mars 28, 2024

Piledriver – Brothers in Boogie

Avis :

Il arrive que certains groupes se fassent connaître grâce à des années sur les routes à jouer la musique des autres. Certaines formations se sont donc spécialisées dans les reprises, jouant du Pink Floyd, du Rolling Stones, de l’AC/DC et parfois même du Nashville Pussy. Bref, faire des « tribute » semble être une bonne solution de repli lorsque l’on n’a pas les idées ou le temps de faire ses propres sons. Ce qui n’est absolument pas le cas de Piledriver. Mais ne nous y trompons pas, car en plus d’être une prise de catch, il s’agit aussi d’un groupe de thrash métal canadien et le nom de l’un des premiers albums de Status Quo, ainsi donc, qu’un groupe de reprises teuton. C’est eux qui nous intéressent d’ailleurs, puisqu’ils n’ont pas choisi ce nom au hasard. En effet, Piledriver version allemande est un groupe qui a repris tous les titres de Status Quo pendant plus de 20 ans, sillonnant l’Europe à la recherche d’oreilles attentives. Sauf qu’au bout d’un moment, jouer la musique des autres, ça devient lassant et Brothers in Boogie est leur troisième album studio personnel. On pourrait croire que ce genre d’initiative est voué à l’échec, avec une musique qui sera trop proche de Status Quo, groupe légendaire, mais il n’en est rien et la surprise sera au rendez-vous, les musiciens offrant un skeud sympathique, à la fois proche du hard rock et du blues.

Et pourtant, l’album commençait plutôt mal, voire même très mal. Le premier morceau, One Way to Rock, est complètement transparent et demeure quasiment tout le temps en mid-tempo. C’est très classique et surtout, rien ne ressort de cette première écoute. On s’ennuie ferme, ce n’est ni fédérateur ni entrainant et finalement, on se demande ce que va donner l’album si tous les morceaux sont de cet acabit. Alors oui, on pourra souligner des riffs un peu lourds et une mélodie plutôt sympathique, mais ça reste tellement lambda que cela n’emporte pas l’adhésion. Et le deuxième titre sera dans la même veine, si ce n’est pas pire. La rythmique est la même, on a la sensation d’écouter le même morceau que précédemment et c’est surtout le fait que le titre n’arrive pas à complètement nous emporter qui demeure un poil tristounet. D’ailleurs, la voix du chanteur et son accent vont clairement poser un problème sur ce titre en particulier, surtout dans les moments plus doux, et le refrain ne sera pas mieux, n’arrivant pas à créer une certaine empathie. Fort heureusement pour nous, le sauvetage arrivera dès le troisième titre, Rock in a Crossfire Hurricane, un titre beaucoup plus pêchu et qui donnera envie de bouger un peu plus la tête, notamment grâce à ses excès un peu bluesy au niveau de la guitare soliste. La diction est aussi mieux maîtrisée, faisant parfois penser à Royal Republic, ce qui ne peut qu’être un bonus.

Et la suite sera vraiment très intéressante, car les titres vont allier de façon très intelligente les riffs assez lourds propres au hard et un côté blues totalement assumé, donnant une aura particulière au groupe. Le titre Good Times en est un exemple parfait, alternant avec une facilité déconcertante les passages assez rock dans le couplet et une rythmique en arrière-plan plutôt blues. Le titre est aussi plus fédérateur dans son refrain, donnant envie de pousser un peu plus loin la découverte. Et ce sera du presque tout bon. Parmi les titres les plus appréciables, on peut noter le mirobolant Fat Rat Boogie et sa lente montée en puissance et son refrain qui rentre immédiatement en tête ainsi que son solo parfaitement maîtrisé. On peut parler de Don’t Think it Matters, un alliage brut et parfait de blues et de hard, on encore de Drifting Away et sa rythmique diabolique qui donne immédiatement envie de bouger dans tous les sens. C’est très efficace et surtout, pour un groupe peu connu, qui n’a fait quasiment que des reprises, c’est parfaitement maîtrisé. Tout comme la production de cet album d’ailleurs, dont le son est impeccable et l’enregistrement de très bonne facture. Enfin, difficile de passer outre Last Words, le dernier titre de l’album, très long, sorte de ballade qui se termine sur un solo en apothéose, un peu à la Lynyrd Skynyrd et qui offre du bonheur en barre. Que demander de plus.

Au final, Brothers in Boogie, le dernier album personnel de Piledriver, est un très bon album de hard rock/blues. Si le début de la galette n’est vraiment pas terrible, il faut se faire violence pour découvrir un album fort sympathique par un groupe qui prouve qu’il est capable de faire autre chose qu’un tribute pour Status Quo et offre quelque chose d’assez classique, mais de bien fait, de bien produit et finalement de clairement honnête. Bref, un groupe qui mérite d’être un peu plus dans la lumière.

  1. One Way to Rock
  2. Together
  3. Rock in a Crossfire Hurricane
  4. Good Times
  5. Natural Born Rockers
  6. Fat Rat Boogie
  7. Mountain
  8. Frantic Groove
  9. Don’t Think it Matters
  10. Drifting Away
  11. Queen Obscene
  12. Lollipop Lolita
  13. Last Words

Note : 14/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=nTCwvedFcAM[/youtube]

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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