mars 19, 2024

Fred Vargas – Coule la Seine

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Résumé :

Un recueil de trois  nouvelles avec le commissaire Adamsberg. Salut et Liberté où un présumé tueur nargue la police avec des lettres et un sans abri vient squatter le banc en face du commissariat. La Nuit des Brutes où un meurtre se fait le soir de Noël. Cinq Francs Pièce où un vendeur d’éponges est témoin de la tentative d’assassinat d’une femme importante.

Avis :

Fred Vargas est la romancière française la plus en vogue dans le domaine du policier. Il faut dire qu’en très peu de livres, elle s’est forgé une bonne réputation et que sa façon d’écrire et de mener par le bout du nez le lecteur est sans pareil. Croquant des personnages plus ou moins loufoques, décrivant les villes de manière presque fantomatique, elle instaure un climat fort dans chacun de ses bouquins. Comme beaucoup d’écrivains policiers, elle a son héros, son commissaire, qui mène les enquêtes les plus difficiles. Jean-Baptiste Adamsberg est sa marotte, policier rêveur, indéfinissable, à la fois beau et laid, à la lenteur exaspérante et au moyen de penser unique. A ses côtés, Danglard est son antithèse, cultivé, bourru, alcoolique et avec 5 enfants, il représente le côté pragmatique d’Adamsberg. Forcément, avec des personnages comme ça, il est difficile de passer à côtés des romans de Vargas et surtout de ne pas être tenté de les lire. Coule la Seine est donc un recueil de trois nouvelles se déroulant à Paris, avec nos deux compères. Alors que vaut le livre ? Les nouvelles sont-elles intéressantes ? Fred Vargas nous piège-t-elle encore ? Prenons un bateau mouche et explorons ces eaux saumâtres.

La première nouvelle s’intitule Salut et Liberté. Elle se présente comme une enquête à part, puisqu’il n’y a pas de meurtres, pas de victimes, mais seulement des lettres qui arrivent au commissariat, annonçant un meurtre et avec un tueur se présentant comme Salut et Liberté et qui nargue la police, insultant Adamsberg. En parallèle à cela, il y a un clochard qui se poste sur le banc en face le commissariat et qui ramène à chaque fois des choses inédites comme un vieux lampadaire ou encore un valet de chambre. Adamsberg y voit un lien avec les lettres, alors que Danglard souhaite seulement le départ de ce gêneur. Cette histoire est la plus longue du livre, et Vargas nous invite à voir un Adamsberg un peu à part, qui doit sortir un peu de ses gonds pour arriver à cerner le mystère. Privilégiant une approche humaine où les dialogues sont la source des solutions, elle va présenter un sans abri drôle et attachant mais cachant un lourd secret. Sans être exceptionnelle, cette histoire se révèle sympathique, mais le dénouement un poil tiré par les cheveux. C’est dommage quand on connait le talent de la romancière.

La deuxième nouvelle, La Nuit des Brutes, est beaucoup plus intéressante. En effet, elle prend place le soir de Noël et identifie cette soirée, comme celle des brutes, celle où tout est permis, celle où tout le monde est déçu. Beaucoup plus intéressante que la nouvelle précédente, l’histoire part de la découverte d’un corps et dont l’assassinat remonte à la nuit de Noël. Bien plus mystérieux que la nouvelle précédente, elle montre comment Adamsberg perçoit Noël et donne un sens pour tout ceux qui n’aime pas cette fête. Encore une fois, elle nous mène là où elle veut et on se laisse avoir, surtout sur la fin avec un dénouement inattendu. Ce qu’il y a d’intéressant dans cette histoire, c’est que la commissaire va s’attacher à un détail, une chaussure manquante que l’on n’a pas découvert et que c’est ce détail qui va permettre de mener à bien une enquête. En effet, pourquoi une personne sauterait d’un pont avec une chaussure en moins et en laissant son sac sur le trottoir. Le fait est qu’on l’a poussée. Encore une fois, le scénario est bien plus élaboré que la nouvelle précédente et j’ai pris un réel plaisir à lire cette histoire.

La troisième et dernière nouvelle s’intitule Cinq Francs Pièce et narre les efforts d’Adamsberg pour tirer les vers du nez d’un clochard vendeur d’éponges témoin d’une tentative d’assassinat. Il s’agit certainement de l’histoire qui possède l’aspect le plus social du bouquin. En effet, Vargas pose le problème de différence de catégorie sociale. Ainsi, pourquoi l’homme viendrait-il en aide à cette femme portant de la fourrure et qui n’en a rien à faire de lui et de son sort ? C’est en partant de ce postulat que Vargas va mettre en avant le duel entre Adamsberg, essayant de cerner le personnage pour l’aider et parvenir à ses fins et Pi, le clochard, souhaitant vendre ses éponges à 5 francs pièce. Encore une fois, on va voir un commissaire plein de sagesse mais surtout en dehors des rangs sociaux, préférant s’attarder sur la personne et la personnalité que sur le rang social. Ainsi, on en arrive à se prendre d’amitié pour ce pauvre hère, et Adamsberg resplendit par sa bonté. La fin est excellente et drôle.

Au final, Coule la Seine est un recueil sympathique de trois nouvelles de la romancière. Si la première peut paraître un peu facile et désuète, les deux autres histoires valent le coup d’œil et montre combien Vargas est très forte dans son domaine. Seulement, cela vaut-il le coup d’acheter un livre qui fait 112 pages ? Je ne sais pas et peut être aurait-il fallu glisser ces histoires dans d’autres livres, en complément. Quoiqu’il en soit, si vous êtes fan de Vargas, vous pouvez vous jeter dessus. Pour les néophytes, je conseillerai plutôt l’homme à l’envers ou l’homme aux cercles bleus.

Note : 14/20

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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