De : Steven Knight
Avec Tom Hardy, Ruth Wilson, Olivia Colman, Andrew Scott
Année: 2014
Pays: Angleterre, Etats-Unis
Genre : Thriller
Résumé :
Ivan Locke a tout pour être heureux : une famille unie, un job de rêve… Mais la veille de ce qui devrait être le couronnement de sa carrière, un coup de téléphone fait tout basculer…
Avis :
Steven Knight est un scénariste de renom, après s’être penché sur quelques uns des films de Stephen Frears, Michael Apted, David Cronenberg ou John Crowley ainsi que la série « Peaky Blinders » dont il en est le showrunner, le scénariste livrait son premier film l’année dernière, « Crazy Joe« , qui était l’un des seuls films de Jason Statham qui me donnait envie. Le réalisateur est de retour cette année avec « Locke » un drame au volant où l’on va suivre le personnage de Tom Hardy sur un moment important de sa vie et alors que tout le film se passe au volant d’une voiture, le réalisateur réussit un coup de génie et rend son « Locke » passionnant.
Ivan Locke est un contremaître heureux à qui tout réussi. Père de famille aimant, il a un boulot qui le passionne et en ce moment il travaille sur ce qui sera surement l’un des sommets de sa carrière. Mais voilà qu’un peu plus tôt dans la journée, Ivan reçoit un coup de téléphone. Un coup de téléphone qui va alors bousculer toute sa vie. Ce soir-là, il doit se rendre à Londres, qui se trouve à 1H30 de là où il est et pendant le trajet, il va devoir passer plusieurs coups de téléphone pour essayer de remettre sa vie en ordre.
Réaliser un film avec un seul acteur et un seul lieu n’est pas un exercice si facile que ça et le film peut vite se casser la gueule et devenir peu captivant. Mais si jamais l’exercice est réussi, alors là ça devient très vite génial, je pense par exemple à « Buried » avec Ryan Reynolds, seul, enterré vivant avec un simple téléphone pour sa survie. Le film avait été pour nous une très belle surprise et c’est ce que va être à son tour « Locke » dont l’action ne se passe qu’à l’intérieur d’une voiture avec un homme qui conduit vers Londres.
Porté par un Tom Hardy passionnant de maîtrise de lui-même, alors même que toute sa vie est en train de partir à petit feu, le réalisateur nous offre-là le huis clos de l’année. J’ai trouvé le scénario passionnant de bout en bout, surprenant, car très différent de ce que la bande-annonce laissait présager, et ce n’est pas plus mal, car le film fut une vraie surprise.
Le film est magnifiquement écrit et joue sur un acte, une décision qui va changer ou pas les choses. Un moment plus important qu’un autre, se taire ou alors assumer quitte à voir son monde basculer. C’est terrible.
Le réalisateur y installe une belle ambiance, avec intrigue, suspens et curiosités aussi, j’avais vraiment envie de savoir ce qui allait se passer et jusqu’où le film pouvait aller.
Parce que le personnage de Tom Hardy a fait un égarement voilà quelque mois, il a mis une femme enceinte et cette dernière va accoucher (oui, je vous le dis puisque premièrement, on le découvre très vite en entrant dans le film, et deuxièmement, cela peut éviter à certain de crier à l’arnaque en pensant trouver un thriller), il se voit tout perdre au fur et à mesure des coups de téléphone tous plus passionnants et terribles les uns que les autres.
Ce que j’ai trouvé passionnant dans ce film, c’est la droiture de son personnage. Il se décide à assumer son acte, ce qui va lui coûter cher, mais ce n’est pas grave. J’ai aimé comment le réalisateur va petit à petit faire monter sa tension et comment il va faire partir totalement en vrille la vie de son personnage principal qui va nous communiquer beaucoup. J’ai adoré, alors qu’envers et contre tous « Locke » ne fera pas demi-tour, car il fait ce qu’il juge bon, ce que sa conscience lui dicte.
Le réalisateur réussit le coup de maître de ne pas créer de longueurs dans son film, ces 1h30 passe à une vitesse folle. En permanence au téléphone, ou en remise en question avec lui-même, le film va être d’une sensibilité rare, drôle par moments, triste à d’autres, voire même bouleversant grâce au jeu et au visage d’un Tom Hardy à fleur de peau.
Le film est aussi une très belle réussite dans sa mise en scène, puisqu’il est orignal, très bien filmé avec une superbe photo, accompagné par une BO toute aussi réussie qui accompagnera le personnage dans ses émotions et sera quand il le faut tendre ou plus légère. J’ai beaucoup aimé l’ingéniosité de certains plans, qui changent de ce qu’on a l’habitude de voir. Le film est plein de bonnes idées. J’ai beaucoup aimé comment le réalisateur nous fait entrer dans cette tranche de vie et surtout comment il nous en fait sortir. À la vision de la dernière scène, où j’en ai eu des frissons et ce dernier plan, je me dis que le film ne pouvait que finir ainsi.
Tom Hardy a la lourde tâche d’être le seul personnage que l’on verra à l’écran et l’acteur m’a autant passionné que bouleversé selon les coups de téléphone à sa femme, ses enfants ou son employeur. Il est incroyable dans ce rôle, il tient tout le film avec une maîtrise de lui-même qui m’a séché sur place. Je le savais déjà, mais il confirme encore une fois que c’est un très grand acteur. Pour le casting vocal, on pourra apprécier la voie pleine d’émotion d’Olivia Colman, ou celle pleine de rage et d’incompréhension de Ruth Wilson. On pourra rire un peu avec Andrew Scott ou alors s’agacer un peu avec celle de Ben Daniels.
C’est donc une très belle surprise que ce « Locke« . Jusqu’ici aucun voyage en voiture n’avait été aussi touchant, cette tranche de vie qu’a mis en scène le réalisateur est très, très belle. Et j’ai été très touché par l’histoire de cet homme qui est prêt à tout risquer, et tout perdre pour ne gagner qu’en retour le bien de sa conscience et en quelque sorte racheter sa faute et faire ce qui est bien.
Note : 18/20
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Par Cinéted