De : Jabbar Raisani
Avec Adrian Paul, Reiley McClendon, Rick Ravanello, Joe Reegan
Année: 2015
Pays: Angleterre, Afrique du Sud
Genre : Science-Fiction, Action
Résumé :
Une équipe de documentaristes suit une unité d’élite de soldats dans le sillage d’une invasion extraterrestre…
Avis :
Quand on travaille dans le milieu du cinéma, on a forcément envie d’être derrière la caméra pour montrer au monde entier ce que l’on sait faire et les histoires que l’on veut raconter. Si certains ont brillamment passé le test et sont devenus des stars aussi bien devant que derrière, cela ne concerne pas tout le monde. Et bien souvent le syndrome du premier film est en cause. Si les retours ne sont pas bons, ou si vous n’avez pas un nom déjà un peu connu, il y a de fortes chances pour que le premier essai soit le dernier. A titre d’exemple, Jabbar Raisani entre parfaitement dans cette catégorie. Alors superviseur des effets spéciaux pour Robert Rodriguez sur Machete ou pour Nimrod Antal sur Predators, le jeune homme a voulu se lancer dans sa propre histoire et son propre film. Malheureusement pour lui, non seulement il n’est pas suffisamment connu pour avoir droit à une production digne de ce nom, mais pire que cela, son film sera un échec cuisant, autant sur le plan narratif que sur le plan cinématographique. En effet, Outpost 37 ne propose rien à raconter et pire que cela, il s’amuse à reprendre des éléments de films connus pour en faire un mélange indigeste entre docu-fiction et film de SF qui pourrait voir le jour chez Syfy.
Le monde est en train de se reconstruire. En effet, une invasion alien a surpris tout le monde et grâce à la création de l’U.S.D.A, une armée mondiale, les extraterrestres ont pu être reboutés chez eux. Mais des capsules de résistance subsistent et des avant-postes sont créés pour protéger les humains. Mais la paix est loin et certains rebelles veulent reprendre leur terre. C’est à l’avant-poste 37 que deux journalistes décident de faire un reportage sur l’armée, car il est réputé comme étant le plus dangereux et actif de tous les avant-postes.
Tremble Neill Blomkamp, tremble ! Mais pas trop quand même car tu possèdes une sacrée longueur d’avance. Comment ne pas faire le parallèle entre District 9 et Outpost 37 tant le thème principal est quasi identique et la forme se ressemble. Jusqu’au titre, il y a un parallèle à tirer. Mais là où le film de Blomkamp tire sa force, c’est dans son message particulièrement cynique sur la cruauté de l’être humain envers l’inconnu et de ses enjeux dramatiques qui sont d’une grande puissance. Jabbar Raisani quant à lui, ne retiendra que la façon de filmer (tout du moins le mélange des styles), et oubliera tout ce qui fait l’essence même d’un métrage intéressant. C’est bien simple, le film ne raconte rien, et le but final arrive comme un cheveu sur la soupe par le plus grand des hasards. Là où il rejoint son film référence, c’est dans cette alternance entre found-footage avec les deux reporters et point de vue extérieur. Malheureusement, là aussi c’est raté puisque chez Blomkamp, il y a une justification à cette alternance, il y a un point de rupture qui explique ce changement, alors que dans Outpost 37, on passe de l’un à l’autre tout du long et rien, absolument rien, ne justifie ce point de vue extérieur, sauf la facilité pour narrer l’histoire.
Mais l’histoire est aussi très mal dosée et on s’ennuiera plus que de raison. La faute à une autre alternance entre des interviews qui cassent le rythme et ne servent à rien et le film en lui-même. On comprend rapidement que ces interviews sont là pour présenter les personnages, pour montrer leur personnalité, mais cela ne fonctionne pas car aucun ne se démarque de l’autre, à un tel point que l’on ne retiendra aucun prénom. Et le film de tomber dans une sorte de redondance cyclique entre interviews, vie au camp et quelques fusillades filmées de loin. Difficile alors d’impliquer le spectateur dans une telle torpeur et une telle non-envie de rentrer dans le lard. Même l’apparition du premier alien est filmée de façon neurasthénique, présentant un golgoth mal fagoté à la peau épaisse qui mettra un temps fou à clamser. Et là arrivent les premiers faux raccords, où l’on se demande comment le monde a pu survivre à de tels monstres, surtout quand on voit les bras cassés qui nous protègent. A la rigueur, on peut dire que les effets spéciaux ne sont pas vilains. Les insertions de méchants sont bien fichues, quelques membres s’arrachent de façons convaincantes, et les derniers effets spéciaux tiennent la route. Mais cela ne suffit pas à faire un film intéressant, d’autant plus que même les acteurs n’y croient pas.
Au final, Outpost 37 est une jolie purge qui montre que copier en essayant de faire à sa sauce ne marche pas forcément. Jabbar Raisani signe un premier film complètement à côté de ses pompes, qui manque de volonté, d’envie mais aussi et surtout d’enjeux pour donner envie au spectateur de suivre ces soldats. Trop bavard, avec un rythme lancinant entrecoupé de scènes d’interviews inutiles, pas de doute, on est dans le DTV bas de gamme qui ne contentera pas grand-monde, même les moins difficiles.
Note : 04/20
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Par AqME