mars 19, 2024

L’Etrange Cas de l’Homme Mécanique – Mark Hodder

29094_aj_m_9676

Auteur : Mark Hodder

Editeur : Bragelonne

Genre : Steampunk

Résumé :

Sir Roger Tichborne : perdu en mer. Le voici de retour pour revendiquer la fortune familiale. Mais est-ce bien lui ? Pour les classes supérieures, c’est de toute évidence un habile escroc ; pour les ouvriers de Londres, c’est le héros du peuple… Mais pour Burton, il est avant tout au centre d’un complot visant à escamoter de légendaires diamants connus sous le nom d’Yeux de Nga. L’enquête le mènera sur le domaine maudit des Tichborne… et à la rencontre du fantôme d’une sorcière !

Entre un manoir hanté et les rues de Londres secouées par des émeutes, de l’Amérique du Sud à l’Australie, d’un incroyable vol de bijoux à une possible révolution, Burton et Swinburne affrontent de terribles forces pour mettre un terme à une conspiration qui menace l’Empire britannique. Leur enquête aboutit sur un final étonnant qui les verra combattre les morts, un ennemi à naître, et entrevoir le passé préhistorique et le futur déchiré par la guerre !

Avis :

Avec L’étrange affaire de Spring Heeled Jack, Mark Hodder effectuait une formidable incursion dans le domaine du steampunk, genre ô combien périlleux s’il est mal exploité. Avec un univers des plus singuliers, des personnages hauts en couleur et un sens de la narration indéniable, l’auteur était parvenu à nous livrer un roman irrévérencieux, rocambolesque et pour le moins réussi sur tous les plans. Tandis qu’il poursuit sur sa lancée (la série compte à ce jour six livres outre-Manche), la seconde aventure de Burton & Swinburne arrive en France. Cette suite est-elle aussi délectable que son prédécesseur ?

L’étrange cas de l’homme mécanique possède une trame tout en nuances avec une progression assez lente. En effet, la structure se révèle dense au vu de la taille des chapitres (à peine 15 pour environ 500 pages), mais cela ne change en rien la qualité de l’intrigue. Il est vrai que l’on préférera se pencher sur son aîné avant d’entamer les hostilités. Les personnages sont déjà bien ancrés au sein de cet univers farfelu et les conséquences des événements passés commencent à être visibles. L’auteur continue à jouer sur l’altération du temps, même si son approche diffère sensiblement de ce qu’il a pu faire précédemment.

Vous l’aurez compris, l’on retrouve ici tous les ingrédients qui ont fait le succès du premier tome tout en les faisant évoluer de manière cohérente, si tant est que ce mot possède une signification dans un Londres victorien sens dessus dessous ! Les anciennes inventions côtoient des améliorations ou des nouvelles pour donner un non-sens permanent dans les rues de la capitale anglaise. Cet aspect voit s’affronter les deux castes principales : les technologistes et les eugénistes. Entre les crabes-éboueurs, les perroquets victimes du syndrome de la Tourette ou les rotochaises dans le ciel brumeux de la capitale britannique, on sent une véritable effervescence pour entretenir une atmosphère incongrue au possible.

Ambiance appuyée par un humour décadent et percutant où les jeux de mots donnent lieu à des moments saugrenus décrits avec un ton en parfaite contradiction avec la dramaturgie qu’ils impliquent (ex : lorsque Swinburne risque sa vie face au requérant). Il en ressort autant de péripéties trépidantes qu’un divertissement sensationnel. Le style d’écriture étant parfois dynamique avec des scènes d’action très précises. En d’autres circonstances, il se montre nonchalant avec des séquences de dialogues prompts à la contemplation ou à remettre la situation dans le bon ordre pour progresser et replacer tel ou tel individu au sein des événements.

Concernant les personnages, l’on n’aura aucune peine à se retrouver si tant est que vous soyez familier du premier tome ou un anglophile passionné par l’époque. Pour autant, il ne faut pas s’attendre à une reconstitution réaliste et pertinente de l’ère victorienne. Mark Hodder l’affiche lui-même en préambule, il a pris de grandes libertés avec chacun de ses protagonistes pour en faire des êtres à part entière. Même si l’on remarque çà et là quelques similitudes avec le véritable Richard Burton ou Algernon Swinburne (pour ne citer que les deux principaux), cet ouvrage est une fiction, pas un livre dogmatique et formel sur la période évoquée.

Au final, L’étrange cas de l’homme mécanique se révèle aussi bon et jouissif que son aîné. Drôle, entraînant et complètement barré, le second tome des aventures de Burton & Swinburne est une explosion de sensations incroyables où l’invraisemblable se nourrit d’une partie de l’histoire pour en créer une nouvelle. Il en ressort un humour subtil qui n’en oublie pas pour autant une qualité narrative au flegme britannique tout trouvé pour donner vie à de truculents protagonistes. Ou comment revisiter les événements d’une époque dans un délire parfaitement assumé. Et puis rencontrer Oscar Wilde, vendeur de journaux en culottes courtes, ça vaut le détour…

P.-S. Pensez à vous abonner pour 2 shillings à votre poubelle à chenilles Mann-Voight pour une suppression des déchets végétaux plus propres !

Note : 17/20

Par Dante

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.