
D’Après une Idée de : Eric Kripke
Avec Karl Urban, Jack Quaid, Antony Starr, Erin Moriarty
Pays: Etats-Unis
Nombre d’Episodes: 8
Genre: Super-Héros
Résumé :
Le monde est au bord du gouffre. Victoria Neuman est plus proche que jamais du Bureau ovale et sous la coupe musclée du Protecteur, qui consolide son pouvoir. Butcher, qui n’a plus que quelques mois à vivre, a perdu le fils de Becca et son poste de chef des Boys. Le reste de l’équipe en a assez de ses mensonges. Les enjeux étant plus élevés que jamais, ils doivent trouver un moyen de travailler ensemble et sauver le monde avant qu’il ne soit trop tard.
Avis :
Alors que la première saison faisait ses premiers pas en 2019, il n’aura pas fallu longtemps à The Boys pour s’imposer comme une série incontournable. Il faut dire que l’adaptation de ce comic culte et ultra-violent ne laisse pas indifférent, jouant avec les codes super-héroïques pour mettre en place un monde où les gentils ne le sont pas tant que ça, et le plus puissant des super-héros possède tous les atours pour devenir un dictateur psychopathe. Au gré des saisons, The Boys a su ne jamais en faire de trop, partant pourtant très loin dans des sujets d’actualité, jouant constamment avec les réseaux sociaux, les médias, l’idiocratie qui semble s’installer partout et des enjeux politiques qui n’ont plus rien de transparent. Cependant, avec ce genre de show à succès, on a toujours peur de la saison de trop. Est-ce le cas avec cette quatrième saison ?

D’un avis général, il s’agit-là de la moins bonne saison de la série. Cependant, il faut mettre cela en recul par rapport à ce que veut raconter la saison, ainsi que sur sa préparation de la cinquième et dernière saison qui arrivera en 2026. En effet, ici, les Boys doivent faire face à deux problèmes majeurs. Tout d’abord Butcher, qui perd complètement la boule, qui est bien malade, et qui ne peut plus tenir son rang de chef. Il sera donc viré et remplacé par La Crème. Ce changement majeur va mettre en exergue les liens familiaux de ce dernier, qui veut retourner avec sa femme et sa fille. Mais le pire dans tout ça réside dans les manipulations politiques, avec Victoria Neuman qui risque fort de devenir la nouvelle présidente et le jouet du Protecteur, qui y voit-là la possibilité d’avoir les pleins pouvoirs.
Ainsi donc, même si on garde le côté sulfureux qui fait le charme de la série, on est surtout sur des enjeux politiques et la manipulation. Difficile de ne pas y voir en premier la manipulation d’images et l’influence que l’on peut avoir sur les réseaux sociaux. L’arrivée de Firecracker va chambouler les stratégies des « héros », puisqu’il s’agit d’une complotiste qui a une forte audition sur les réseaux, et qui va s’acoquiner avec le Protecteur, afin d’avoir encore plus d’influence. Elle va briser, mentalement, Starlight, jouant alors sur des thèmes chers aux américains, comme l’avortement ou encore sur ces activistes soi-disant pacifistes, mais qui s’avèrent être des terroristes. On ne peut qu’y voir un parallèle avec notre société, où les zinzins ont de plus en plus d’influence, avec des suiveurs qui semblent dénués d’intelligence. Tout se joue à travers les écrans et les petits bureaux.
Outre cette charge assez intelligente sur les réseaux sociaux et les influences néfastes, on retrouve aussi de nombreux enjeux politiques et des magouilles entre privilégiés. Bien évidemment, les scénaristes s’amusent avec les stratégies de Trump sans jamais le citer. Ici, les festivités cachent en fait des réunions entre riches pour manipuler l’opinion public et placer des gens afin d’arriver à leurs fins. Si on peut tomber rapidement dans la conspiration de comptoir, il y a tout de même quelques éléments intéressants et une guerre des égos qui va faire rage. Il ne faut pas oublier aussi certains tacles autour de la religion, et un racisme primaire qui s’exprime sur la volonté de mettre en avant des personnes de couleur pour plus de diversité, mais que cela est fait pour satisfaire la plèbe, et certainement pas par désintéressement.
Moins spectaculaire que les saisons précédentes, cette quatrième saison réserve pourtant son lot de moments cultes et trashs. Le quatrième épisode, par exemple, démontre toute la folie du Protecteur, qui va zigouiller les scientifiques qui ont mené des expériences sur lui étant jeune. C’est très gore, et Antony Starr est impressionnant dans ce rôle, où il libère tout son talent pour montrer la folie qui habite son personnage. On retrouvera aussi des moments sulfureux et dégueulasses, à l’image d’un super-héros qui tisse une toile d’araignée par l’arrière, ou encore un passage sado-maso complètement dégueulasse. The Boys garde son identité et tout ce qui fait son charme. Ce n’est pas parce que cette saison est plus bavarde que les autres qu’elle est moins bien. Elle ne fait que monter en tension pour nous diriger vers une cinquième saison qui s’annonce tout simplement épique.
De plus, tous les personnages ont des évolutions logiques et bien écrites. Outre le Protecteur qui perd pied petit à petit, on aura droit aux prises de conscience de l’Homme-Poisson qui devient de plus en plus débile, ou encore à la rédemption de A-Train qui va se rendre compte de ses erreurs. Du côté des gentils, c’est Frenchy qui va avoir une belle évolution, n’arrivant plus à oublier son passé et devenant presque dépressif à cause de sa vie d’avant. Il en va de même avec Kimiko, dont certains flashbacks permettront d’en savoir plus sur elle, et sur comment elle est devenue muette. L’une des séquences finales est d’ailleurs forte sur ce mutisme. Enfin, difficile d’oublier Billy Butcher, malade, complètement fou, et qui va renaître de ses cendres dans le dernier épisode, laissant présager un final brutal et sans concession.
Et puis il ne faut pas oublier les petits nouveaux, ces super-héros qui débarquent et qui ont une influence majeure sur cette saison. Firecracker fait la part belle aux influenceurs débiles et extrémistes. Elle peut paraître bête et binaire, mais elle sait ce qu’il faut faire pour s’attirer les bonnes grâces du Protecteur. On peut aussi citer Sage, une femme hyper intelligente qui va mettre en place un plan pour placer le Protecteur au poste qu’il brigue. Elle semble complètement désintéressée par ce que tout cela engrange. Ces deux nouveaux super-héros apportent un certain vent frais, mais aussi et surtout des sujets malins et importants dans l’avancement de la série.

Au final, cette quatrième saison de The Boys se révèle être de très bonne facture. Si elle est moins spectaculaire que les précédentes, elle n’en demeure pas moins intéressante et sulfureuse dans les sujets qu’elle traite. Plus politique et politisée (difficile de ne pas y voir un pamphlet anti-Trump), s’inspirant de ce qui se passe dans notre société pour mieux nous jeter notre médiocrité à la face, on ne peut pas dire que cette saison soit moins riche que les autres. Elle est moins percutante d’un point de vue visuel (et encore), mais elle s’avère efficace et agit comme une belle montée en tension pour, on l’espère, une dernière saison orgiaque.
Note : 17/20
Par AqME