
Avis :
A la fin des années 60, un groupe anglais cartonne alors qu’il ne rentre dans aucun clou, Black Sabbath. Jaloux de ce succès, les producteurs américains se lancent alors à la recherche d’un groupe similaire au pays de l’oncle Sam, et leur dévolu se jette sur Pentagram, porté par le chanteur Bobby Liebling. Formé en 1971, le groupe est rapidement considéré comme l’inventeur du Doom, ou tout du moins d’un Heavy Métal différent, qui propose des rythmiques lentes et un son de guitare très lourd. Malheureusement, l’histoire va être plus compliquée qu’une simple success story. Bobby Liebling est un parolier extraordinaire, mais c’est aussi un grand camé. Il tombe dans le LSD à douze ans, et tout ce qu’il touche se transforme non pas en catastrophe, mais en un truc fait à la va-vite. On pourrait dire qu’il incarne l’image parfaite du looser magnifique.
Forcément, le groupe se sépare une première fois en 1972, se renomme Macabre, pour revenir à Pentagram la même année, avant de se séparer une nouvelle fois en 1977, puis de se reformer en 1978, avant de splitter à nouveau en 1979 sans avoir sorti un seul album. Le groupe semble prendre une forme plus ou moins définitive en 1983, pour une histoire qui va durer jusqu’en 2005. Le groupe sortira alors sept albums durant cette période. Après trois ans de pause, Pentagram se reforme, mais doit composer avec un Bobby Liebling qui a changé, qui ne prend plus de drogues, condition émise par le guitariste. Et… nous n’avions plus de nouvelles du groupe depuis dix ans, et pour cause, le leader a fait un détour par la case prison après avoir été jugé coupable d’avoir poussé sa mère dans les escaliers, la mettant alors dans le coma.
Quand on vous dit que l’histoire est compliquée, et que Bobby Liebling est un looser. En 2024, il réunit néanmoins un tout nouveau line-up, avec Tony Reed à la guitare, Henry Vasquez derrière les fûts, et Scooter Haslip à la basse, permettent à Pentagram de sortir son dixième album, Lightning in a Bottle. Et on aurait pu s’attendre à un retour en grâce, notamment avec une envie de taper dans le gras afin de montrer que l’on est plus endurant que Black Sabbath. Et si cet album se fait bon, voire très bon par moments, il n’en demeure pas moins un petit peu en deçà des attentes, la faute à des morceaux assez convenus et quelques errances qui ont du mal à renouer avec le bon vieux Doom de l’époque. Et cela commence dès le premier titre, Live Again qui s’avère… bien.

On retrouve un gros riff un peu cracra, une ambiance bien nerveuse, et un joli break qui montre la grande forme du groupe. Mais ça reste au final assez conventionnel. Il n’y a pas de grosse prise de risque, et on reste sur quelque chose qui ne sort pas vraiment des carcans du Heavy Doom. D’ailleurs, les morceaux suivants se ressembleront un peu. In the Panic Room ou encore I Spoke to Death sont d’excellents titres assez courts, mais ils manquent cruellement d’inventivité. De plus, on ressent plus le côté Heavy que le côté Doom. Alors oui, ça évoque la belle époque et les années 70, mais on n’aurait pas été contre un peu plus de surprise. Même Dull Pain, qui fut l’un des titres pour vendre l’album, demeure assez attendu. Bon, après, à 71 ans avec autant de drogues dans le sang, Bobby Liebling tient une grande forme.
La chose la plus étrange, c’est que l’un des titres les plus doom de l’album, Lady Heroin, demeure aussi l’un des plus pénibles. C’est longuet, musicalement, ce n’est pas forcément intéressant, la faute à un côté psychédélique qui n’est pas assez poussé. Heureusement, derrière ce titre, ça va envoyer sévère, avec notamment Thundercrest qui est l’un des morceaux les plus puissants de l’album, ou encore Spread Your Wings et son refrain imparable, avec en prime un riff qui reste longtemps en tête. Pour clôturer l’album, Lightning in a Bottle s’avère un titre plaisant et bien rythmé, mais on lui préfèrera Walk the Sociopath et sa rythmique ultra lente, son riff lourd et puissant, épousant goulument le côté Doom qui manque tant dans cet album. Et les trois titres bonus sont sympathiques, si l’on excepte une autre version de Lady Heroin, qui manque toujours d’allant.
Au final, Lightning in a Bottle, le dernier album de Pentagram, est un bon effort et démontre que malgré ses frasques et son côté looser, Bobby Liebling n’a rien perdu de sa superbe, et offre un skeud qui aurait tout à fait sa place dans les années 70. Il est juste dommage que le groupe ne prenne pas plus de risque, en faisant peut-être moins de morceau, mais allant plus volontiers dans un Doom lourd et virulent. Bref, c’est bien, mais on sent que ça aurait pu être mieux.
- Live Again
- In the Panic Room
- I Spoke to Death
- Dull Pain
- Lady Heroin
- I’ll Certainly See You in Hell
- Thundercrest
- Solve the Puzzle
- Spread Your Wings
- Lightning in a Bottle
- Walk the Sociopath
- Start the End (Bonus)
- Might Just Wanna Be Your Fool (Bonus)
- Lady Heroin (Pre-Edit Rough Mix) (Bonus)
Note : 15/20
Par AqME