mars 28, 2024

Free Fall

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De : Stephan Lacant

Avec Hanno Koffler, Max Riemelt, Attila Borlan, Katharina Schuttler

Année : 2013

Pays : Allemagne

Genre : Romance

Résumé :

Marc est un jeune policier CRS. Il mène une vie épanouie avec sa femme qui attend un enfant de lui. Il rencontre Kay, un nouveau collègue qui vient de rejoindre son unité. La complicité des deux hommes vient rapidement à dépasser le cadre de leur travail…

Avis :

Quand le cinéma allemand nous surprend et nous offre l’une des plus belles histoires d’amour ce début d’année, ça donne « Free Fall » un premier film signé Stephan Lacant.

Très peu distribué en France, il m’aura fallu du temps avant d’aller le voir, j’ai même cru qu’il allait me passer sous le nez celui-là. C’est un superbe film que nous offre là Stephen Lacan. « Free Fall » est une œuvre sur un triangle amoureux particulier et surtout une œuvre sur le désir et la découverte, où se mêle la confusion des sentiments. Superbe !

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Marc est un jeune homme marié, heureux en ménage et qui ne va pas tarder à être papa pour la première fois. Policier, il fait une formation pour être CRS. C’est là qu’il fait la connaissance de Kay, un jeune homme énigmatique. Les deux hommes sympathisent après une incartade. Pour passer les épreuves, ils décident de s’entraîner ensemble. Mais une tension s’installe entre eux, Marc n’arrive pas bien à cerner Kay. Puis, un jour comme un autre alors qu’ils sont en forêt en train de courir, Kay embrasse Marc et fait même un peu plus. Le jeune se laisse faire, sans trop comprendre ce qui lui arrive. Il n’est pas homo, il finit même par repousser violemment Kay. Mais peu à peu, alors que les jours passent et que l’ombre de Kay plane dans ses pensées, ils se sent de plus en plus attiré par le jeune homme et finit par céder aux avances de ce dernier. Pourquoi ? Il ne se l’explique même pas lui-même, il sait juste qu’il est bien avec Kay et que ce qu’il découvre lui plait. Mais il lui faut aussi mentir à sa bien-aimée et aux autres aussi. Mais jusqu’où cette relation peut-elle l’emmener ?

Magnifique de justesse, « Free Fall » est une œuvre forte et maîtrisée avec tellement de talent que j’en suis ressorti bouleversé. Le réalisateur Stephen Lacant, dont c’est le premier film, offre son « In The Mood For Love » au cinéma allemand. Son film est d’une richesse pas possible. Il y parle de tellement de thèmes, le scénario est un petit bijou, ça faisait une éternité que je n’avais pas vu une aussi belle histoire d’amour. Tragique et interdite, cette dernière va nous emporter dans un tourbillon d’émotions et de remises en question.

Pour un premier film, Stephan Lacant s’autorise un sujet assez audacieux. L’histoire d’un homme marié et bientôt père de famille, qui tombe amoureux sans savoir pourquoi d’un autre homme. C’est vrai que cette histoire est pourtant déjà vue. Nous avons pas mal de film qui traite de ce sujet, avec en tête de liste le célèbre « Secret de Brockback Mountain » d’Ang Lee, mais pourtant malgré ce côté-là, le réalisateur arrive à nous faire un film avec une histoire qu’on redécouvre. C’est un film sincère, touchant, pudique, qui sert à quelque chose, qui véhicule quelque chose, et surtout qui ne fait pas une version de « Le secret de Brokeback Mountain » dans la police. Stephan Lacant évite tout ça et nous offre là autre chose et c’est bien mieux.

