avril 20, 2024

Sumerki – Dmitry Glukhovsky

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Auteur : Dmitry Glukhovsky

Editeur : L’Atalante

Genre : Thriller, Fantastique

Résumé :

Quand Dmitry Alexeïevitch, traducteur désargenté, insiste auprès de son agence pour obtenir un nouveau contrat, il ne se doute pas que sa vie en sera bouleversée. Le traducteur en charge du premier chapitre ne donnant plus de nouvelles, c’est un étrange texte qui lui échoit : le récit d’une expédition dans les forêts inexplorées du Yucatán au XVIe siècle, armée par le prêtre franciscain Diego de Landa. Et les chapitres lui en sont remis au compte-gouttes par un mystérieux commanditaire. Aussi, quand l’employé de l’agence est sauvagement assassiné et que les périls relatés dans le document s’immiscent dans son quotidien, Dmitry Alexeïevitch prend peur. Dans les ombres du passé, les dieux et les démons mayas se sont-ils acharnés à protéger un savoir interdit ? À moins, bien entendu, que le manuscrit espagnol ne lui ait fait perdre la raison. Alors que le monde autour de lui est ravagé par des ouragans, des séismes et des tsunamis, le temps est compté pour découvrir la vérité.

Avis :

Il est impossible d’évoquer Dmitry Glukhovsky sans avoir parcouru Metro 2033. Chef d’œuvre post-apocalyptique qui aura marqué les esprits, l’auteur russe nous a gratifiés d’une très bonne suite, mais loin d’égaler son aîné. Les aléas du monde éditorial étant passablement versatiles (surtout sur la scène internationale), son deuxième roman n’avait pas bénéficié d’une traduction française. En dépit d’un certain succès et de sept années d’attente, le tir est rectifié. On délaisse la science-fiction pour se retrouver à la croiser des genres. Entre thriller halluciné, fantastique et catastrophisme annoncé, Sumerki disposait d’une assise confortable pour s’imposer. Malheureusement, il n’en est rien.

Si elle n’en démontre rien aux premiers abords, l’entame réduit à elle seule la construction de l’intrigue. Un traducteur désœuvré qui mène une routine accablante jusqu’à ce qu’on lui confie un mystérieux texte. Pourquoi pas ? L’énigme débute en développant une atmosphère contrastée entre l’étouffante chaleur du Nouveau Monde et la froideur contemporaine de la capitale russe. Seulement, cette propension à dépeindre le contexte prend le pas sur la progression au risque de perdre le lecteur et l’histoire de vue. Chaque chapitre ressasse les mêmes schémas narratifs. À savoir, la réception d’un texte, son interprétation et les réflexions qui en découlent.

Cela en devient vite répétitif, voire ennuyeux. On se rend compte que le narrateur tergiverse et s’apitoie plus que de rigueur sur des points de détail. Imaginez une petite dizaine de pages pour passer de « On toque à la porte » à « J’ouvre la porte ». Il expose avec complaisance ses états d’âme à chaque pas, dépeint ce qui l’entoure (alors qu’on demeure toujours dans le couloir), se remémore des souvenirs inutiles pour parvenir à l’élément crucial… ou pas ! Même si la taille du texte reste correcte (moins de 400 pages), il en paraît le double. La faute à des descriptions sans fin et à un rythme lénifiant haché des séquences dudit manuscrit plus que dispensables.

Là où ce dernier aurait pu prendre les apparats d’un bijou perdu par les siècles, on y trouve un journal intime affublé d’un style d’écriture imbuvable. Est-ce par souci d’authenticité ou de complaisance que Glukhovsky a choisi cette optique ? Toujours est-il que l’emploi de subordonnées en début de phrases entrecoupe le texte de manière à ne jamais pouvoir s’y plonger corps et âme. Utilisée avec parcimonie, cette acrobatie littéraire donne un certain cachet, une curiosité audacieuse. Dans le cas présent, l’auteur en abuse pour confronter son lectorat à des triples, voire des quadruples subordonnés sans la moindre finalité. Par conséquent, elles ne se justifient pas.

En parlant de traduction, la version française jouit de belles coquilles persistantes. Notamment en remplaçant l’expression « X jours durant… » par « X jours de rang… » Ce qui ne veut absolument rien dire. En soit, ce ne serait pas un obstacle si cela n’empiétait pas sur la cohérence générale. Certains passages possèdent une certaine tonalité qui, quelques pages plus tard, est contredite par une affirmation inverse ! Le narrateur s’emporte sur son employeur au bord du mutisme ? Pas de problèmes puisqu’on nous dépeint ce dernier comme un hystérique qui l’a viré en grandes pompes de son entreprise dans la foulée.

Et se cacher derrière des allégations paranoïaques ou hallucinés face à un texte qui semble poursuivre le personnage principal ne fait qu’accentuer le ridicule. L’intrigue perd en force à chaque page et ce ne sont pas les envolées pseudo-philosophiques de Glukhovsky qui la sauvera du désastre. Un lyrisme qui n’est pas de circonstance lorsqu’on décide de voir l’état du monde, ainsi que les catastrophes qui l’accablent, par le prisme d’articles de journaux ineptes. Pour ceux qui s’interrogeraient sur le cœur du mystère. Rien de très surprenant quand on parle maya et cataclysme imminent.

Sumerki arrive trop tard en France avec son prêche apocalyptique sur la fin du calendrier maya. Le dénouement demeure prévisible dès le premier tiers entamé, mais quel exercice laborieux pour aboutir à ce point ! Entre une construction redondante au possible, une progression quasi nulle et pléthore de lourdeurs stylistiques surfaites, le second roman de Glukhovsky déçoit clairement. Malgré une bonne presse, le traitement auteurisant de son sujet fait se perdre les bases saines de son intrigue dans un intérêt décroissant. Un livre ennuyeux et passablement prétentieux qui pâtit d’une traduction bâclée. Surestimé, pour ne pas dire dispensable.

Note : 07/20

Par Dante

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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