui. Mais au réveil, ce que Russell pensait n’être que l’aventure d’une nuit va très vite s’imposer comme plus profonde. Le problème, c’est que Glen quitte l’Angleterre dans deux jours pour s’installer dans l’Oregon.
« Week-end« , c’est une très jolie surprise. Avec ce film, Andrew Haigh nous offre une histoire criante de simplicité. Une histoire juste et honnête, qui pourrait arriver à chacun d’entre nous. Très loin des stéréotypes homos, « Week-end« , c’est un moment magique qui fige le temps l’espace d’une rencontre. Très bien écrit, on ressent parfaitement que cet instant est particulier pour ces deux garçons et le réalisateur s’attaque avec beaucoup de pudeur sur ce moment de séduction. Ce moment qu’on aimerait tous qu’il ne s’arrête pas, quand la rencontre est parfaite. Le scénario est très beau, comme le personnage de Glen, le film fige cette rencontre comme un moment éphémère, qui sera d’autant plus beau qu’il a une date de péremption. Si la rencontre en elle-même est jolie, le film prend une autre tournure avec l’annonce de cette information. Les deux amants vont donc profiter du temps qui leur reste. C’est profond, touchant, réel, triste et beau en même temps.
« Week-end » est aussi un film très intelligent, dans le sens où il va aussi plus loin que cette rencontre et aborde le regard des autres et la difficulté de vivre une histoire aussi simple que celle-ci au grand jour. Le réalisateur parle du rapport à la sexualité, de la gêne qu’elle apporte quand celle-ci est vécue de manière normale. Le film parle de la société elle-même, de son rapport à l’homosexualité. Et ce qui est encore plus intelligent dans le propos, c’est qu’il reste aussi simple et touchant que l’histoire d’amour que vont vivre Russel et Glen. Le réalisateur évoque et parle de ces problèmes, mais ne tombe jamais dans la leçon de morale ou dans l’hétérophobie comme j’ai pu le voir dans certains films. Ici tout est juste, rien n’est appuyé et Andrew Haigh nous laisse nous faire nos propres réflexions et c’est très bien.
La simplicité, c’est le maître-mot de ce film et elle se ressent partout, la mise en scène sera donc dans ce sens. Andrew Haigh nous fait entrer dans cet appartement ou dans ces soirées avec beaucoup de recul. Le réalisateur nous montre ce qu’il faut, et sa caméra sait aussi donner de l’intimité à ses personnages. Là encore, ça démontre l’intelligence du réalisateur, qui ne tombe pas dans le sexe à outrance et n’érotise pas ses personnages pour attirer son public. La façon qu’il a de filmer cette histoire d’amour naissante est simple et ressemble à n’importe quelle histoire d’amour, hétérosexuelle ou homosexuelle, ici, c’est la force de la rencontre, des sentiments et du moment qui est mis en valeur.
Et enfin cette simplicité, on la retrouvera aussi dans le jeu et le physique de ses acteurs. Touchants et crédibles dans leurs personnages, Tom Cullen et Chris New dégagent une belle alchimie. On sent vraiment qu’il se passe quelque chose entre eux. Peut-être pas spécialement au réveil, non, c’est un peu plus tard, quand les deux personnages comprennent que ce ne sera peut-être pas qu’un coup d’une nuit, c’est à ce moment que tout devient à part. J’ai beaucoup apprécié que le réalisateur ne tombe pas dans les gravures de mode. Ces deux acteurs sont loin physiquement des stéréotypes gays et ils en sont d’antan plus beaux pour ça. Ils ressemblent à n’importe qui, ils ont le corps de n’importe qui… Bref, on est très loin des codes habituels et c’est tellement mieux.
Très bien filmé, très bien joué, doté d’une ambiance superbe et une envie d’être au plus proche de la réalité, Week-end d’Andrew Haigh est un très beau moment de cinéma. C’est une très belle rencontre pleine de tendresse et d’envie. Avec ce film, Andrew Haigh ne parle pas d’une histoire d’amour gay, non, il parle simplement d’une histoire…
Note : 17/20
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Par Cinéted