C’est avec beaucoup de sincérité que le réalisateur va nous parler, au détour de son scénario, de ce moment où la vie d’un homme bascule, alors que celui-ci ne l’a pas cherché, il n’a rien demandé à personne, il va être touché par cet homme, lui-même va le dire, il n’arrive pas à se l’expliquer. C’est avec beaucoup de pudeur, que le cinéaste va parler de la force du désir qui se mêle à l’incompréhension, les sentiments qui se bousculent, se mélangent, se mentent, qui ne se comprennent pas, j’ai trouvé le film très réaliste et j’ai beaucoup aimé la vision que le réalisateur nous offre. J’ai été très touché par son histoire et les personnages, on sent vraiment que le personnage de Marc se laisse complètement tomber dans ce désir. J’ai été très ému par ce triangle amoureux, qui est génial. J’ai été agréablement surpris, alors que beaucoup de films se seraient basés que sur l’histoire entre les deux hommes et auraient eu tendance à diaboliser sa femme (j’ai eu vu un paquet dans ce genre-là), ici le réalisateur apporte autant d’importance à l’histoire que le personnage de Marc vit avec Kay que celle qu’il a avec Bettina. J’ai trouvé que ça donne un sens tellement juste au film et surtout il n’y a aucun jugement, juste des faits et de l’amour. C’est une histoire simple et qui peut arriver à tout le monde.

En plus de ça, le film est super intelligent. Le réalisateur évite le côté tape à l’œil et le film comporte très peu de « clichés homos « , et même quand il y en a, ils sont bien pensés, ils sont justes, le réalisateur n’en fait pas trop et surtout, ils ne sont pas gratuits, ils servent l’histoire et ça fait du bien.

J’ai aussi adoré que le scénario n’en reste pas là, Stephen Lacant ira encore plus loin aussi, puisqu’il va aussi traiter de l’homosexualité dans la police, un milieu assez fermé, de l’acceptation de soi et du regard des autres pour le personnage de Kay, le fait de s’assumer, mais aussi de se cacher. De l’homophobie, de l’intolérance, encore flagrante aujourd’hui, surtout dans un milieu aussi masculin que celui des CRS. C’est très bien parce que le réalisateur en parle, aborde ces sujets de plein front, mais on n’a pas cette sensation de morale, de se faire taper sur les doigts, il nous laisse libre de penser et de juger. Je suis vraiment sous le charme, c’était vraiment très bien.

Le film est aussi superbe à regarder. Les plans sont beaux en particulier tous ceux dans l’appartement de Kay où la photographie est parfaite. Elle est belle pendant tout le film, mais dans ces scènes-là, il y a vraiment quelque chose de plus. Le rythme et le montage sont excellents aussi et le film passe trop vite.

Le réalisateur nous réserve de belles scènes d’intimités, que ce soit entre Marc et Kay ou bien Marc et Bettina. Beaucoup de scènes dans la façon dont elles sont conçues, sont très touchantes, il y a une ambiance tellement forte qui se dégage du film, que les images parlent d’elles-même.

Puis enfin, les acteurs jouent avec tellement de justesse. Le film est porté avec force et mensonge par Hanno Koffler que j’ai trouvé fabuleux. C’est la première fois que je vois cet acteur, je le découvre et c’est une belle révélation. Très populaire dans son pays, il tient là un rôle complexe et nous fait ressentir chacune de ses émotions, chacune de ses craintes, ou ses envies. Il est incroyable, c’est un nom que je vais retenir. Pour jouer son amant, le réalisateur a choisi Max Riemelt, un acteur que j’avais beaucoup apprécié dans « La vague » le film de Dennis Glasser. Il tient un rôle tout aussi difficile que son collègue, puisque Kay est un personnage qui s’assume tout en ne révélant rien. J’ai adoré la façon qu’il a de draguer Marc, tout en non-dit, juste avec des regards insistants. Puis il y a Katharina Schüttler (Bettina) qui m’a autant bouleversé que les deux autres. Si au début du film, elle intervient comme un personnage simple et sans surprise, elle va s’imposer au fur et mesure que l’intrigue évolue et aller jusqu’à m’émouvoir autant que le mal-être de Marc et la tristesse de Kay. Les trois acteurs ont parfaitement été choisis pour ce film et une fois qu’on l’a vu, il ne peut y avoir personne d’autre pour jouer leurs rôles.

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C’est donc une réussite totale que s’offre Stephan Lacant pour son premier film. « Free Fall « , est une très belle définition du désir, de sa montée et de sa culpabilité. C’est une très belle histoire d’amour, interdite et tabou. Une de ces belles histoires d’amour qu’on n’attendait pas et qui chamboule toute notre vie. Le réalisateur a tout compris pour son premier film et donne un coup d’air frais sur ce genre de film. Je suis déjà impatient de voir son suivant.

Note : 19/20

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Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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