octobre 28, 2025

Déluge – Stephen Baxter

Auteur : Stephen Baxter

Editeur : Presses de la Cité

Genre : Dystopie

Résumé :

Et si la montée des eaux due au réchauffement climatique arrivait plus tôt que prévu ?
2016 : Lily, Helen, Gary et Piers, quatre scientifiques retenus en otages depuis cinq ans, sont libérés. A leur sortie, ils découvrent avec stupeur un monde au bord du chaos: le niveau des eaux est monté d’un mètre, provoquant une inondation sans précédent à Londres, l’engloutissement de l’Opéra de Sidney et la disparition pure et simple des îles Tuvalu…
Tout en luttant pour leur survie, ils vont chercher à comprendre la cause de cette apocalypse aux dimensions bibliques afin d’endiguer la catastrophe. Malgré leurs efforts, l’eau afflue inéluctablement et la construction d’arches géantes, initiée par un milliardaire controversé, semble être la seule échappatoire. Mais il n’y aura pas de place pour tout le monde…

Avis :

Depuis des décennies, le dérèglement climatique demeure une préoccupation dont les gouvernements semblent faire peu de cas. L’inertie des dirigeants va de pair avec une forme de déni collectif. Le sujet permet également d’extrapoler le devenir de l’humanité et de la planète sous le prisme de la fiction. Au cinéma, les films catastrophe constituent l’occurrence la plus populaire et distrayante. En littérature, on se focalise davantage sur les conséquences à travers une approche post-apocalyptique. Avec Déluge, Stephen Baxter inaugure le cycle des catastrophes qui s’avance comme un diptyque. À cette occasion, l’auteur pousse tous les curseurs au maximum pour entrevoir ce qu’il pourrait advenir de la civilisation et de la Terre…

Spécialiste de la science-fiction, Stephen Baxter maîtrise le genre dans de nombreux registres, comme la hard SF ou le space opera. Dans le présent ouvrage, on s’insinue dans un contexte contemporain, mais dont les conséquences du dérèglement climatique sont anticipées. En l’occurrence, l’histoire accélère la hausse du niveau des océans et des mers de la planète. Comme le titre le laisse présager, il ne s’agit pas seulement de la fonte des glaciers, mais de pluies diluviennes. La montée en tension est donc graduelle. À commencer par l’inondation progressive des grandes villes, dont Londres. L’amorce instille une sensation oppressante, tant le phénomène ébranle les fondations de la société, de notre quotidien.

L’approche est réaliste, méticuleuse. D’ailleurs, l’atmosphère n’est pas sans rappeler Le Jour d’après. La teneur des catastrophes naturelles est dissemblable, mais le traitement reste similaire, du moins dans un premier temps. En effet, le contenu du roman s’avère dense et, sans longueur spécifique, détaille tous les aspects de la catastrophe. L’alternance des points de vue n’est en rien handicapante et offre une complémentarité bienvenue pour apprécier une situation donnée sous des angles différents. Il est aisé de distinguer l’expérience dans la plume de l’auteur, sa facilité à développer les protagonistes, sans pour autant perdre de vue la progression de son récit.

Une particularité de l’histoire tient à son caractère elliptique. Stephen Baxter ne se contente pas d’exposer les prémices du déluge. Il en décrit toutes les étapes-clefs selon des périodes bien définies. À chaque partie, on effectue un bond dans le temps qui nous sépare des précédents chapitres par des années, voire des décennies. Pour autant, on ne distingue pas de ruptures dans le rythme ou la progression de l’intrigue, de ses personnages. Le découpage demeure pertinent, car il diversifie les situations à travers des circonstances et un contexte différents. Dès lors, on s’éloigne du roman catastrophe pour s’orienter vers une atmosphère post-apocalyptique.

Là où l’on avait commencé dans un registre cataclysmique, la suite du récit se tourne vers le survivalisme. On songe à la ville qui marche à travers ce qui reste des États-Unis ou à ces bidonvilles péruviens qui se greffent – à l’image de cellules cancéreuses – à l’un des derniers bastions de la civilisation. Cela sans compter sur quelques effroyables considérations au Tibet où l’instinct primal de notre espèce reprend le dessus. Quant à la Troisième Arche, cette incursion s’avance comme l’ultime odyssée de l’humanité dans un monde que ne renierait pas Kevin Reynolds, eu égard à Waterworld. En fin d’ouvrage, les occurrences entre les deux histoires sont manifestes.

Au final, Déluge constitue un premier tome aussi réussi qu’inquiétant, tant le récit s’ancre dans un contexte plausible, sinon réaliste. Le roman de Stephen Baxter est une évocation probante de l’état actuel de la planète. Certes, l’extrapolation atteint ici son paroxysme. Il n’en demeure pas moins une vision lucide où le catastrophisme ambiant souhaite interpeller le lectorat sur une thématique universelle. Sans se montrer sentencieux ou moralisateur, l’auteur construit une histoire équilibrée dans ses propos, son rythme. Il en ressort un ouvrage nanti d’une atmosphère délétère, à même de susciter le malaise quant au devenir de l’espèce humaine et de la planète.

Note : 15/20

Par Dante

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