
Titre Original : The Hand That Rocks the Cradle
De : Curtis Hanson
Avec Annabella Sciorra, Rebecca de Mornay, Matt McCoy, Ernie Hudson
Année : 1992
Pays : Etats-Unis
Genre : Thriller
Résumé :
Apres le suicide de son mari, une jeune femme s’introduit dans la famille qu’elle rend responsable de ce drame. Séduisante, elle se rend vite indispensable tandis qu’elle tisse la toile de sa vengeance.
Avis :
Durant la fin des années 80 et les années 90, le regretté Curtis Hanson va être l’un des réalisateurs les plus en vu quand il faut faire des thrillers, ou tout du moins des films avec des malfrats et une tension palpable. Son point d’orgue arrive en 1997 avec L.A. Confidential, véritable chef-d’œuvre qui continue de passionner aujourd’hui. Avant cela, il aura fait tourner des actrices cultes dans des rôles où elles sont, soit vénéneuses, soit en proie à des situations délicates. On peut citer La Rivière Sauvage en 1994 avec Meryl Streep, mais aussi La Main sur le Berceau en 1992, avec une Rebecca de Mornay machiavélique à souhait. Hulu a annoncé qu’un remake de ce film était prévu pour novembre, sortant directement sur Disney+, avec notamment Mary Elizabeth Winstead et Maika Monroe, et de ce fait, on a voulu jeter un œil sur ce thriller purement nineties.

Le début du film est assez étrange, notamment dans la façon de nous présenter ce couple. On va suivre un homme qui semble vouloir entrer par effraction chez un couple. Rapidement, on nous apprend que ce type a un handicap, et qu’il est envoyé par une société pour s’occuper des espaces extérieurs de la maison, sur la demande de la femme du couple. Les choses sont alors idylliques, avec un couple aimant, une petite fille très gentille, et un homme à tout faire un peu limité, mais qui est d’une gentillesse à toute épreuve. On est typiquement dans la famille parfaite américaine. Mais les choses dérapent lorsque la femme du couple est abusée sexuellement par son gynécologue. Elle décide de porter plainte, et quatre autres femmes vont la suivre dans cette affaire. Ici, les choses sont faites assez rapidement, et sans trop faire de détour.
« La Main sur le Berceau est un thriller domestique rondement mené »
De là, on assiste au suicide de ce médecin, en hors-champ, puis à la descente aux enfers de sa femme, qui va perdre son bébé suite à ce drame. Complètement zinzin elle aussi, elle décide de se faire passer pour une nourrice, et arrive à se faire embaucher par la famille. De là, elle va tout faire pour prendre la place de la femme du couple, paraissant extraordinaire aux yeux des gens, mais devenant une vraie sorcière par derrière, manipulant son petit monde, et jouant avec les idées des personnes. Très clairement, La Main sur le Berceau est un thriller domestique rondement mené, qui ne perd jamais son intensité, notamment dans les coups pendables que peut faire cette femme. Elle est odieuse, on la voit faire des saloperies tout le temps, mais elle arrive à chaque fois à s’en sortir, se faisant passer pour une innocente, ou une victime.
Le scénario est finement écrit, et il passe par plusieurs étapes. En premier lieu, elle se met les enfants dans la poche. Tout d’abord en protégeant la petite fille des bullys de son école, puis en jouant à un jeu de secret avec elle. Pour le bébé, c’est encore plus pernicieux, car elle l’allaite à la place de la maman. Ensuite, elle se débarrasse des personnes gênantes de l’entourage, jouant alors sur l’image de potentiel pédophile pour l’homme de main, ou encore en créant des pièges pour écarter les amis de la famille. Enfin, elle s’attaque au couple en lui-même, voulant faire croire à un mari infidèle. Tout se tient, rien n’est laissé au hasard, et on va adorer détester cette bonne femme qui est encore plus cinglée que son mari. Néanmoins, on peut dire un léger bémol, cette méchante n’est pas nuancée.
« Curtis Hanson signe un film relativement propre, peut-être trop »
En effet, on aurait pu croire qu’elle allait mettre de l’eau dans son vin, ou réaliser que son mari était une pourriture, mais il n’en est jamais question. On fait face à une femme totalement folle, qui veut récupérer la famille qu’elle a perdu en se substituant à une autre femme, qu’elle tient pour responsable de ses malheurs. En gros, c’est le coucou qui pique le nid d’un autre oiseau. Cette méchante, qui tient le film sur ses épaules, est magnifiquement interprétée par une Rebecca de Mornay vénéneuse à souhait, et qui ne laisse que très peu de place au reste du casting, même si Annabella Sciorra est très charmante dans la peau de cette mère courage qui se sent dépassée par les évènements. Du côté du mari, on sera touché par Matt McCoy dans un rôle simple, mais crédible, complètement amoureux de sa femme.
A noter des rôles secondaires mais très touchants pour Ernie Hudson qui campe un travail handicapé empathique au possible, ainsi qu’une Julianne Moore en meilleure amie un peu fofolle, mais qui sera l’une des clés de la fin du film. Curtis Hanson signe quant à lui un film relativement propre, peut-être trop. La mise en scène est jolie, les plans sont plutôt bons, mais on reste sur un thriller classique, qui ne possède pas vraiment de moments éclatants. Seule la fin se révèle plus nerveuse qu’à l’accoutumée, avec un affrontement qui dure et qui maintient un bon suspens. On aurait sans doute aimé un peu plus de percussion dans la mise en scène, pour sentir les coups et les blessures. Mais il faut aussi remettre le film dans son époque, et il fonctionne assez bien comme ça.

Au final, La Main sur le Berceau se révèle être un très agréable thriller domestique, avec cette nourrice complètement fêlée qui va mener la dent dure à toute une famille. Les acteurs sont pleinement investis, la mise en scène est plus que correcte, mais surtout, les personnages sont attachants, surtout chez les victimes, alors que la méchante est délicieusement insidieuse et particulièrement machiavélique. Bref, il s’agit d’un bon film qui a un peu disparu des radars, et c’est bien dommage. Espérons alors que le remake soit à la hauteur…
Note : 15/20
Par AqME
